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Pollution

Polluants éternels : une imbuvable histoire d’eaux

3 février 2025 | Mise à jour le 3 février 2025
Par | Photo(s) : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Polluants éternels : une imbuvable histoire d’eaux

Appel à une marche festive pour une interdiction de l'usage des PFAS. Oullins, Rhône, le 26 mai 2024

Après le scandale de la pollution des eaux en bouteille, une récente enquête conjointe réalisée par l'UFC-Que Choisir et l’ONG Générations futures a révélé la présence massive de polluants éternels (PFAS-TFA) dans 96% des échantillons d’eau du robinet prélevés dans 30 communes françaises. La CGT vient quant à elle le lancer le collectif Anti-PFAS.

C'est le plus petit dénominateur commun de la famille des PFAS. Mais aussi le plus indestructible des polluants éternels. Ce TFA (Trifluoroacétique) est si minuscule qu'il n'est pas encore répertorié au tableau des 4700 molécules des PFAS (Les per-et polyfluoroalkylées) réglementées par l'Union Européenne. « Pour le détecter, il faut le rechercher spécifiquement », souligne Nicolas Thierry, député Ecologistes de Gironde. Dans leur enquête conjointe menée « à la source du robinet »  et révélée au public le 23 janvier, l'UFC-Que Choisir et l'ONG « Générations futures » en ont relevé la présence en quantité massive, soit largement supérieure aux 100 nanogrammes/litre (norme actuelle de référence pour 20 PFAS répertoriés par l'UE) dans 24 des 30 communes visées par l'enquête. Championnes de ce podium, les villes de Moussac (Gard) avec 13.000 ng/l de TFA ; suivie de Paris avec 6.200 ng/l et de Bruxerolles (Vienne) avec 2.600 ng/l.

Pas vu, pas pris

Issu de la dégradation d'un herbicide (le Flufénacet) largement répandu dans l'agriculture en France, ce TFA, quasi indestructible mais très mobile et persistant dans l'eau comme dans le corps humain n'est pas encore considéré « pertinent » en termes de toxicité par les autorités de santé publique européennes. Et pour cause : sa présence dans l'eau du robinet n'est pour l'heure quasiment jamais recherchée, donc pas évaluée par les agences régionales de santé (ARS) lors des contrôles des eaux potables. Pas vu, pas pris. Il n'empêche qu'en septembre 2024, le TFA a été étudié par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui l'a déjà classé au rang de perturbateur endocrinien. Une première étape vers l'objectif d'inclusion du TFA trifluoroacétique à la liste des polluants éternels (PFAS) dont l'UE doit fixer les seuils de tolérance sanitaire d'ici janvier 2026.

Sur la table, la question de l'eau potable

« Un grand problème sanitaire s'annonce », prévient le député de Gironde,  l’écologiste Nicolas Thierry, qui dénonce un «scandale sanitaire du siècle». Bien connu pour son combat contre les PFAS (voir article Tefal EnsMag), le député milite pour l'interdiction de ces polluants éternels et pour que leur teneur dans les eaux potables soit mesurée et contrôlée. La partie est loin d'être gagnée.  Bénéficiant d'une niche parlementaire du groupe Ecologistes le 20 février prochain, le député Thierry compte entériner une proposition de loi déjà votée en première lecture par l'Assemblée et le Sénat fin mai 2024, qui aurait toutes ses chances d'être définitivement adoptée, assure-t-il. Dans ce but, Nicolas Thierry, ainsi que des victimes des polluants éternels et les associations qui les soutiennent – « Générations Futures » et « Notre Affaires à Tous » – seront mobilisés, mardi 4 février, devant l'Assemblée nationale dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le cancer.

Les PFAS sont partout

Dans ce droit fil, le collectif « PFAS-CGT », créé en janvier dernier, finalise un cahier revendicatif portant pour première exigence la recherche d'alternatives aux PFAS et TFA. « Nous nous orientons, bien évidemment, vers l'abolition des polluants éternels. Mais en tenant compte du réel, car les PFAS sont partout, y compris dans le téléphone d'où je vous parle à cet instant et si la solution se résumait à la délocalisation de nos activités industrielles vers des pays à moindres exigences normatives, le problème des PFAS serait juste rendu invisible, mais certes pas réglé», précise Jean-Louis Peyren, pilote du collectif PFAS de la Fnic-Cgt. En avril dernier, la CGT avait refusé de prendre part à la mobilisation orchestrée par la direction de Seb,  qui avait appelé les salariés de l’entreprise à manifester à Paris contre une proposition de loi visant à faire interdire les PFAS dans les ustensiles de cuisine.