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INDUSTRIE

Les salariés d'Arc en chômage partiel

9 septembre 2022 | Mise à jour le 9 septembre 2022
Par | Photo(s) : PHILIPPE HUGUEN / AFP
Les salariés d'Arc en chômage partiel

L’APLD mise en place dans la verrerie du Pas-de-Calais, va s’étendre, avec la fermeture définitive d’un four et une forte baisse de production. La direction se justifie par des pertes de commandes et l’explosion du prix du gaz. Les salariés, eux, y perdent 16% de salaire net.

 

Ils sont 1 600 depuis le 1er septembre, mais beaucoup plus demain. Lors de la réunion de CSE extraordinaire du 6 septembre, la direction de la verrerie Arc, à Arques (Pas-de-Calais), a confirmé que le chômage partiel, qui touche aujourd’hui les salariés des « fonctions supports » (administration, ventes…) deux jours par semaine, concernera aussi bientôt les ouvriers de production. « Il va s’étendre à toute l’entreprise, commente Frédéric Specque, délégué central CGT, alors que face à l’inflation, on s’attendait plutôt à négocier une augmentation de salaire. » Les élus du CSE ont en effet appris qu’un des neuf fours fermera définitivement, tandis que d’autres seront arrêtés provisoirement « pendant l’hiver », pour une durée non précisée. Des opérations de maintenance seront avancées et, surtout, la production annuelle du site passera de 260 000 à 225 000 tonnes. Les jours chômés, payés à seulement 84% du salaire net habituel, sont en grande partie pris en charge par l’Etat. « On ne peut pas se permettre de perdre un seul centime, insiste Frédéric Specque. J’ai demandé une compensation à 100% de l’APLD [activité partielle de longue durée]. »

« On envoie un mauvais signal, celui qu’on réduit la voilure »

Frédéric Specque prédit aussi un gros coup de rabot parmi les 500 intérimaires actuels et un arrêt dans les embauches, qui se sont montées à 450 l’année dernière et auraient dû culminer à 500 cette année. Avec 200 à 250 départs par an (retraites, démissions…), la verrerie avait même, pour la première fois depuis très longtemps, vu croître légèrement ses effectifs. Depuis le début des années 2000, le nombre de salariés à Arques (1) a chuté de 11 700 à 4 600. La direction explique ses choix par une baisse de 24% du carnet de commandes, après un premier semestre 2022 correspondant aux « meilleures performances [du site d’Arques] depuis sept ans ». Et par « une facture de gaz [qui] a déjà été multipliée par quatre », passant de 19 à 75 millions d’euros entre 2021 et 2022. Le plus « dangereux », selon Frédéric Specque, c’est qu’« à partir d’une situation conjoncturelle, on écrive une nouvelle stratégie ». La direction annonce privilégier « des articles innovants à forte valeur ajoutée ». L’élu CGT craint une « spirale infernale descendante […], en abandonnant une partie du volume à la concurrence ». « On arrête les hublots de machine à laver, illustre-t-il. Ils n’ont jamais été rentables, mais on aurait pu les remplacer par autre chose. On envoie au mauvais signal, celui que Arc réduit la voilure. » Entreprise familiale créée en 1825, Arc est aujourd’hui un groupe mondial, qui possède trois autres sites de production, aux Etats-Unis, aux Emirats arabes unis et en Chine. Après une succession de plans de refinancement alliant fonds privés et publics (1), quels sont les plans à long terme de l’actionnaire unique, l’Américain Dick Cashin ? Fondateur du fonds d’investissement One Equity Partners, sa présence au capital est évidemment tout sauf un acte de philanthropie.

(1) La somme des prêts consentis par l’Etat à Arc atteint 128 millions d’euros.