La tension monte contre le plan Hercule
Déterminés à lutter contre le démantèlement programmé du service public de l'énergie, les agents des IEG seront à nouveau mobilisés et en grève ce jeudi 17 décembre en intersyndicale CGT-CFE-CGC-FO-CFDT-Sud Énergie. La mobilisation contre le plan Hercule va crescendo, exacerbée par le silence du gouvernement et de la direction d'EDF (Jean-Bernard Levy) sur les négociations en cours avec Bruxelles au sujet de l'avenir d'EDF.
Hercule, projet de privatisation
Seule certitude à ce stade : le fameux plan Hercule qui prévoit de scinder l'opérateur historique EDF en trois entités filialisées (une entreprise publique pour les centrales nucléaires, une autre cotée en Bourse pour les énergies renouvelables et pour la distribution d'électricité et une troisième qui coifferait les barrages hydroélectriques avec des concessions en concurrence) afin de céder aux acteurs privés les activités rentables d'EDF, sans contrepartie en investissement de la part de ces « nouveaux entrants ».
Du reste, et quelles qu'en soient les modalités de mise en œuvre, le projet du gouvernement ne fait plus mystère : « Au départ, il s'agit d'ouvrir le marché de l'énergie à la concurrence puis de créer une mise en concurrence totalement artificielle où les nouveaux entrants du secteur privé sont en réalité subventionnés par EDF et par l'État français pour vendre l'électricité, produite par EDF, aux clients d'EDF, et sans avoir jamais investi un seul centime dans la production de cette énergie », précise un spécialiste.
« Bienvenue en absurdie où EDF, tenue de financer ses concurrents, s'asphyxiera financièrement », résume l'intersyndicale dans son communiqué commun du 4 décembre.
Le projet Hercule ne passe pas, bien au-delà des salariés
Ce projet-là ne passe pas et pas seulement auprès des agents. Mardi 15 décembre, la députée (PS) Valérie Rabault a déclaré déposer une proposition de référendum d'initiative partagée pour empêcher la réorganisation d'EDF telle qu'elle est prévue par le plan Hercule. Dans un contexte d'opacité des négociations en cours entre la France et la Commission européenne, de nombreux parlementaires (PS, PCF, LFI, LR…) sont montés au créneau lors des séances de questions au gouvernement des 8 et 15 décembre pour relayer les revendications portées depuis deux ans par les syndicats.
« Une première victoire face au mépris du pouvoir et des dirigeants d'entreprises », se félicite ainsi la FNME-CGT.
Vent debout contre Hercule, les syndicats d'EDF à nouveau en grève
L'intérêt général : une revendication commune à tous les syndicats
Face à la menace désormais avérée de démantèlement du service public de l'électricité et du gaz par le plan Hercule, les revendications des syndicats d'EDF et de toute la filière des IEG ne se bornent pas à la sauvegarde des emplois ou aux questions statutaires, malgré tout importantes. Elles se concentrent sur l'avenir du secteur énergétique de la France et sur les enjeux, hautement stratégiques, de l'autonomie énergétique et de l'intérêt de l'ensemble des usagers, particuliers comme entreprises.
« Le service public de l'électricité et du gaz est vital », rappelle ainsi le communiqué intersyndical du 15 décembre qui appelle à la grève et à la mobilisation de tous les agents le 17 décembre.
Il s'agit donc pour les salariés et leurs organisations syndicales de modifier le rapport de force, en intensifiant la mobilisation face à un gouvernement resté jusqu'ici sourd à toute revendication et à toute demande d'explication sur sa vision d'avenir du secteur de l'énergie. Mais également, comme le fait la CGT de l'énergie, en portant un projet alternatif à Hercule (baptisé PPE).
EDF : deuxième mobilisation unitaire pour le retrait du plan Hercule
Asphyxier EDF pour oxygéner la concurrence
En voulant éviter et le débat parlementaire et le dialogue social, le gouvernement ne joue cependant pas gagnant. Et la colère des agents risque de se généraliser, voire d'enflammer l'ensemble des centrales et des sites d'EDF dans les semaines et mois à venir.
Ce jeudi 17 décembre, l'intersyndicale compte bien le montrer de nouveau, à l'occasion d'une troisième journée de grève massive en à peine deux mois.