
Entretien de la Vie Ouvrière : Ken Loach et Paul Laverty
Le 3 octobre dernier, nous avions la joie de rencontrer le réalisateur britannique, Ken Loach, et Paul Laverty, son coscénariste et complice de trente ans, pour parler de leur... Lire la suite
1952. Dans un collège d'Hiroshima, toute une classe est suspendue à la voix d'un journaliste racontant à la radio le vol de l'Enola Gay jusqu'à sa mission finale : la largage d'une bombe atomique sur cette ville de quelque 400 000 habitants.
Une première dans l'histoire de l'humanité dont, 7 ans après, beaucoup continuent de porter les stigmates. Y compris parmi ces collégiens dont le professeur ne croit pas trop à la « maladie atomique ». Confronté à la lente agonie de l'une de ses élèves, il découvrira petit à petit l'ignorance dans laquelle est intentionnellement tenue la population sur les effets des radiations. Mais aussi « l'horreur et l'inhumanité de cette bombe ».
Car les morts, les maladies – pertes de mémoire, de cheveux, fatigue chronique, leucocytose, brûlures et autres –, n'en sont pas les seules conséquences.
Pour les survivants, touchés par la lèpre atomique, c'est souvent l'ostracisme et une condamnation à vivre « dans l'ombre de la société ». En attendant la fin.
Et puis il y a ces gamins, regroupés en bande et prêts à tout pour survivre, mendiant auprès des « Hellos », les forces d'occupation américaines au bras desquelles s'accrochent de jeunes Japonaises. La vie qui doit reprendre malgré tout.
Portée par le combat des médecins, des enseignants pour soulager les souffrances, les traumatismes et offrir, ouvrir un peu d'espoir alors que, pour certains, les autorités au sens large, les réflexes militaro-nationalistes n'ont pas toujours disparu.
Tiré d'un livre intitulé Les enfants d'Hiroshima paru en 1952, ce long-métrage en noir en blanc sorti en 1953 est l'un des premiers films japonais à évoquer ce douloureux sujet. Il mélange habilement scènes de fiction, pour lesquelles le réalisateur disposera de nombreux figurants, notamment enfants, grâce au soutien de la mairie de la ville martyre mais aussi de celui du syndicat des enseignants, qui financera en partie le film, avec des images d'archives tournées juste après la bombe ou de la vie quotidienne du début des années 1950. Hideo Sekigawa transforme cet Hiroshima des rescapés en une allégorie anti-militariste, anti-nationaliste et anti-nucléaire quasi hallucinante, largement inspirée, héritée des cinémas expressionniste ou néoréaliste.
Les responsables de l'époque de la production et de la diffusion japonaises ne partageront manifestement pas cette vision. Ils jugeront Hiroshima « anti-américain » et par trop « cruel », Hideo Sekigawa quant à lui, de par son engagement social très prononcé, taxé de « gauchiste ».
Censuré, le film sera distribué dans les réseaux alternatifs des enseignants avant de finalement disparaître des écrans, si ce n'est quelques rares scènes incluses dans le Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, en 1959. Jusqu'à ce que l'un des descendants de l'assistant réalisateur du film décide de le ressortir de ses boites pour le numériser et le remasteriser en 2017. Pour ne pas oublier qu'« il ne faut pas oublier », comme le rappelait fort justement l'un des protagonistes du film.
L'occasion de saluer ce chef d'œuvre, car c'en est un, dont la force, l'appel à la vie n'ont rien perdu de leur puissance mais hélas aussi, de leur pertinence.
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