
Jeunesse (Les Tourments) : le travail en pleine lumière
Ce mercredi 2 avril sort au cinéma Jeunesse (Les Tourments), documentaire fleuve du réalisateur chinois Wang Bing, deuxième volet d’une trilogie en immersion dans des... Lire la suite
Bien que trop peu connu du grand public, Raoul Peck a signé une filmographie extrêmement importante, notamment pour alimenter la réflexion sur la société actuelle dont il avait résumé en 2001 le fonctionnement par le titre de son documentaire Le profit et rien d'autre.
Né à Haïti et, depuis 2010 président de la prestigieuse Fémis, le cinéaste a souvent évoqué en interview sa lecture marxiste du monde, nourrie notamment d'études universitaires marxistes approfondies en Allemagne. Même si le défi est de taille, tant les clichés abondent sur l'auteur du « Manifeste du Parti communiste » et du « Capital » et tant sa pensée à été dévoyée, Raoul Peck a choisi de le relever en réalisant un film qui n'est ni un biopic hollywoodien, ni un film historique, ni la vulgarisation d'une pensée qui a bouleversé le monde.
En nous présentant ce Jeune Karl Marx qui, à 25 ans, entreprend, en unissant des forces disparates et dispersées, de révolutionner la philosophie et l'économie de son temps, le réalisateur tend bel et bien le témoin aux jeunes générations, leur montrant ainsi le piège d'un individualisme dévastateur.
Car Karl Marx et Friedrich Engels ont compris que le capitalisme industriel né avec la machine à vapeur était une machine à broyer l'humain et à creuser les inégalités. Avec sa femme Jenny, née aristocrate, avec Mary Burns, la compagne d'Engels, ils vont travailler dur pour convaincre, à Paris, à Londres, à Bruxelles et ailleurs. Non seulement doivent-ils gagner la confiance des ouvriers, classe dont ils ne sont pas issus (à l'exception de l'irlandaise Mary Burns), mais aussi lutter en interne contre un « socialisme utopiste » qui n'a pas compris la violence des forces auxquelles ils vont devoir faire face.
Au prix de la misère, de maintes expulsions, Marx et ses proches ne sont pas de tranquilles penseurs assis, mais des personnes qui s'engagent, agissent, faisant pour cela d'énormes sacrifices personnels. Mais ce sont aussi des jeunes gens passionnés, qui aiment, qui s'amusent, mais qui, avant tout, on le courage de sacrifier un éventuel confort pour ce en quoi ils croient.
C'est finalement en s'appuyant sur la Ligue des Justes, organisation européenne du mouvement ouvrier, qui va devenir en 1847 la Ligue des Communistes et en lui faisant adopter le Manifeste du Parti communiste (texte volontairement simple) et sa devise « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » que Marx et Engels vont faire levier sur l'Histoire.
Cent soixante dix ans plus tard, alors que les droits et les libertés si chèrement acquis reculent largement sur le Vieux Continent, que les inégalités sont un gouffre de plus en plus profond, il n'est pas inutile de rappeler l'énorme travail de pensée, d'analyse, de recherche qui a fait de la pensée de Marx une pensée moderne et vivifiante. Et que nul objectif de changer le monde ne pourra se faire sans pensée et sans lutte.
Ce mercredi 2 avril sort au cinéma Jeunesse (Les Tourments), documentaire fleuve du réalisateur chinois Wang Bing, deuxième volet d’une trilogie en immersion dans des... Lire la suite
Dans L’Effet Bahamas, la documentariste Hélène Crouzillat, cherche à comprendre le fonctionnement de l’Assurance chômage. Différents témoignages et une mise en scène... Lire la suite