Lutte contre l’homophobie : un champ d’action syndicale
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5000 personnes ont défilé selon les organisateurs à Tours en Indre-et-Loire (37) samedi 15 juin pour la Marche des Fiertés LGBT+. Reportage dans une ville où le groupuscule d’extrême droite local « Des Tours et Des Lys » manifeste chaque année contre les droits des personnes LGBT.
Samedi 15 juin 2024, début d’après-midi.Musique techno, maquillages, paillettes et drapeaux LGBT, 5000 participants s’élancent pour la Marche des Fiertés depuis l’esplanade du château de Tours, en direction du centre-ville. Cette année, le ton de la Marche des Fiertés tourangelle est bien plus militant que l'an passé. En référence à la percée de l’extrême droite lors du scrutin européen et aux législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain, on peut lire sur certaines banderoles «Les LGBT emmerdent le RN », « Nous sommes le rassemblement vous êtes la haine » ou « Hot girls votent le nouveau Front Populaire ». Quelques militants du collectif Jeunes CGT 37 d’Indre-et-Loire ont aussi rejoint la Marche des Fiertés. Après avoir manifesté ce matin à 10h00 contre l’extrême droite à l’appel des syndicats CGT, CFDT, UNSA, FSU et Solidaires, Anna, Grégoire et Marion réaffirment que « la CGT doit continuer de lutter contre les discriminations envers les personnes LGBT sur leur lieu de travail.»
Outre la menace de l’extrême droite, le thème de l'édition 2024 de la marche des fiertés porte sur le harcèlement scolaire des personnes LGBT. «On reçoit de plus en plus de témoignages de jeunes victimes de harcèlement. Encore trop souvent, l’on demande aux victimes de quitter leur établissement scolaire », dénonce Marie Le Page, bénévole pour l’association Stop harcèlement.
Le 16 mai dernier, le constat alarmant du ministère de l’Intérieur attestait d’une hausse des atteintes envers les personnes LGBT. Les actes de diffamation, d’agressions, de menaces et harcèlement, majoritairement commis par des hommes, ont bondi de 19% en 2023 par rapport à 2022. « Avec l’extrême droite aux portes du pouvoir, on craint beaucoup plus d’agressions physiques et insultes », s’émeut Lexa, 22 ans en tête de cortège. Dimanche 9 juin, au soir des élections européennes , une agression homophobe à Paris a d'ailleurs été commise par quatre militants de l’utra droite alors qu’ils célébraient la victoire du RN. Parmi les agresseurs, Gabriel Loustau, 23 ans, une figure du GUD (syndicat étudiant d’extrême droite) et fils d’Axel Loustau, ex-élu RN et proche de Marine Le Pen.
En Indre-et-Loire, le Rassemblement National est arrivé en tête des élections européennes avec un score de 28,45 %. A l'échelle locale, certaines figures du parti, comme la responsable locale Andréa Dériot, sont proches du groupuscule néofaciste « Des Tours et des Lys » fondé en 2018, comme l'a révélé Médiapart, le 29 mai dernier. La confrontation avec le groupuscule d’extrême droite préoccupe d'ailleurs certains militants lors de la parade : « Les organisateurs nous ont dit qu’ils nous attendaient sur la Place Jean-Jaurès», lâche une manifestante. « J’espère que la police fera son travail », s'inquiète une autre. Place Jean-Jaurès, une vingtaine de militants du groupe néofasciste brandissent en effet une affiche : « Nos familles valent plus que leurs théories ».
Une hostilité marquée à la théorie du genre (thèse expliquant la construction de l’identité de genre à partir de facteurs non biologiques, comme l’environnement social ou culturel par exemple, NDLR), qui rappelle l’attentat à la bombe commis au centre LGBTI de Touraine en mai 2023. L’auteur, un lycéen de 17 ans, se disait exaspéré par la « théorie des genres ». Même si aucun blessé n'a été à déplorer, l'acte a lourdement affecté la communauté LGBT tourangelle. « Ce qui s’est passé l’année dernière nous a poussé à renforcer la sécurité de notre centre et celle de nos militants. L’attentat nous a beaucoup marqués psychologiquement mais ne voulons pas céder à la peur, sinon ils ont déjà gagné », martèle Ash Claveau, co-président du centre LGBTI de Touraine. Pour Ash Claveau et sa collègue Ingrid Avertin Chemin, co-présidente du centre LGBTI de Touraine, cette Marche des Fiertés 2024 est une réussite : « Malgré le contexte actuel, nous avons eu encore plus de participants que l’année précédente, 5000 personnes, contre 4000 l’an dernier, c’est énorme. Cela prouve que la France peut se mobiliser face à l’extrême droite.»
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