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INDUSTRIE

L’absurdité de la fermeture de Péters Surgical ravivée par le Covid-19

30 avril 2020 | Mise à jour le 14 mai 2020
Par | Photo(s) : Google Streetview
L’absurdité de la fermeture de Péters Surgical ravivée par le Covid-19

Péters Surgical veut fermer son site de production de matériels médicaux de Bobigny, mettant 60 salariés au chômage. Pourtant, avec la crise du Covid, l'usine a fait la preuve de son utilité, tournant à plein régime pour produire des sondes Motin, indispensables aux services de réanimation et impossibles à se procurer en Inde. La CGT en appelle à l'intervention de l'État.

Pendant le mois de mars 2020, la chaîne de production a fonctionné à plein régime. 50 000 sondes « Motin », destinées à aspirer les sécrétions bronchiques des patients en réanimations, sont sorties chaque jour de l'usine Péters Surgical, située sur la zone des Vignes de Bobigny, contre 7000 d'ordinaire. « Les salarié·e·s savent bien que la direction se sert d'elles. Mais elles ont préféré prendre sur elles et mettre toute leur énergie dans la production des sondes pour délivrer les hôpitaux », expose Julien Faidherbe, délégué syndical de l'entreprise.

Malgré cela, en juin 2020, leurs blouses et leurs charlottes resteront au vestiaire. Car dès octobre 2019, la direction de Péters Surgical a annoncé la fermeture de la production et de la logistique, laissant 60 personnes sur le carreau. Parmi elles, une majorité de femmes, des couturières qui ont fait toute leur carrière chez Péters Surgical, et qui, à 45 ans et plus, éprouveront les pires difficultés à retrouver un emploi dans un département de moins en moins industriel.

Une entreprise abreuvée d'aides publiques

À l'annonce de ces suppressions d'emploi, la CGT a demandé à rencontrer le préfet, arguant de l'importance ne pas détruire les outils de production de matériel médical, invoquant l'exemple des pénuries de médicaments provoquées par la disparition des sites de production des laboratoires pharmaceutiques. En vain. Manifestations débrayages, blocage des expéditions permettent d'arracher des conditions de départ plus favorables, de quoi tenir jusqu'à la retraite pour les plus âgées, mais pas de maintenir les emplois.

L'incompréhension est d'autant plus grande que l'entreprise arbore une pleine santé financière. Comme l'explique un article de Laurent Mauduit sur Mediapart, la banque publique d'investissement, qui avait racheté l'entreprise en 2009, l'a redressée pour ensuite la revendre à un fonds d'investissement français, Eurazéo.

Ce fonds exige un très haut niveau de rentabilité, qui explique la progressive délocalisation en Inde des produits à forte valeur ajoutée, pour ensuite se débarrasser des productions, en France, de matériels moins rentables. Les actionnaires du fonds — parmi lesquels JC Decaux ou les banquiers de Lazare — devraient percevoir 13,5 millions d'euros de dividendes entre 2017 et 2021. L'entreprise est abreuvée d'aides publiques : 683 000 euros de CICE entre 2016 et 2019, et 920 000 euros de crédit impôt-recherche pour la période 2016-2021.

Cynisme

Malgré la crise du Covid, qui met en lumière l'importance de pouvoir produire et livrer de manière certaine du matériel médical, la direction ne bouge pas d'un iota. Pire, Péters Surgical se paye le luxe d'articles laudatifs dans Les Échos ou Usine Nouvelle. « Quel cynisme. Si l'épidémie avait eu lieu en juin, nous n'aurions pas pu répondre à la demande des hôpitaux », déplore Julien Faidherbe. La CGT continue de solliciter la préfecture, qui jure que le dossier est dans les mains des ministres.

Leur réponse donnera une indication sur leur degré de compréhension de la leçon infligée par le virus.

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