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mobilisation

Grève historique à l’Assemblée nationale

8 novembre 2023 | Mise à jour le 15 novembre 2023
Par | Photo(s) : DR
Grève historique à l’Assemblée nationale

Plus d'une centaine de collaborateurs et collaboratrices parlementaires se sont rassemblés dans le jardin du Palais-Bourbon, mardi 7 novembre. Une mise en grève inédite à l'initiative de la CGT-CP, la CGT des collaborateurs et collaboratrices parlementaires. Le syndicat y dénonce un mépris du droit du travail de la part des employeurs faisant leur « propre loi dans leur cabinet ».

« Là où le droit est censé être appliqué, il ne l'est pas ! » C'est la phrase qui revient le plus souvent de la part des centaines de collaborateurs.rices parlementaires mobilisés ce mardi 7 novembre, à l'Assemblée nationale. Une grève inédite à l'initiative de la CGT-CP, pour mettre en exergue des conditions de travail dégradées et le non-respect des règles élémentaires du droit du travail. Heures supplémentaires non payées, droit au repos non respecté, médecine du travail absente… Le droit du travail semble être méconnu aux yeux des 577 députés, ici dans leur rôle d'employeurs. Sans parler des nombreux cas de harcèlement et diverses pressions mises sur le dos des collaborateurs.rices parlementaires. « Le problème c'est que la liberté de l'employeur prime sur le droit du travail. Les rapports de dominations sont donc exacerbés dans notre profession. On ne compte plus les burnt-out ou le harcèlement subi par nos collègues. On demande à l'Assemblée Nationale de mettre en place une régulation pour que les bases élémentaires du droit du travail soient enfin appliquées », dénonce Manon Amir Shahi, secrétaire générale de la CGT-CP et attachée parlementaire. Elle exige également que tous les députés en début de mandat, soit formés de manière obligatoire au droit du travail. Dans son communiqué de presse, la CGT-CP réclame également « un statut pour les collaborateurs.rices parlementaires, pour l'établissement d'une grille salariale, d'une reconnaissance de nos qualifications et de fiches de postes obligatoires. » Manon Amirshahi abonde en précisant que cela pourrait éviter certaines dérives professionnelles, évoquant l'affaire Coralie Dubost (ancienne députée LREM) révélée par le site Mediapart où son équipe parlementaire était réduite à « effectuer des tâches domestiques » ou encore « chercher des colis au point relais ».

Mépris et gestion salariale sans contrôle

La quantification du temps de travail et la rémunération des collaborateurs.rices parlementaires est actuellement géré par le forfait jour. Un mode de gestion avantageux pour l'employeur qui permet à ce dernier de ne pas contrôler les heures de travail effectuées par le salarié. Ce qui implique que peu importe le nombre d'heures de travail réalisées, la rémunération reste la même à chaque mois. « On est tous à faire des heures supplémentaires et le forfait jour nie les heures en plus. S'ajoute à cela certains députés qui imposent des horaires, exigeant de venir à 9h00 alors que l'on a terminé notre journée à 3h00 du matin. » explique Alexandre, syndiqué CGT-CP. « On conteste donc le forfait jour pour une mise en place des 35 heures » poursuit-il. La mobilisation a duré environ une heure. Certains députés manifestant clairement un soutien, d'autres ignorant le mouvement. La présidente de l'Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet a même adressé même un message aux grévistes, évoquant « une sortie d'école », confie Alexandre. Le mépris est palpable.

Pour l'heure, donner une suite à la mobilisation et changer la situation semble être un chemin difficile car « l'inspection du travail est interdite dans l'hémicycle », précise Manon Amirshahi. Mais la secrétaire générale de la CGT-CP n'en démord pas, indiquant vouloir convoquer tous les députés et la présidente de l'Assemblée Nationale, pour leur transmettre une fiche technique où « toutes nos revendications seront détaillées ». Le syndicat souhaite également se doter d'un CSE pour « institutionnaliser » leur démarche et pour plus de « légitimité ».