18 janvier 2023 | Mise à jour le 18 janvier 2023
A la veille de la première journée d'actions jeudi 19 janvier 2023 contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, la mobilisation s'annonce massive, à l'appel d'un front syndical historique. Bien malin en revanche, celui capable de prédire la suite.
Interviewé dimanche 15 janvier 2023 sur France 3, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez prédit « une très, très forte mobilisation », faisant référence au nombre de cars commandés pour aller à la manifestation, les préavis de grève déposés depuis longtemps dans le secteur public, les appels de salariés désireux de faire grève.
David Bodin, secrétaire CGT des Deux-Sèvres abonde dans le même sens. « Nous recevons facilement une dizaine d'appels par jour de salariés qui nous demandent comment faire grève. Lorsque l'on distribue des tracts sur des lieux de passage, les gens nous disent qu'ils en seront, y compris en dépit d'un contexte économique difficile. D'ailleurs, les salariés précaires, les plus bas salaires sont les premiers à vouloir se mobiliser jeudi ». Idem dans l'Aveyron, où le secrétaire CGT David Gistau dénombre « des arrêts de travail importants dans le public comme dans le privé, y compris dans des entreprises qui n'ont pas l'habitude de faire grève. Des cuisiniers, des pharmaciennes, des employés de banque nous appellent pour savoir comment faire grève. Dans l'Aveyron, sept bus vont converger à Rodez. Du jamais vu depuis 2010 (année de forte mobilisation contre la réforme des retraites sous Nicolas Sarkozy, ndlr) ». En Ile-de-France, la CGT a mis à disposition une centaine de cars ; la CGT agroalimentaire recensait au 17 janvier 2023 plus de 260 appels à la mobilisation et à la grève. Selon Médiapart, le SNUIPP-FSU prévoit que 70% des enseignants du premier degré devraient être en grève, et anticipe au moins un tiers des écoles fermées ; Des lignes de transport vont être à l'arrêt à la RATP et à la SNCF. « Le taux de grévistes est plus important qu'en 2019 -lors de la mobilisation contre le projet de réforme de retraites à points, ndlr- , avec entre 60 à 70% de grévistes à la Sncf, y compris parmi des catégories de personnel qui n'ont pas l'habitude de faire grève », évalue Bérenger Cernon, cheminot, militant CGT de Paris gare de Lyon.
Difficile de prédire la suite
Bien malin en revanche, celui capable de prédire la suite. Interrogée à la matinale de France Inter mercredi 18 janvier, Adélaïde Zulfikarpasic, directrice générale de BVA France observait : « une série d'éléments laisse à penser que l'on peut aller vers une explosion sociale durable. Outre la réforme de retraites qui suscite une opposition chez les Français, on a d'autres sujets inflammables comme l'inflation, le pouvoir d'achat, les gilets jaunes veulent relancer leur mouvement. Tous les voyants sont au rouge, mais en même temps, il y a de la lassitude et de la fatigue ». Au soir du jeudi 19 janvier, l'intersyndicale doit rencontrer les organisations de jeunesse, qui ont appelé à manifester le 21 janvier, avec le soutien de la France insoumise. De son côté, la CGT Energie a rapidement diffusé un plan de bataille avec au programme, des coupures d'électricité ciblées, le non déchargement de méthaniers, des livraisons gratuites d'énergie. Du côté de la chimie, la CGT pétrole a annoncé une grève de 48 heures le 26 janvier, puis une autre de 72 heures à partir du 6 février. « On va regarder de très près la mobilisation interprofessionnelle car beaucoup parmi les cheminots ont mal vécu 2019, ils ont eu l'impression de se retrouver seuls avec la RATP. La cohérence entre les différentes fédérations va être importante, il ne faudrait pas que le mouvement parte dans tous les sens. L'objectif, c'est que l'intersyndicale tienne le plus longtemps possible, les logos syndicaux alignés sur une même déclaration, ça pèse dans les têtes », analyse Bérenger Cernon. Volontiers optimiste, David Gistau, secrétaire confédéral CGT veut croire que « ce combat contre le projet de réforme des retraites va fédérer les colères, dans un contexte où les salariés aspirent à travailler autrement. Le mépris permanent du gouvernement ne fait que renforcer la volonté de s'exprimer, le monde du travail a besoin d'un syndicalisme de conquête pour défendre les intérêts des salariés ».