Nouveau coup dur contre le service public avec l'annonce de la fermeture de 18 points d'accueil de la CPAM 93. Localement, les syndicats se mobilisent pour éviter le pire dans ce département aux besoins sociaux énormes.
C'est un nouveau coup dur contre le service public avec l'annonce de la fermeture de 18 points d'accueil de la CPAM 93. L'ensemble des organisations syndicales du département (CGT – CFDT – FO – CFTC – CFE/CGC – FSU – Solidaires – Unsa) a lancé une pétition unitaire qu'elle adresse aux maires du département, à la direction de la CPAM et au ministère des Affaires sociales pour les inviter à rejeter ces mesures. En effet, le département de la Seine-Saint-Denis est l'un de ceux qui concentre le plus de besoins sociaux. Depuis ces vingt dernières années, plus de la moitié des centres d'accueil de la Sécu a déjà disparu dans le 93. Il n'en reste plus que 33 aujourd'hui. Et, avec les récentes annonces, le total serait porté à quinze à très courte échéance. Les dates exactes de fermeture ne sont pas encore connues, la mobilisation peut encore porter ses fruits, mais certains bureaux pourraient ne pas rouvrir après la coupure estivale.
DES ASSURÉS SOCIAUX DÉBOUSSOLÉS
Qu'en sera-t-il des conséquences pour les assurés sociaux et les personnels ? On peut malheureusement s'attendre à voir s'allonger les délais et la qualité de traitement des dossiers. Les assurés sociaux auront de plus en plus de mal à voir ou joindre en direct les agents qui gèrent leurs dossiers. «Il suffit de voir la queue que nous avons aujourd'hui à la Caisse de Bobigny pour comprendre. On y reçoit jusqu'à 900 assurés par jour pour seulement cinq agents. Un pilote de l'association Pénélope est chargé de canaliser les flux et de calmer les tensions. Mais ce dispositif lui-même est remis en cause…», se désole Alain Robiche, secrétaire du syndicat CGT de la CPAM 93. La diminution du nombre de points d'accueil implique plus de personnes reçues par point d'accueil, mais aussi un éloignement accru pour les assurés. Or, les gens qui se déplacent ne le font généralement pas pour le plaisir. Un retard dans le paiement des indemnités journalières peut générer de graves difficultés pour les intéressés qui, dans ces conditions, ne sont pas toujours enclins à la plus grande sérénité.
UN ACCUEIL USINE À GAZ
Pour la direction, les points d'accueil ne seront pas éloignés de plus de vingt minutes des assurés sociaux. Or, le département n'est pas vraiment réputé pour la fluidité de sa circulation. Par ailleurs, les centres feraient décroître les queues grâce à une logique d'agents debout par îlot chargés d'orienter les publics vers des bornes informatiques. Les assurés seraient invités à effectuer eux-mêmes un maximum d'opérations grâce au développement des services télématiques. Le modèle de la transformation de l'accueil est ainsi calqué sur celui de La Poste. «Avec plus de monde, plus de bruit, ces points d'accueil seront des usines à gaz», estime Carlos Leal, membre de la commission exécutive de l'UD CGT 93 et agent de la CPAM de Bobigny. «Comme, les gens n'ont pas en face les techniciens qui gèrent leurs dossier, ils devront redemander un rendez-vous dès que les situations seront un peu compliquées.» De quoi énerver un peu plus les assurés sociaux et de mettre les agents dans une situation de stress décuplée. Un CHSCT extraordinaire a été demandé pour examiner ces questions, ainsi que les bouleversements des affectations des agents. En effet, tandis que la direction fait miroiter aux personnels une réduction des amplitudes horaires liées à la fermeture de certains points d'accueil, les syndicats y pressentent un leurre.
EFFECTIFS ET MOYENS PEAU DE CHAGRIN
Les effectifs actuels des agents d'accueil de la CPAM 93 sont de l'ordre de 200, dont 80 pour l'accueil téléphonique. Sur les 120 personnes chargées de l'accueil physique, une vingtaine basculerait sur l'accueil téléphonique. Mais sur le total des 200 agents chargés d'accueil, une trentaine d'agents d'accueil doivent partir d'ici 2017 avec un remplacement prévu de dix postes seulement. Plus globalement, c'est entre 150 et 200 emplois qu'il est prévu de supprimer sur trois ans pour la CPAM 93. «Ce que nous vivons en Seine-Saint-Denis s'inscrit dans le cadre de décisions nationales. La Convention d'objectifs et de gestion du 31 juillet 2014 a décidé la suppression de 8800 emplois dans la branche maladie et une économie de 15% à réaliser sur les frais de gestion et l'immobilier», observe Carlos Leal. À l'heure où la Sécu fête ses 70 ans, les assurés sociaux attendaient certainement de toutes autres décisions qu'une réduction du service, de ses effectifs et le bradage de son patrimoine immobilier.