À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
Incendies

« Feux extrêmes » : pas de salut sans des services publics forts

29 août 2023 | Mise à jour le 29 août 2023
Par | Photo(s) : Idhir Baha / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
« Feux extrêmes » : pas de salut sans des services publics forts

La forêt a encore flambé cet été, un peu partout dans le monde. Le réchauffement climatique risque d’aggraver encore le phénomène. La lutte contre les incendies et leur prévention nécessitent des moyens publics, pourtant mis à mal, notamment en France. La CGT a synthétisé les manques et identifié des pistes pour sortir de l’impasse.

Au Canada, on a dépassé cet été les 15 millions d’hectares – une surface supérieure à celle de la Grèce – détruits par le feu. A Hawaï, des centaines de personnes restent portées disparues. En Espagne, 10 000 hectares sont partis en fumée au nord-ouest de Valence et 11 000 à 200 km plus au sud. Au Portugal, 25 000 hectares d’espèces uniques ont été détruites dans la Serra da Estrella. En Grèce, 120 000 hectares ont été ravagées. En Italie, la Calabre, la Sardaigne et la Sicile ont particulièrement souffert. En France, début août, on comptait déjà 47 000 hectares brûlées, après le triste « record » de 2022, de 71 000 hectares.

 

Dix pays de l’UE ont diminué leur nombre de pompiers entre 2021 et 2022

Pourtant, le Portugal et la France, selon la synthèse de la Confédération européenne des syndicats (CES), font partie des dix pays de l’Union européenne ayant réduit le nombre de leurs pompiers entre 2021 et 2022 : 5 446 de moins en France (12% de l’effectif) et une baisse de 2 907 au Portugal (moins 21%). La Slovaquie (moins 30%), la Bulgarie (moins 22%) et la Belgique (moins 19%) subissent également des coupes drastiques. « Réduire le nombre de pompiers en pleine crise climatique, c’est courir à la catastrophe, dénonce Esther Lynch, secrétaire générale de la CES. L’augmentation du risque d’incendie causée par le changement climatique est apparue clairement cet été et nous devons nous assurer que nos services d’incendie disposent du personnel et des ressources dont ils ont besoin pour effectuer leur travail de sauvetage. »

 

Augmentation mondiale des incendies extrêmes de 14% d’ici 2030 et 30% d’ici 2050

Car « les experts prévoient une augmentation mondiale des incendies extrêmes pouvant atteindre 14% à l'horizon de 2030, 30% d'ici à 2050 et 50% d'ici à la fin du siècle », alerte le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), qui « invite les gouvernements à adopter une nouvelle « formule de préparation aux incendies », selon laquelle deux tiers des dépenses seraient consacrées à la planification, à la prévention, à la préparation et au rétablissement, et un tiers aux interventions », là où, aujourd’hui, « la planification et la prévention reçoivent moins de 1% ».

La CGT a publié en juillet une synthèse commune sur la lutte « contre les méga-feux de forêt », avec sa Fédération nationale de l’agroalimentaire et forestière (FNAF), ses syndicats du ministère de l’Agriculture, de l’Office national des forêts (ONF), Météo France, Thales, des services départementaux d’incendie et de secours et les unions départementales de Gironde et des Landes.

Les SDIS ont ainsi perdu mille camions citernes pour feu de forêt (CCF) depuis 2006, ce qui relativise beaucoup le fonds de 150 millions d’euros annoncé par Emmanuel Macron en octobre, censé contribuer à l’achat de 1 100 véhicules de lutte contre les feux de forêt. Sans compter que les syndicats, CGT en tête, ont dû se battre pour obtenir, fin juin, une indemnité permettant aux pompiers de participer à des missions en dehors de leur département sur leur temps de travail, sans piocher dans leurs congés.

 

Manque de moyens et défaut d’entretien des forêts

L’ONF, qui a parmi ses missions la prévention des incendies, perdra 500 postes supplémentaires à cause du contrat d’objectif 2021-2026. Un manque de moyens à l’origine « des manquements constatés à l'été 2022, à savoir un défaut d'entretien des forêts, la non-application des obligations de débroussaillement, peu ou pas de moyens dédiés à la prévention ».

« En quinze ans, Météo France, outil indispensable dans la prévention du risque d'incendies, a perdu un tiers de ses effectifs, soit 1 200 postes. La subvention de l'État à l'établissement a diminué de près de 20 % », poursuit la CGT, qui précise que les centres de proximité ont fermé. « Cette dégradation du service rendu, conclut-elle, aura des conséquences sur les services en charge de la lutte contre les incendies. »

 

Création d’un « pôle public de la forêt »

Pour « une véritable politique de protection contre les incendies », la CGT prône un « pôle public de la forêt » et « la reconquête de pans entiers de compétences et de qualifications avec un recrutement massif d'agent.es public.ques statutaires au ministère de l’Agriculture, à l'ONF, à Météo France et dans les services chargés de la lutte (SDIS et Sécurité civile) ». Recherche et innovation sont également nécessaires, par exemple pour « que les CCF soient à même d'utiliser de l'eau de mer » ou que des technologies militaires, notamment développées par Thales, soient appliquées à la lutte contre les feux de forêt : franchissement d’obstacles, vision, communication… La CGT évoque aussi, « à plus long terme », une « filière de production et de maintenance » des avions bombardiers d'eau.