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AÉRONAUTIQUE

En Occitanie, forte mobilisation pour défendre l’emploi dans l’aéronautique

10 juillet 2020 | Mise à jour le 10 juillet 2020
Par | Photo(s) : Alain Pitton / AFP
En Occitanie, forte mobilisation pour défendre l’emploi dans l’aéronautique

Le constructeur Airbus a annoncé qu'il supprimerait 15 000 emplois dans le monde, dont 5 000 en France, et pas moins que 3 300 à Toulouse, alors que le gouvernement lui a offert un prêt de 7 milliards d’euros.

Les salariés de la filière ont entonné un même chant ce 9 juillet à l'occasion d'une journée d'action régionale inédite, appelée par la CGT Occitanie et coordonnée dans les territoires. Ils gardent la tête et le verbe hauts pour la défense des emplois et la préservation des compétences. Reportage à Pamiers, en Ariège.

Alerte orange… Orange comme la tenue des salariés du site ariégeois Aubert et Duval qui patientent devant le portail de cette usine spécialisée dans la métallurgie de pointe et la fabrication de pièces pour les marchés de l'aéronautique et de l'énergie. Ils s'apprêtent à manifester, répondant au débrayage appelé par la CGT.

Les militants des unions départementale et locales, mais aussi ceux du secteur de la santé et de l'agroalimentaire notamment, complètent un cortège de quelque 400 personnes qui rallie la sous-préfecture après la traversée du centre-ville. Les regards sont graves, voilés du même noir que les graisses impriment sur les cottes de travail. L'inquiétude le dispute à la combativité, tandis que la baisse de l'activité impacte fortement les ateliers qui fournissent Airbus ou Boeing.

Ni oubliés, ni sacrifiés

« On ne peut pas se contenter de mesures de chômage partiel ou d'accords de gestion de crise dont la durée et les garanties restent limitées, confirme Sébastien Pollaert, le secrétaire du syndicat CGT chez Aubert et Duval. D'autant que les suppressions d'emplois sont déjà effectives en Ariège. » Le militant anime au sein de l'union départementale le secteur métallurgie.

Il connaît les dossiers par cœur. L'addition est lourde, d'ores et déjà. « Plus de la moitié des salariés du secteur sont actuellement au chômage partiel dans le département, précise le militant, sans compter la non-reconduction des contrats à durée déterminée ou intérimaires, ceux des prestataires » ; 150 personnes chez Aubert et Duval et 3 000 chez les sous-traitants, soit 10 % du salariat privé ariégeois.

S'il n'est pas question de nier l'impact de la crise sanitaire sur l'activité des constructeurs et des transporteurs aériens, le refus est unanime de laisser faire le hold-up industriel et social qui se joue sans que l'État et le gouvernement ne demandent ni contrepartie ni condition aux grands groupes de la filière pour le versement d'un plan de soutien à 15 milliards d'euros.

Riposte et proposition

« Les donneurs d'ordres tels que Airbus faisaient déjà ce qu'ils voulaient avec les sous-traitants », dénonce Sébastien Pollaert, qui profite de l'occasion pour rappeler l'épisode « MKAD ». Soit : une demande de l'avionneur européen pour la fabrication de pièces de grande dimension en titane, une usine inaugurée en 2016 à Varilhes (09) et un contrat dont les salariés apprennent le jour de l'ouverture du site qu'il est obsolète, car Airbus annonce qu'il fera réaliser ces pièces en composite.

L'irruption de la pandémie, depuis Pamiers, est vue comme un prétexte de plus pour que donneurs d'ordres et grands groupes imposent et accélèrent leur stratégie. Tandis qu'une délégation était reçue à la sous-préfecture, les salariés et les militants ariégeois s'accordent sur un point : le baroud ne fait que commencer.

Riposte graduéePamiers, Toulouse, Figeac… L'adresse de la CGT Occitanie aux salariés de la filière aéronautique a été entendue, à la satisfaction de Frédéric Birobent, en charge des questions industrielles au comité régional : « Même si le niveau de mobilisation est moindre qu'espéré, le bilan reste positif et on a réussi à faire passer notre message, à imprégner le débat. Ce rendez-vous n'est qu'une première étape. »

La logique soutenue par les donneurs d'ordres et les grands groupes de la filière ne peut plus désormais s'appuyer sur un principe de réalité économique que le patronat revendique pourtant. Les enjeux, ceux de la filière comme ceux des territoires, apparaissent plus clairement également.

« On va continuer à construire et à coordonner des actions sur la base des propositions défendues par la CGT », conclut le secrétaire régional. Si la journée nationale du 17 septembre fait figure de point d'orgue, la CGT mobilise ses forces en Occitanie. Un débat public sur l'avenir de la filière est d'ores et déjà programmé le 16 juillet, à 18 heures, à la bourse du travail de Toulouse.