Rencontres avec Marie, Ludivine et Kareen, trois jeunes femmes syndiquées CGT et candidates aux élections professionnelles de la fonction publique.
Ces trois interviews sont extraites du numéro de novembre 2018 de la NVO (Nouvelle Vie Ouvrière), le magazine des militants de la CGT.
Marie Berthézène, préparatrice en pharmacie à l’hôpital d’Alès.
Marie Berthézène, 30 ans, préparatrice en pharmacie hospitalière à l'hôpital d'Alès depuis 2011, est syndiquée CGT depuis 2 ans. Refusant d'en rester au stade du mécontentement, elle
a décidé de s'engager et d'être candidate sur les listes CGT des élections de la fonction publique du 6 décembre prochain. Son objectif : faire bouger les choses et « gagner du mieux pour tous ».
Raconter son récent engagement à la CGT, elle ne l'a jamais fait. Elle a pourtant des choses à dire, alors elle se lance. « Qui décidait de mon déroulement de carrière ? De l'organisation du travail ? J'étais néophyte sur le sujet », pose-t-elle d'emblée. L'envie de s'instruire, de comprendre l'évolution de ses responsabilités professionnelles, des conditions dans lesquelles elle est amenée à les exercer… Plusieurs raisons l'ont fait se tourner vers le syndicat.
Alors, quand la CGT de l'hôpital d'Alès lui propose une journée de « formation d'accueil » elle fonce : « Ça m'a instruite et rassurée. C'était gratuit, sans engagement, ouvert à tous. À la fin, je me suis syndiquée. » Elle enchaîne avec la formation de niveau 1, la formation au CTE (comité technique d'établissement), à la CAP (commission administrative paritaire) et participe à une journée sur les luttes gagnantes au siège de la confédération à Montreuil pour témoigner des batailles au sein de l'hôpital d'Alès. « J'ai entendu les témoignages de différentes professions. Ça m'a permis de découvrir l'organisation de la confédération, les problématiques d'autres métiers, d'autres territoires. »
Je me suis syndiquée à la CGT parce que j'y ai retrouvé mes valeurs, avec au premier rang la solidarité. J'ai rencontré le syndicat grâce à une collègue. Élue depuis des années, elle était au fait d'un tas de choses en lien avec le travail, le droit des personnels, etc. Je lui posais des questions sans cesse. Du coup, j'ai décidé de faire des formations pour y répondre par moi-même, et j'ai commencé à militer.
Sa présence sur les listes électorales CGT de la fonction publique du 6 décembre prochain est une façon d'être « au plus près de l'action », « de militer ». « Ce n'est pas en restant dans mon service à pester contre l'état actuel des choses que ça va changer, précise-t-elle. Beaucoup de gens en restent là. Moi je râle, mais je fais. Je leur dis : “rejoignez-nous et faisons ensemble”. » Son nom sera sur une liste CTE, l'instance où les élus sont consultés sur des questions d'organisation du travail, de respect des horaires, des effectifs alloués, etc. Pour faire campagne sur le terrain, elle a bénéficié d'un crédit de temps syndical de 10 %. « On a beaucoup tourné parmi les agents dans les services, explique-t-elle. L'autre jour, nous sommes allés dans un EHPAD pour échanger sur les conséquences d'un passage à des tranches de 12 heures au lieu de 10 comme souhaité par la direction. Quels impacts sur le personnel ? Quels avantages ? À quel prix ? Ce fut l'occasion de débattre avec tous. » Quand on lui demande si elle est consciente de représenter une population minoritaire sur les listes CGT (elle est jeune et elle est une femme), elle répond sans ambages : « Les femmes sont nombreuses à la CGT de l'hôpital d'Alès et les jeunes, il faudrait aller les voir, les informer et leur donner l'opportunité d'apporter ce qu'ils ont, ce qu'ils sont. »
Reprendre le flambeau
Ludivine Lemoine, agent au centre d'encaissement
du Trésor public de Lille.
Ludivine Lemoine, 32 ans, est agent au centre d'encaissement
du Trésor public de Lille. Syndiquée à la CGT depuis 3 ans, elle est membre de la commission exécutive de son syndicat et brigue, pour la première fois, un mandat au comité technique local,
lors des élections professionnelles du 6 décembre prochain : « J'ai préféré y aller doucement, mais sûrement. Les autres membres du syndicat m'ont proposé d'être candidate, mais j'ai préféré ne pas être en tête
de liste. Comme ça, j'ai le temps de voir comment ça se passe, d'évoluer
et, potentiellement, de monter dans les listes aux prochaines élections.
Ça permet de montrer que le syndicat, ce n'est pas que « pour les anciens . Même si on ne connaît pas tout d'emblée, on apprend, on est capable,
c'est pour notre avenir. C'est important de pouvoir reprendre le flambeau progressivement. Comme ça, les anciens ont le temps de nous former
pendant quelques années avant de partir en retraite. »
« J'ai tout mon temps »
Karen Verdier, Agent spécialisé des écoles maternelles à le ville de Paris
Karen Verdier, 29 ans, est Asem (Agent spécialisé des écoles maternelles) à Paris. Après s'être syndiquée à la CGT lors
de la réforme des rythmes scolaires, elle brigue, pour les élections du 6 décembre prochain, un mandat au comité technique
de la Direction des affaires scolaires (Dasco) de la Ville de Paris :
Le défi, c'est de trouver des jeunes qui ont le temps
et l'envie de s'investir sur le plan syndical ou politique, mais c'est important de s'engager en tant que jeune, sinon, on ne trouvera jamais notre place. C'est plus
facile d'être disponible pour militer à notre âge, quand
on n'a pas d'enfants et qu'on a un boulot qui laisse
du temps libre. […] Au début, c'est difficile d'être pris au sérieux. Il faut faire ses preuves. Quand j'allais, en binôme, à la rencontre des salariés, il arrivait souvent qu'on m'écoute, mais qu'on se tourne ensuite vers le camarade plus âgé pour avoir la confirmation de ce que j'avais dit. Par contre,
le fait d'être jeune peut aider avec les collègues du même âge, ils vont être plus à l'écoute. […] Entre les générations, la différence n'est pas sur le fond – je ne me sens pas déphasée avec les camarades plus âgés – mais sur la forme. En termes de communication,
il y a un fossé générationnel. Notre société a évolué, notamment avec les réseaux sociaux, et on essaye
de faire des choses nouvelles. En général, on y arrive, mais parfois on se fait rouspéter, parce qu'on fait des choses qui ne sont pas toujours bien vues. Par exemple, on a un jour diffusé la vidéo de Burger King contre
la discrimination parce que ça touche les jeunes, mais derrière ça, on sait aussi que l'enseigne n'est pas toujours dans les clous. »
5,2 millions de fonctionnaires et agentsdes trois versants de la fonction publique (État, fonction publique territoriale, fonction publique hospitalière) sont appelés aux urnes pour désigner leurs représentants dans les organismes consultatifs de la fonction publique le 6 décembre. Mais le scrutin est ouverts dès ce jeudi 29 novembre pour les administrations qui ont opté pour le vote électronique. Dans ce scrutin déterminant notamment pour la mesure de la représentativité nationale des organisations syndicales, la CGT est parvenue à présenter plus de listes que lors du scrutin de 2014.