Syndicalisme britannique et Brexit : « la CES sera notre seul lien avec l’Europe »
Entretien avec Elena Crasta, responsable du bureau européen de la confédération britannique (Trades Union Congress, TUC), à Bruxelles. Lire la suite
Dans cette même rencontre étaient aussi conviés des représentants de la FSU, de FO et des syndicats américains du commerce, Elena Crasta, responsable des questions européennes pour les syndicats britanniques TUC, a témoigné d'un paradoxe, et affirmé une conviction.
D'un côté, les orientations de l'Union européenne et les carences démocratiques de ses institutions favorisent, dans l'ensemble des États membres, des politiques d'austérité et de remise en cause des droits sociaux. De l'autre, les avancées sociales obtenues dans l'UE ont pourtant constitué, pour les travailleurs britanniques, des points d'appui importants face à un patronat et à des gouvernements successifs qui n'ont eu de cesse que de rogner ces droits et de négocier des dérogations.
Par exemple sur la limitation hebdomadaire du temps de travail, dont ils ne voulaient pas… Pourtant, face à la croissance des inégalités et de la précarité, c'est contre l'UE que s'est retournée une majorité d'électeurs, en dépit des mises en garde des organisations syndicales. Il faut dire que la droite conservatrice et l'extrême droite nationaliste, xénophobe et raciste ont mené campagne en faveur du Brexit, accusant à la fois l'Europe mais aussi l'immigration, ainsi que l'islam, des maux dont souffre le monde du travail.
Quels qu'aient été leurs votes, les travailleurs britanniques ne doivent pas payer la note du Brexit, qui aura pourtant de lourdes conséquences économiques.
Elle rappelle aussi l'interdépendance économique en Europe, le poids des échanges et du commerce extérieur, mais aussi celui des coproductions européennes, comme Airbus. Elle alerte sur la tentation de dumping – social ou fiscal – des responsables britanniques. Une tentation, commente Frédéric Imbrecht pour la CGT (membre de la CEC, copilote du collectif confédéral international), qui est aussi celle de dirigeants français qui verraient bien la City à La Défense…
Dans ce contexte, les TUC réclament des mesures transitoires de protection des droits des salariés et des migrants, durant la période de négociation des termes du divorce. Ils demandent des droits « écrits noir sur blanc dans les nouveaux traités, de façon contraignante et sanctionnable », afin que les syndicats aient des points d'appui précis contre ces tentations ; avec un haut niveau au-dessous duquel le commerce, notamment, ne serait pas possible.
Loin du statu quo, il s'agit bien, affirme Frédéric Imbrecht, de refuser les thèses nationalistes nauséabondes, de contribuer ensemble à la visibilité offensive de la CES, et de conquérir de nouveaux droits pour tous.
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