Le goût amer des RTT sucrées

Mardi 23 août, Bouygues Telecom engage le processus de consultation des instances représentatives du personnel sur un projet de réorganisation qui vise à troquer les jours de RTT contre une très modique augmentation salariale. Cette réorganisation concerne 5 500 salariés.
La direction estime que la consultation devra être bouclée le 21 septembre, mais la potion amère pourrait bien ne pas être avalée aussi facilement.
Selon le projet patronal, les télé-conseillers devront choisir individuellement l'une de ces trois options : soit ils décident de ne rien changer (en restant aux 39 heures hebdomadaires et en conservant leurs 23 jours de RTT), soit ils passent aux 37 heures mais ne conservent que 12 jours de RTT, soit enfin, ils acceptent de passer aux 35 heures en renonçant à l'intégralité de leurs journées de RTT. En contrepartie, ils percevraient une augmentation salariale de 2%.
Pour les cadres au forfait jours, il est proposé une augmentation de 1,5% en échange de deux jours RTT sur les quatorze dont ils disposent. Les choix individuels entérinant des modifications seraient irréversibles, tandis que les nouveaux embauchés se verraient systématiquement contraints d'accepter les nouvelles conditions.
CÔTÉ SYNDICATS, LE DEAL EST DIVERSEMENT PERÇU
La CFTC, syndicat majoritaire, campe dans le ni-ni, ne voulant ni signer ni s'opposer à cet accord. FO, avec ses 37 %, serait lui plutôt enclin à signer. Les représentants de ce syndicat constatent que peu de salariés accepteront la remise en cause de leurs RTT, mais que cela ne s'opposerait pas à la signature de l'accord, puisqu'il se ferait « sur la base du volontariat ». Ce positionnement irrite la CFDT, qui souligne qu'il ne sera plus question de volontariat, mais d'obligation avec les nouveaux embauchés.
Par ailleurs, les salariés ont exprimé à 90% leur souhait que l'on ne touche pas à leurs RTT, suite à une consultation de FO… La CFDT, qui représente un peu moins de 15% des suffrages, considère que les compensations sont « inéquitables ».
PRENDRE EN COMPTE L'AVIS DES SALARIÉS
Bien que non représentative chez Bouygues Telecom, la CGT a une analyse sur ce dossier : « On sait que les salariés de Bouygues Telecom sont très attachés à leurs jours de RTT. La signature annoncée d'une organisation syndicale peut paraître surprenante à cet égard. La notion de volontariat est relative, non seulement parce que les nouveaux embauchés n'auront pas le choix, mais aussi parce qu'il pourrait y avoir des pressions sur les salariés pour qu'ils acceptent les nouveaux régimes horaires. Nous sommes donc très sceptiques sur la mise en œuvre du volontariat », explique Alice Roupy, dirigeante de la FAPT CGT.
Enfin, pour la syndicaliste, il ne faut pas oublier le contexte : « Bouygues Telecom a supprimé 30 % de ses effectifs il y a deux ans, soit 1400 salariés en 2014. Il y a à la fois une volonté de ne pas remplacer les départs et le développement du numérique pour réaliser des gains de productivité. Plutôt que de réviser les régimes horaires, on pourrait réduire le temps de travail à 32 heures. »