Le Rassemblement national, un programme xénophobe
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Il y a toujours eu des incidents en marge des spectacles sportifs. Mais une tradition de supportérisme violent s'est développée autour du football à partir des années 1960 en Europe. Des groupes de supporters se sont alors formés avec la volonté de se battre contre leurs homologues adverses. Une compétition s'est ainsi créée entre supporters radicaux. En France, comme dans la plupart des pays européens, elle a lieu autour du football, mais elle peut se manifester autour d'autres sports, comme le hockey sur glace en Suisse ou le basket dans les Balkans ou en Grèce…
Qui sont ces supporters et pourquoi se montrent-ils violents ?
Le hooliganisme a fait irruption dans les années 1980 avec le drame du Heysel [qui a fait 39 morts et 465 blessés le 29 mai 1985 dans ce stade de Bruxelles, NDLR]. Depuis, ce terme englobe tous les incidents liés au football. Il convient pourtant de distinguer deux types de supporters violents : les ultras et les hooligans. Les ultras sont apparus en France dans les années 1980, ils animent les stades et soutiennent leur équipe, quitte parfois à se battre. Dans les années 1990, ils ont voulu se distinguer des hooligans en cessant d'utiliser certains slogans racistes. Ils réfutent d'ailleurs l'appellation « hooligans ». Aucun groupe ultra n'est ouvertement d'extrême droite aujourd'hui en France. Mais parmi ceux qui affichent leur apolitisme, certains ont un noyau dur, minoritaire mais influent, proche de l'extrême droite. D'autres groupes ultras ont une ligne antiraciste, comme à Marseille ou Bordeaux. Les hooligans revendiqués recherchent, eux, la violence de manière régulière, au stade mais surtout en dehors. Leurs bandes sont constituées de petites dizaines d'individus, alors que les groupes ultras comptent des centaines voire des milliers d'adhérents. Les liens entre ultras et hooligans sont plus ou moins poreux selon les villes.
En Italie, des tribunes d'ultras sont ouvertement d'extrême droite. En revanche, en France, seuls des hooligans affichent une telle orientation. Dans les années 1960 à 1980, selon les pays, les groupuscules d'extrême droite ont trouvé que le stade était l'endroit parfait pour s'afficher, voire pour recruter. En France, il y a des liens forts entre les hooligans et l'extrême droite radicale depuis les années 1980, avec une double allégeance de plusieurs de leurs membres. De nombreux groupes hooligans se revendiquent d'extrême droite, comme la Mezza à Lyon, les Offenders à Strasbourg ou la LOSC Army à Lille. Les liens entre supporters et extrême droite dépendent de l'histoire politique des tribunes et de la ville. À Marseille, par exemple, sous l'impulsion des Winners, l'antiracisme s'est imposé au stade dans les années 1990. À Lyon, on a les deux : des supporters très tôt proches de l'extrême droite, ainsi qu'un ancrage territorial plus récent de l'extrême droite dans la ville. Sur certains matches, toute l'extrême droite radicale va au stade, y compris ceux qui n'y vont pas d'habitude. Ça a été le cas en 2017 lors du match qui opposait l'OL et le Besiktas, un club turc connu pour être politiquement à gauche. Plus récemment, des bandes d'extrême droite se sont constituées afin d'en découdre en ville à l'occasion de matches internationaux, comme lors de la demi-finale de la Coupe du monde entre la France et le Maroc [le 14 décembre 2022]. Lors des incidents très médiatisés qui se sont déroulés avant le match OM-OL [le 29 octobre 2023, le bus de l'équipe lyonnaise avait été caillassé sur le parcours allant au stade], les hooligans de la Mezza se sont distingués par des saluts nazis ou des gestes racistes en tribunes. Mais des ultras et supporters lyonnais ont aussi exhibé des drapeaux français et chanté La Marseillaise, oscillant entre l'opposition aux tribunes marseillaises – où le drapeau tricolore est banni –, le patriotisme et le nationalisme.
Les hooligans sont peu nombreux en France, sauf historiquement à Paris. Dans les années 1980-1990, des groupuscules d'extrême droite radicale ont essayé de recruter dans le Kop de Boulogne parisien. Ils n'ont pas récupéré de nombreux militants, mais ça a contribué à faire de Boulogne un territoire dominé par l'extrême droite. Cette tribune du Parc des Princes était réservée aux supporters blancs, les jeunes racisés ne pouvaient pas y entrer. En 2010, un plan de sécurité radical a cassé l'orientation de cette tribune et les groupes de hooligans ont été dissous. Le principal foyer de hooliganisme français a ainsi été contenu. Cependant, ces dernières années, on constate une légère augmentation des violences entre hooligans loin des stades et même leur apparition en tribunes à Lyon, Lille, Reims, Strasbourg…
Je ne dirais pas ça. On est dans un pays où l'extrême droite fait des scores électoraux importants et, parmi ces électeurs, il y a aussi des fans de football. Les idées d'extrême droite se diffusent, au stade comme ailleurs. Mais l'influence de l'extrême droite radicale est à nuancer. Elle est nette au sein des bandes de hooligans. La plupart sont ouvertement d'extrême droite, avec certains membres appartenant par ailleurs à des groupuscules identitaires, comme les Zouaves à Paris. Mais tous les incidents qui surviennent dans les stades et à leurs alentours ne sont pas le fait de la seule extrême droite. Ils sont essentiellement la conséquence des rivalités entre ultras, au sein desquels la présence d'éléments d'extrême droite est très variable.
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