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mobilisation

Marche des fiertés à Béziers : première participation de la CGT locale

27 juin 2023 | Mise à jour le 27 juin 2023
Par | Photo(s) : Francois Bourlier
Marche des fiertés à Béziers : première participation de la CGT locale

300 personnes ont participé à la marche des fiertés de Béziers (Hérault) samedi 24 juin. L'occasion pour la CGT de se joindre pour la première fois au cortège bitterois. Reportage dans une ville fracturée par les inégalités sociales et dont le maire, Robert Ménard est une figure de l'extrême droite connus pour ses propos homophobes.  

 

Pour cette deuxième marche de fiertés organisée à Béziers, le samedi 24 juin, les drapeaux arc-en-ciel LGBTQIA+ et pancartes revendicatives « Fiers d'être homo » ou « Trans right are human right » étaient au rendez-vous. Au cœur de cette foule compacte et joyeuse, défilant sous un soleil éclatant, plusieurs manifestants arboraient drapeaux arc en ciel et chasubles CGT. Pour la CGT de Béziers, la participation à cette marche était une première : « c'est pour nous l'occasion de rappeler que la CGT est contre toutes les discriminations, notamment celle au travail », explique Julien Rader, secrétaire général de l'union locale de Béziers.

Les LGBTphobies, enjeu syndical

A l'échelle nationale, la CGT s'est dotée d'un collectif de lutte contre l'homophobie dès 2012, de quoi également aider les organisations à s’approprier les sujets LGBTQIA+ et affirmer la dimension syndicale de cette lutte  : « Il faut absolument que les syndicats dans les entreprises s'emparent de ces sujets. Nous devons gagner l’égalité des droits des LGBT dans le monde du travail. Outre la discrimination volontaire, beaucoup de gens ne se rendent pas compte des propos qu'ils tiennent, y compris en interne où il faut former nos syndiqués sur les questions LGBT et féministes, insiste Julien Rader.  La plus juste des causes c'est l'égalité entre tous les salariés quelle que soit leur orientation sexuelle ou de genre, poursuit le syndicaliste, ce sont nos axes de travail sur les trois prochaines années pour aussi aborder ces thématiques lors des négociations annuelles obligatoires. Surtout que dans le Sud ces questions sont encore très taboues. »

Toutes les personnes transgenres sont confrontées à des discrimination du fait de leur transition

Les discriminations envers les personnes LGBT ont en effet lieu à 84 % sur leur lieu de travail. En 2022, 60 % des personnes discriminées déclaraient l'être par des collègues et 42 % par des supérieurs hiérarchiques, illustre ainsi l'association SOS homophobie dans son rapport sur les LGBTphobies publié en 2023. Les licenciements fondés sur l'orientation sexuelle ou la transidentité représentent en outre 10 % des cas de discrimination. « Toutes les personnes transgenres sont confrontées à des discrimination du fait de leur transition, et donc on ne veut pas les mettre dans des postes de premier plan par exemple. Et dans certains cas, cela va jusqu'au licenciement. Il y a donc une corrélation entre droit des travailleurs et les discriminations de genre. » décrit Cédric, professeur syndiqué CGT Educ'action à Béziers, rencontré dans le cortège.

 

Culture viriliste et injustice sociale

Difficile également de lutter contre les discriminations LGBTQIA+ dans un territoire où vivre dignement reste le premier des défis. C'est le cas de l'Hérault où la viticulture, historiquement la première ressource économique du département dans les années 80, ne représente aujourd'hui plus qu'un emploi sur dix. La ville de Béziers affiche, quant à elle, un taux de pauvreté de 34 % (source INSEE. 2020). « C'est une région comparable au Nord de la France, sinistrée en termes d'emploi et où les relations sociales sont extrêmement violentes, décrypte Jérôme, un manifestant. Être homosexuel et jeune n'est pas aisé ici, car il n'y a aucun endroit pour se retrouver et échanger. En plus d'une culture viriliste liée au rugby et un schéma de famille traditionnelle promulguée par notre maire Robert Ménard. D'ailleurs, celui-ci a tout investi sur la propreté et les façades du centre-ville afin de masquer la situation sociale et économique de la ville ». Un maire élu dès 2014 avec le soutien actif de l'extrême droite (et celui notamment du Front national de l'époque),  et qui s'est illustré à maintes reprises sur le terrain de l'homophobie, s'opposant dans un tweet en 2016 à l'ouverture du don du sang aux homosexuels, déclarant en 2011 qu'il préférerait que « ses enfants soient hétérosexuels »  ou encore en acceptant cette année de faire déprogrammer la pièce Jean Moulin Evangile évoquant la thèse de l'homosexualité du héros résistant.