Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
Après un premier appel à l’action le 22 juin 2021, la CGT Cheminots redémarre le train des grèves ce 1e juillet 2021 contre la privatisation et la casse de leurs conditions... Lire la suite
La guerre des chiffres a déjà commencé. Alors que la CGT n'a pas encore communiqué sur l'état de participation des grévistes faute d'un recensement sérieux qui prend nécessairement du temps, la direction de la SNCF s'est déjà empressée de donner le chiffre de 33,9 % de cheminots grévistes.
L'intention est limpide : pouvoir décréter qu'ils étaient nécessairement en dessous des 35,4 % que la SNCF avait annoncés le 22 mars. Malgré tout, et pour conjurer le fait que les usagers se sont bien rendu compte du mouvement crescendo qui s'amorçait, il a bien fallu qu'ils expliquent que le taux de grévistes des « agents indispensables à la circulation des trains », atteignait 48 % ce mardi matin, contre 36 % le 22 mars. Que se passe-t-il donc dans l'opinion publique pour que la crainte de communiquer au plus juste soit devenue obsessionnelle ? La vieille ficelle des « clients » de la SNCF pris en otage commencerait-elle à céder ?
Il faut dire que cette grève des cheminots est unitaire, et que de même que samedi dernier, les salariés du groupe Carrefour ont mené dans l'unité syndicale une grève historique, on va avoir de plus en plus de mal à monter les salariés du public et du privé les uns contre les autres, alors que les profits des entreprises du CAC 40 battent, eux aussi, des records. Alors que tout le monde, et pas seulement les cheminots, craint de voir sa retraite massacrée par une nième réforme. Après la mobilisation des retraités qui s'aperçoivent que Macron les a assommés par l'augmentation de la CSG, voilà que la colère perce aussi chez les étudiants qui s’élèvent contre la sélection dans les facs. Voilà en plus que chez Air France, on fait grève pour les salaires, que les chômeurs sont outrés des mesures de contrôle renforcé qu'ils vont subir, que les salariés de l'énergie ont déjà annoncé qu'ils se mobiliseraient aussi pour le service public aux mêmes dates que les cheminots.
Après les Ehpad, les hôpitaux et le système de santé entier au bord de l'asphyxie, les entreprises de la métallurgie et de l'agroalimentaire où les conflits pour l'emploi et les salaires sont de plus en plus nombreux, on voit poindre en de nombreux endroits les spectres de 1968 ou de 1995.
1995, un combat dont précisément les cheminots avaient été le fer de lance. En attendant les spéculations chiffrées sur cette journée du 3 avril, soyons certains d'une chose : la révolte gronde et l'opinion publique se reconnait de plus en plus dans la résistance à des réformes aussi délétères que celles qui visent à détruire le service public au nom d'une valeur aussi peu défendable que « la concurrence libre et non faussée » d'une Europe de moins en moins sociale et de plus en plus libérale.
Le prochain numéro de la NVO reviendra sur le mouvement social en cours pour en proposer un décryptage, il détaillera aussi sur les revendications des cheminots, qui dépassent de loin la seule question du statut. Pour l'heure, la prochaine étape marquante de ce mouvement massif et ascendant est déjà connue : il s'agit de la journée interprofessionnelle d'actions du 19 avril, un moment qui sera sans doute une occasion unique pour l'expression des particularités et des évidentes convergences entre le public, le privé et l'ensemble de la population qui veut se créer un autre avenir.
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