Un scrutin essentiel pour les droits des salariés
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Lorsqu'en 2017, le comité régional de la CGT Auvergne-Rhône-Alpes (CR-ARA) lui propose d'assurer la structuration et le pilotage de la commission paritaire régionale interprofessionnelle (CPRI), Lynda Bensella accepte sans hésiter. Le défi à relever n'est pourtant pas des moindres : il s'agit de mettre sur rails une toute nouvelle instance de dialogue social dédiée aux salariés des TPE.
Un salariat des plus insaisissables syndicalement, atomisé dans près de douze secteurs professionnels, peu visible et caractérisé par l'isolement, la promiscuité avec l'employeur-patron, la méconnaissance du doit du travail comme du droit syndical, ou bien encore un turnover vertigineux.
Ce qui la motive alors à s'aventurer en ces terres inconnues ? Avant tout, ce credo militant qu'elle tient chevillé au corps : « Être la CGT de toutes et de tous, en tous lieux », assure-t-elle.
Ce parti pris pour l'émancipation par le syndicalisme s'est forgé du temps où, jeune entrante sur le marché du travail, elle a écumé les boulots dits « petits » car sous-valorisés, mal rémunérés et invisibles. Ceux-là mêmes qui ont soudain été promus au rang de « premiers de ligne » (et non de cordée) à la triste faveur de la crise sanitaire en cours.
Tour à tour serveuse en restauration, barmaid, femme de ménage ou réceptionniste en hôtellerie, Lynda connaît bien cet univers de la TPE des centres-villes où les clients se renouvellent aussi rapidement que les salariés qui les servent. Où l'employeur peut vous licencier sur un simple mouvement d'humeur.
Autant de dysfonctionnements dont elle ne se satisfait pas et qui la décident à s'engager très tôt sur la voie du militantisme syndical, avec cette CGT assez méconnue des salariés des TPE, souvent fantasmée en positif comme en négatif. Et la sauce prend.
D'abord secrétaire générale d'un syndicat professionnel, puis de l'union départementale de l'Isère, avant de devenir membre de la commission exécutive confédérale (CEC), et enfin mandatée à la CPRI, Lynda a su conjuguer carrière professionnelle et vie militante. Avec, pour fil rouge, non pas tant de prendre du pouvoir, mais d'en donner à ceux qui en manquent.
D'où son enthousiasme pour ce mandat, pris à l'aveugle, « d'accompagnante des élus CGT des CPRI ». Une très bonne pioche, pour le comité régional CGT ARA qui se devait de chaperonner ses quatre élus novices à la CPRI naissante, afin qu'ils prennent goût à l'art de la négociation en confrontation directe avec le patronat.
Car même une militante chevronnée de la trempe de Lynda reconnaît la difficulté de l'exercice : « Ce qui a le plus frappé nos élus, c'est le mépris appuyé et la détestation manifeste du Medef envers la CGT, sa détermination à faire en sorte qu'il ne se passe jamais rien, son but constant de mettre en échec toute proposition. »
De ce « dialogue social » que le Medef s'acharnera à transformer en confrontation stérile, Lynda retient ce sentiment : la violence, brutale et terrifiante d'un patronat enferré dans un dogme aussi absurde que revanchard, qui n'hésite pas à se montrer contre-productif, pourvu qu'il ne cède rien au camp des salariés.
La confrontation avec la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui accepte plus volontiers de négocier des avancées sociales à condition qu'elles lui profitent, s'est avérée moins radicale. Avec cette branche du patronat très présente dans les TPE, les élus CGT ont pu faire aboutir des revendications notables. Comme la création d'un pass Culture & Loisirs financé à 100 % par les employeurs.
« Une victoire d'autant plus significative que la demande émanait des salariés, que seule la CGT l'a portée tandis que la CFDT, qui refusait d'y croire, se faisait rare aux négociations, jusqu'à ne plus siéger à la CPRI », se souvient Lynda. Autre avancée remarquable, l'approfondissement de la connaissance du salariat des TPE.
Grâce à la mise en place d'outils numériques (numéro vert, site Internet, réseaux sociaux) pour le renseigner sur ses droits pendant le confinement, les élus ont découvert les aspirations profondes d'un salariat conscient de sa fragilité autant que de sa surexposition au risque sanitaire : « Le plus gros des demandes concernait les droits à la formation en vue d'une reconversion ou d'une création d'entreprise », révèle la militante. De quoi la conforter dans son aspiration originelle : transformer la société en aidant les salariés à se réinventer.
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