20 janvier 2025 | Mise à jour le 20 janvier 2025
En grève ce 16 janvier, les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) et les assistants d'éducation (AED) réclament plus de moyens et le statut de fonctionnaire. Des salariés et représentants syndicaux se sont rassemblés dans plusieurs ville de France.
« C'est un métier dont on ne peut pas vivre », déclare Cyril, accompagnant d'élèves en situation de handicap (AESH) en Ulis (unité localisée pour l'inclusion scolaire) dans le 20e arrondissement de Paris. Il est venu, comme environ 150 de ses collègues, jeudi 16 janvier devant le dôme des Invalides, pour demander une meilleure considération. « J'ai conscience de ne pas être très représentatif de ma profession » s'amuse-t-il. En effet, Cyril est un homme. En 2017, 94% des AESH étaient des femmes.
Le deuxième métier de l'Éducation nationale
D'après la Cour des comptes, le nombres d'élèves en situation de handicap a triplé entre 2006 et 2022, passant de 155 000 à 436 000. Avec 78816 agents en 2023, les AESH représentent le deuxième métier de l'Éducation nationale, après les enseignants. Pourtant, ils sont toujours engagés comme contractuels, généralement à temps partiel. À 24 heures par semaine, leur salaire s'élève à 1080 euros net par mois.
La CGT Educ'action est membre de l'intersyndicale, et se bat depuis de nombreuses années pour la reconnaissance des AESH et des assistants d'éducation (AED). Son co-secrétaire général, Michaël Marcilloux, explique : « Ce sont des métiers essentiels, pourtant ils sont parmi les salariés les moins bien payés. » Le syndicat revendique un statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH, avec un temps plein de 24 heures par semaine.
Une formation lacunaire
La nouvelle ministre Élisabeth Borne a promis la création de 2 000 postes, dans un entretien au Parisien. Un progrès qui risque toutefois d'être encore insuffisant. « On souffre, les enseignants souffrent, les parents souffrent, et surtout, les enfants souffrent de cette situation », déplore Julie, AESH dans une école élémentaire des Yvelines. Les conditions difficiles et la maigre rémunération font que le recrutement de nouveaux agents n'est pas à la hauteur de la demande toujours croissante en accompagnement.
D'autant plus que la formation, d'une durée de 60 heures, ne prépare pas les AESH à toutes les subtilités des différents types de handicap. « Ce n'est pas une formation, c'est une information », selon Isabelle, AESH dans un lycée professionnel de Seine Saint-Denis, et syndiquée à la CGT. « J'ai dû me former moi-même, sur le terrain, et avec les professionnels qui s'occupent de ma fille en situation de handicap, pour rester à la page et adapter mon accompagnement. » La CGT revendique une formation initiale d'un an minimum et un cycle de formation continue.
« Entre l'accompagnement, la vie scolaire, le côté discipline… on répète les mêmes actions au quotidien. Ça finit par être usant. » Jaylanne, AED en collège
A l'appel de l'intersyndicale, les AED, couramment nommés « surveillants », se sont joints à la mobilisation. Ils sont eux aussi contractuels. Jaylanne, employée dans un collège de l'Essonne depuis cinq ans, parle des journées qui se répètent. « Entre l'accompagnement, la vie scolaire, le côté discipline… on répète les mêmes actions au quotidien. Ça finit par être usant. »
Comme pour les AESH, la CGT demande pour les AED un statut de fonctionnaire de catégorie B avec un service de 32 heures pendant toute l'année scolaire, ainsi qu'un statut amélioré d'étudiants surveillants pour les étudiants, avec des horaires aménagés. Enfin, pour les AED et les AESH, la création de postes à hauteur des besoins réels, et une prime REP/REP+ (réseau d'éducation prioritaire) complète, contre 64 % perçus actuellement.
A l'issue de la journée, Éléna Blond, secrétaire nationale de la CGT Educ'action a salué la mobilisation. « Une journée d'action comme ça, on n'en a pas vue depuis longtemps. Comme ils sont précaires, les AED et les AESH peuvent parfois être isolés. Ces rassemblements dans les grandes villes de France permettent de construire un collectif, qui renforce le combat. »