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JUSTICE

Un service de police de Seine-Saint-Denis dans le collimateur de la justice

1 juillet 2020 | Mise à jour le 1 juillet 2020
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Opération « mains propres » en Seine-Saint-Denis : un service de police du département, visé par une quinzaine d'enquêtes et dont six membres sont en garde à vue dans une affaire de stupéfiants et de vol, sera en partie dissout par les autorités.

Violences, vols, falsifications de procès-verbaux et délits liés au trafic de stupéfiants : la compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) de Seine-Saint-Denis est au cœur de nombreuses investigations, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

Le scandale s'annonce retentissant pour l'institution policière dont l'image est par ailleurs écornée depuis des mois par des accusations de violences.

Lundi, six agents appartenant à cette CSI ont été placés en garde à vue lors d'un coup de filet mené par l'IGPN, la « police des polices », dans une enquête menée par un juge d'instruction de Bobigny, avec à la clef plusieurs perquisitions. Leur audition par les « bœufs carottes » s'est poursuivie mardi.

Ils sont notamment soupçonnés de détention et de transport de stupéfiants ainsi que de vol, a précisé une source proche du dossier.

Selon des sources policières, l'IGPN serait sur la piste de ces agents depuis plusieurs mois. Véhicules et vestiaires des mis en cause auraient été sonorisés pour tenter de mettre au jour les pratiques « plus que douteuses » de ces agents.

La CSI 93 avait déjà défrayé la chronique lors de l'interpellation violente le 9 août 2019 d'un homme de 20 ans, cité Cordon à Saint-Ouen.

Six policiers de cette CSI avaient alors été placés en garde à vue avant d'être remis en liberté en attendant des « actes d'investigation supplémentaires », avait à l'époque indiqué le parquet.

Initialement interpellé pour « trafic de drogues », le jeune homme avait été entendu par les enquêteurs de l'IGPN et avait déposé plainte pour violences contre des policiers de la compagnie.

Des images, provenant d'une vidéo amateur et de la vidéosurveillance, montraient un policier en civil asséner plusieurs coups au visage de l'interpellé.

Un des fonctionnaires de la compagnie doit par ailleurs être jugé le 5 novembre pour violence par personne dépositaire de l'autorité publique et faux en écriture publique, a indiqué mardi une source proche de l'enquête.

Dissolution partielle

Après ces révélations, la réaction des autorités hiérarchiques ne s'est pas fait attendre et, selon des sources concordantes, une partie de la CSI 93 sera dissoute. Les effectifs « en tenue » sont concernés.

Le préfet de police de Paris Didier Lallement a par ailleurs demandé à la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (Dspap) de proposer une réorganisation des CSI sur Paris et la petite couronne, a-t-on appris de source policière.

Les CSI sont des services de police agissant au niveau du département. Elles sont composées d'unités spécialisées travaillant en tenue ou en civil. Elles participent à la sécurisation des quartiers et peuvent également participer à des missions de maintien de l'ordre.

Dans le passé, des soupçons ont pesé sur d'autres policiers du département. Cinq policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains avaient ainsi été mis en examen en 2015, et l'un d'eux écroué, pour « association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants ». Les fonctionnaires étaient soupçonnés de racketter ou voler des trafiquants de drogue pour revendre leur marchandise.

Ailleurs en France, la justice avait, en juin 2019, renvoyé en procès, sept ans après les faits, 18 anciens membres d'une brigade anticriminalité des quartiers nord de Marseille pour des vols de drogue ou d'argent en marge d'interventions dans des cités.

En juillet 2019, sept policiers surnommés « les ripoux de Vénissieux » (Métropole de Lyon), et soupçonnés de corruption et de complaisance envers une fratrie sulfureuse avaient été condamnés à des peines avec sursis, bien en deçà des réquisitions du parquet, un seul d'entre ayant été jugé coupable de faits de corruption. L'affaire avait éclaté en 2012.