A la niche, la réforme des retraites
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François Bayrou est prêt à rouvrir des discussions sur la réforme des retraites de 2023, y compris sur les bornes d'âge posées par cette dernière, et à le faire dans un délai plus court que les six ou neuf mois évoqués dans un premier temps : voilà, en substance, les engagements glanés par la délégation de la CGT composée de Sophie Binet, sa secrétaire générale, Nathalie Bazire et Denis Gravouil, membres de son bureau confédéral, et consultée le 8 janvier au soir à Matignon.
Une petite avancée, en comparaison des engagements de Michel Barnier, le prédécesseur de François Bayrou, qui refusait formellement de rouvrir les négociations sur l'âge du départ à la retraite. Mais qui reste bien loin des attentes de la CGT. « Nous avons réaffirmé notre exigence d'abrogation de la réforme des retraites, et demandé au Premier ministre d’ouvrir une conférence pour examiner les manières de financer cette abrogation, en réunissant tous les acteurs de l’équation : les acteurs sociaux, le gouvernement, et les parlementaires. Et, en attendant, de bloquer immédiatement l’application de la réforme », expose la secrétaire générale de la CGT.
Avant elle, François Bayrou avait reçu mardi 7 janvier Laurent Martin, patron du Medef. Dans le cadre d’une éventuelle nouvelle discussion sur la réforme des retraites, celui-ci propose de remettre en question le financement de l'ensemble de la protection sociale, penchant pour un système par capitalisation ou par la fiscalité, plutôt que par les cotisations patronales. Le chef d'entreprise s'est également opposé à tout alourdissement du coût du travail dans le futur budget de l'Etat, et rappelé son refus d’une quelconque surtaxe de l'impôt sur les sociétés. Reçue le même jour, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, a réaffirmé qu'elle trouvait « injuste » la mesure de report à 64 ans du départ à la retraite. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) s'est positionnée, par la voix de son président François Asselin, pour concentrer les discussions sur les retraites sur les métiers créant de l'usure professionnelle.
Le Premier ministre n'a répondu à aucune des autres problématiques portées par la CGT, qui n’était pourtant pas venue les mains vides. Premier volet abordé par la délégation : la liste des 300 plans de licenciements en cours dans le pays. Elle a proposé à François Bayrou de présider une table ronde pour prendre des mesures d’urgence, au premier chef desquelles un moratoire sur les licenciements. Sophie Binet a particulièrement attiré l'attention sur les Fonderies de Bretagne où 300 emplois sont menacés du fait du désengagement de Renault, dont l'État est actionnaire à 15%, et sur Vencorex, une usine spécialisée dans la production de chlore, de soude et d’hydrogène, dont elle demande la nationalisation temporaire, à la fois du fait de son positionnement stratégique et pour préserver les 3 000 emplois qui dépendent de cette entreprise.
Deuxième point, le budget qui devrait être rediscuté après le rejet du projet de loi de finances et du projet de loi de finances de la Sécurité sociale rejetés en décembre, et à l'origine du changement de gouvernement. Sophie Binet a réaffirmé son opposition à la remise en cause de l'augmentation des pensions des retraités, et reposé ses lignes rouges : pas question de maintenir les jours de carence des fonctionnaires, de baisser le niveau d'indemnisation des arrêts maladie, de supprimer 4 000 postes dans l'Éducation nationale ou cinq milliards d’euros dans le budget des collectivités locales. La délégation CGT a aussi demandé une augmentation de 6 % de l'objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM), afin de financer les hôpitaux et les Ehpad. Elle a également plaidé pour une augmentation des salaires et du point d'indice des fonctionnaires, pour l'augmentation du niveau du Smic, et des mesures ciblées pour aider les emplois les temps partiels, occupés à 80% par des femmes, ainsi que l'indexation des salaires sur l'inflation. Le tout, financé par la mise à contribution des plus riches et des grandes entreprises.
La délégation a enfin consacré un point à la situation de Mayotte, appelant à une conférence des acteurs sociaux pour répondre à la situation d'urgence, au lendemain du cyclone Chido. « Il faut faire de Mayotte un département à part entière », a affirmé Sophie Binet, réclamant la fin d'une situation d'exception où le Smic mahorais, les minimas sociaux sont inférieurs à ceux du reste du territoire national, et où le droit de circulation est limité par un « visa territorialisé ».
Que retiendra François Bayrou de la liste présentée par la CGT ? « Pour l’instant, c'est très flou. La réouverture de la discussion sur les retraites serait un point positif dans la mesure où il s'agirait vraiment d’une nouvelle négociation, et non d'un échange qui serait l’occasion de donner le pouvoir au patronat. Nous ne nous contenterons pas d'aménagements cosmétiques », prévient Denis Gravouil. La CGT dispose-t-elle du rapport de force pour faire exister ses revendications ? « Pour l'instant, il est difficile de convaincre sans disposer des éléments concrets. Mais le succès de la manifestation des fonctionnaires, le 5 décembre dernier, est un signe du rejet, par exemple, de la suppression des jours de carence », poursuit le responsable syndical. Le rapport de force et la politique du gouvernement Bayrou dépendra aussi de l'attitude des autres centrales syndicales, dont les capacités de contestation pourraient être entamées par la crainte de l'instabilité politique. Difficile, donc, de se projeter avant de connaître les intentions précises du prochain gouvernement, qui seront révélées par le discours de politique générale de François Bayrou, le 14 janvier prochain.
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