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Industrie du verre

Duralex : les repreneurs ont jusqu’au 28 juin pour présenter une offre

7 juin 2024 | Mise à jour le 7 juin 2024
Par | Photo(s) : Régis Frutier
Duralex : les repreneurs ont jusqu’au 28 juin pour présenter une offre

Rassemblement des salariés de Duralex devant le tribunal du commerce d'Orléans le 5 juin 2024.

Le tribunal de commerce d'Orléans a mis en sursis le sort des 227 salariés de la verrerie Duralex de La Chapelle-Saint-Mesmin (45). Lors de son audience du 5 juin, il a examiné quatre scénarios potentiels et annoncé qu'il accordait jusqu'à fin juin la possibilité de nouvelles offres de reprise.

« La verrerie vivra, la verrerie vivra ! » Le slogan scandé lors du rassemblement initié devant le tribunal de commerce d'Orléans par l'union départementale CGT du Loiret et la fédération CGT Verre et Céramique, ce 5 juin, entendait bien marquer le coup face aux enjeux de cette journée. En effet, après sa mise en redressement judiciaire le 25 avril dernier, le sort de la verrerie Duralex est en suspens. Maître Franck Michel, mandataire judiciaire, explique dans la salle des pas perdus ce que l'audience doit décider à huis-clos : « Le tribunal doit seulement s'assurer que la procédure se passe bien et l’on ressortira avec une date butoir pour le dépôt des offres de reprise. Pour l'heure, il y en a quatre, dont une proposition de Scop. Idéalement, il faudrait une offre d'un industriel en insuffisance de production. Mais pour l'heure, les propositions viennent plus de financiers… » On n'en saura pas beaucoup plus quant aux repreneurs potentiels. De même, les représentants des salariés affirment aussi ne pas disposer des éléments sur les candidats à la reprise. Par contre, la proposition de reprise en Scop, semble-t-il travaillée uniquement entre la direction et les syndicats CFDT et FO, a surpris les syndicalistes CGT qui ne s'y sont pas associés.

Une initiative patronale étrange…

« C'est vraiment étrange cette proposition. C'est le patron qui est à l'initiative et propose à chaque salarié de participer à hauteur de 500 euros. En tout, ils envisagent de récolter 60 000 euros, ce qui est très nettement insuffisant pour investir et relancer. Et quand on compare avec les quatre ans de lutte qu'il a fallu aux salariés pour monter Fralib, cela n'a vraiment rien à voir ! », s'insurge Daniel Calzada, ancien secrétaire général du syndicat CGT Duralex. « Nous n'avons pas les informations sur les repreneurs potentiels, mais ce qu'on veut, c'est un industriel solide et fiable, pas un feu de paille. Nous avons connu quatre reprises depuis le départ de Saint-Gobain, c'est très difficile à vivre psychologiquement », dénonce à son tour François Dufranne, élu CGT au CSE Duralex. « Il y a des difficultés économiques liées au prix de l'énergie, mais surtout il faut voir la mauvaise gestion et les malversations qui ont eu cours depuis la séparation de l'entreprise avec Saint-Gobain en 1997 », rapporte Stéphane Sarantis, secrétaire de la fédération CGT Verre et Céramique.

Un pan du patrimoine industriel français

Créé en 1945, Duralex pionnière du verre trempé, fait véritablement partie du patrimoine industriel français. Ses verres incassables sont les stars incontestées des cantines, notamment scolaires. Ils font même l'objet d'une légende qui est née parmi les écoliers : le numéro au fond du verre correspond à l'âge de celui qui boit dedans. Déconstruisons ce mythe avec la méchante jouissance du spoiler : c'est seulement le numéro (de 1 à 50) correspondant à la machine qui l'a produit, une manière simple de remonter à l'origine d'une production éventuellement défectueuse.

Sur les 1 400 salariés employés dans les années 70, il n'en reste plus que 230 aujourd'hui, avec dans les vingt dernières années deux redressements judiciaires et même une faillite en 2008. Des luttes épiques ont parsemé cette période, et les anciens se souviennent encore avec fierté de la tentative déjouée d'une délocalisation en Turquie, ou encore des 25 000 personnes qui sont venues visiter l'usine en 2006 à l'occasion des opérations portes ouvertes organisées par la CGT.

« Nous aimerions obtenir un soutien de l'État. Il y a environ 230 salariés chez nous et 500 emplois indirects qu'il faut préserver. » Jérémy Ortiz, délégué CGT de Duralex

Lors des récents États généraux de l'industrie qui se tenaient le 28 mai à Montreuil, Jérémy Ortiz, jeune ouvrier délégué CGT de Duralex, témoignait : « Nos productions sont connues dans toutes les cantines. Nos verres mythiques sont les Gigogne et les Picardie. Et pourtant nous sommes en difficulté depuis plus de 23 ans. C'est-à-dire depuis que Saint-Gobain nous a quittés. Le problème actuel est celui du prix de l'énergie. Ce coût n'est plus tenable. Nous aimerions obtenir un soutien de l'État sur ce point. Il y a environ 230 salariés chez nous et 500 emplois indirects qu'il faut préserver. Avec le prix de l'énergie, qui représente environ la moitié du prix du produit, les imitations et la concurrence, nous avons du mal à nous en sortir. Mais il faut tenir le coup, car pour des raisons écologiques, on sait que la demande de verre va augmenter et cette industrie a de l'avenir. »

Une grande marche de soutien le 15 juin

Pour Pascal Sudre, secrétaire général de l'UD CGT du Loiret, cet avenir est possible, mais avec un projet industriel qui garantit la pérennité de l'outil et des 227 emplois… et sans reproduire les erreurs récentes : « Lorsque le fonds d'investissement Kartesia a repris Duralex, il n'a ni investi, ni mené de politique commerciale, or c'est d'un industriel dont nous avons besoin. »

A l'issue de son audience du 5 juin, le tribunal de Commerce a décidé de laisser jusqu'au 28 juin prochain pour que des repreneurs potentiels puissent présenter leur offre. Le tribunal devrait ensuite statuer définitivement le 17 juillet. En attendant, la CGT appelle la population à se mobiliser avec notamment une grande marche de soutien qui partirait de la Chapelle-Saint-Mesmin, le samedi 15 juin 2024 à 14h00.