Pas de trêve olympique pour la CGT
Le 10 avril, la CGT Fonction publique a déposé des préavis de grève couvrant la période du 15 avril au 15 septembre. Les agents se disent inquiets de leurs conditions de... Lire la suite
Fanions et drapeaux au vent sous un léger crachin, des salariés de la distribution, de la sécurité, de l'hôtellerie ont organisé un défilé dans l'air du temps, une marche aux flambeaux, en brandissant des banderoles de slogans pour le moins significatifs. Pas question d'être les laissés-pour-compte des Jeux : « La flamme ne brûlera pas nos droits ! », et si elle « brûle le code du travail, on met l'incendie social ! » Le ton est donné.
Et pour cause, dans ces secteurs particulièrement sensibles, qui plus est durant des grands événements, on ne voit toujours rien venir en contrepartie des efforts supplémentaires en perspective et la crainte est même grande de voir les droits et les acquis passer à la trappe. Exemples : « La remise en cause du volontariat du dimanche, la déréglementation des horaires, le sous-effectif », pointe Laurent Lamaury, délégué CGT de Carrefour Market. Dans la sécurité, un désordre s'installe également, qui ne présage rien de bon pour les agents. Amar Lagha, secrétaire général de la Fédération CGT Commerces et Services, dénonce le recours accéléré aux boîtes d'intérim, au mépris des critères de compétences. « Cela remet en cause les efforts de formation pour être agent de sécurité. Les profils se banalisent alors que c'est un métier spécifique et à risque », explique-t-il. « On n'est pas contre les Jeux, mais à condition qu'ils ne nous tirent pas vers le bas. On ne veut pas en être les esclaves. Nous envoyons un message : si on ne se met pas tout de suite autour de la table, alors oui, il y aura des actions durant les JO », souligne le syndicaliste. L'heure est donc à la mobilisation pour faire bouger le patronat et le gouvernement.
Dans tous les cas, la CGT « ne laissera pas faire », met en garde sa secrétaire générale, présente parmi les collectifs de salariés. Rappelant les exigences et les privations en préparation dans le secteur des services : pas de congé ; pas de prise en charge des enfants en cas d'astreinte ; pas de logement en cas de déplacement ; pas de repos dominical de juin à septembre, « sur une durée bien plus longue que Paris 2024. La ficelle est un peu grosse », relève Sophie Binet. « La réussite des Jeux dépend d'abord du travail de centaines de milliers et ce travail, il ne se décrète pas, il se négocie avec nous, avec des contreparties à la hauteur », rappelle-t-elle, en attendant que le Premier ministre se prononce « sur la table ronde souhaitée au sujet de l'organisation des JO ».
La « trêve sociale » réclamée par l'exécutif ? « C'est un terme que l'on apprécie beaucoup. Il désigne le fait de faire taire les armes dans des conflits, et d'ailleurs, voilà six mois que nous appelons à une trêve à Gaza. C'est là-bas qu'elle s'impose, pas en France, car la grève, ce n'est pas la guerre. » Reste que si « trêve sociale » il y a, elle passe avant tout par le renoncement à tous les projets de « régression », à commencer par « la réforme de l'assurance chômage, celle du code du travail, de la fonction publique, les mesures d'austérité… », précise la numéro un de la CGT.