Un accord « historique » dans le cinéma, pour la CGT
En marge du 77e Festival international du film, à Cannes, plusieurs syndicats représentatifs de la profession ont signé un accord visant prévenir au mieux le harcèlement, les... Lire la suite
Que n'a-t-on pas dit à propos des violences sexuelles et sexistes dans le monde du travail et du cinéma en particulier, de l'exploitation de la précarité et de la peur des victimes, des abus de pouvoir, de l'omerta et de la complaisance complice ? « Violences, les silences : ça suffit ! » a dénoncé la CGT spectacle dans un appel à manifester vendredi 23 février à Paris face à l'Olympia, à quelques encablures de la file d'attente pour l'accès à la cérémonie des César 2024 et avec une foule rassemblée entourée de drapeaux palestiniens et de pancartes dénonçant le génocide à Gaza. L'autre silence…
« Je pense à ces milliers de femmes victimes de violences sexuelles et sexistes. Je leur dis, au nom de la CGT, on vous croit, vous n'êtes pas seules, vous n'y êtes pour rien. Le cinéma n’est pas une zone de non droit», a martelé d'emblée, lors d'une prise de parole, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT présente sur les lieux, non sans avoir nominativement cité les actrices, mais pas seulement, victimes d'agression et publiquement connues, et en soulignant l'urgence d'un discours ferme et de mesures concrètes. « En 2020 déjà, nous étions là à manifester contre la nomination de Roman Polanski au César. Quatre ans après, les actrices parlent encore ». Et de pointer précisément le secteur du cinéma, des spectacles et des arts qui fait l'actualité au fil des révélations. « Nous devons lutter pour en finir avec un monde où les hommes peuvent être violents envers les femmes et continuer à tourner comme si de rien n'était (…) être soutenus uniquement pour leur notoriété, car trop de monde autour d'eux ferment les yeux sur leurs agissements. A celles et ceux qui viendraient remettre en question la parole des victimes, je leur dis qu'il n'est plus possible de dissocier l'homme de l'artiste, le cinéma n'est pas une zone de non-droit. Le cinéma, c'est un métier où le droit du travail s'applique et doit être respecté ».
Dès lors, Sophie Binet dit vouloir passer un « message de sororité » avec toutes celles qui osent parler et avec toutes les autres, car « les consciences bougent, les oreilles s'ouvrent ». Rendez-vous est donc donné le 8 mars prochain pour une « grande journée de grève féministe ». L'objectif est de « forcer le patronat et les pouvoirs publics à prendre enfin des mesures structurelles pour mettre fin à ce scandale ». La prévention avant tout est le maître mot des échanges avec les comédiens et comédiennes mobilisés, qui fait écho à la prise de parole de l'actrice Judith Godrèche sur la scène des César. « Il y a des personnes qui ne disent rien parce qu'elles ont peur de perdre leur travail. Nous voulons donc que les employeurs mettent en place des systèmes de prévention, notamment que les référents sur les plateaux de tournage à qui on signale ces problèmes, puissent être mieux protégés et peut-être éventuellement participer aux enquêtes », explique le représentant syndical CGT Yohan Goujon.
Comment oublier enfin les techniciennes et techniciens qui vivent eux aussi dans la hantise des agressions sexuelles. « Cela fait quelques années que l'on travaille pour essayer de les arrêter et aujourd'hui dans la foulée de toutes ces actrices qui ont osé parler on vient dire ici qu'il y a derrière elles toute cette armée de l'ombre qui travaille à leur côté toute l'année », a ajouté une autre représentante syndicale. Une chose est désormais sûre : les prédateurs, reconnus ou potentiels, ne peuvent plus dormir tranquille.