À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
LIVRE

Ouvriers en « Pièces détachées »

10 juillet 2015 | Mise à jour le 6 mars 2017
Par | Photo(s) : Damien Meyer/AFP
Ouvriers en « Pièces détachées »

Petit ouvrage bleu nuit, « Pièces détachées » relate, en format court, la vie au travail. La pointeuse, les ordres du chef, le rendement… Écrit sous forme de récit, « Pièces détachées » se lit d'une traite et questionne le sens du travail.

« Il y a la pointeuse (…). Malheur si vous arrivez avec cinq minutes de retard, ils crient, ils hurlent : “Vous êtes en retard”. Il y a les primes de rentabilité, de production, de présentéisme. Il y a ce mot toujours : rendement, rendement, rendement… comme un vieux disque rayé… »

Mots simples, scènes réalistes, Giuseppe Lucatelli raconte la vie à l'atelier, la cantine, les conflits parfois violents entre les gars, le syndicat, les transgressions des ouvriers pour s'affranchir d'un monde de chaînes et de contrainte. Et puis, « il y a, depuis les 35 heures, la production qui n'a pas cessé d'augmenter, la réduction des temps qu'on avait pour effectuer une tâche ; quant aux effectifs, ils ne cessent de diminuer de jour en jour ».

Pour dépeindre cette classe ouvrière qui s'efface de plus en plus de nos villes, Giuseppe ne fait pas de fioritures ni ouvriérisme à tout crin. Les copains de l'atelier peuvent être des mecs obtus dont la télé sert de référence culturelle, le calibre de leur entrejambe et la cylindrée de leur bagnole d'étalons de mesure de leur virilité. Ils sont ces grandes gueules qui frondent les chefaillons, mais demeurent dominés par un système qui les exploite, abîme leur corps et vide leur tête.Pas étonnant que cela sonne vrai. Giuseppe, Italien vivant à Lyon, est ouvrier spécialisé dans un garage. Les mains dans le cambouis le jour, sur le clavier durant ses heures de liberté, il écrit depuis son adolescence.

À travers « Pièces détachées », il décrit avec finesse ces scènes ordinaires de la vie ouvrière. Le style oscille entre réalisme et poésie, mais réussit ce tour de force de vous projeter dans cet univers d'hommes en bleus de travail, de sueur, d'effluves d'essence et d'huile de vidange. Des tranches de vie qui, compilées et rassemblées dans ce petit livre bleu, questionnent sur le sens du travail, la quête de l'ouvrier pour l'amélioration de ses conditions de vie et l'obtention des conditions de son émancipation. Pas de doute, la lutte doit continuer.