Une femme tuée toutes les dix minutes dans le monde
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Gisèle Pélicot a voulu agir pour toutes les victimes, femmes, hommes, enfants. La dimension sociétale est apparue dès lors qu'elle a refusé le huis clos. Le président le souhaitait, pour la protéger, mais cela entérinait l'idée qu'elle était salie. Au procès, elle a repris le mot d'ordre de #MeToo : la honte doit changer de camp. Les actes salissent les auteurs, pas les victimes. Et puis il y a eu les vidéos qui montraient des viols pour humilier, pour « soumettre une femme insoumise ». Et 50 coaccusés, aux côtés du mari, qui ont donné à voir, par leurs profils et leur attitude, la violence d'une masculinité toxique.
#MeToo a mis l'accent sur le fait que la plupart des viols sont le fait d'interconnaissances. Ce n'est pas l'inconnu sur un parking, c'est votre frère, votre collègue, votre entraîneur de sport… Pour les accusés, un violeur, c'est celui qui a prémédité son acte. Ils en ont une image de monstre, comme le violeur de la Sambre qui suit, avec une cordelette, une femme seule. Cette représentation stéréotypée empêche de voir la réalité. Le viol ordinaire, c'est un viol d'opportunité où l'on va se saisir d'une situation pour avoir un rapport sexuel, au mépris du consentement de la victime. Le viol est le seul crime dont le coupable se sent innocent et la victime, honteuse. Si ce procès a une dimension historique, c'est aussi parce que Gisèle Pélicot refuse d'être une victime honteuse.
Ils disent qu'ils n'avaient pas l'intention de violer. Mais aucun d'entre eux ne s'est soucié de son consentement à elle ! Ils ont abusé d'une femme qui était comateuse. Ce déni machiste du viol vient aussi du fait qu'ils vivent dans le monde d'avant, celui où, jusqu'en 1990, il n'y avait pas de « viol conjugal ». Ils n'ont pas intégré la règle du consentement. Les hommes ont à la fois le sentiment d'être innocents et de bénéficier d'une impunité. Bien que le viol soit un crime très grave, passible de quinze à vingt ans de prison, c'est un crime de masse (200 000 par an), et seulement 1 % est puni.
Ces hommes ont su que d'autres étaient venus avant et après eux, mais pas un seul, même anonymement, n'a déclaré quoi que ce soit. Ils se présentent comme des victimes : « J'ai été manipulé, ma famille va souffrir. »Ils ne témoignent pas seulement d'un machisme conservateur, mais aussi d'un machisme réactif à l'émancipation. Hélas, plus les femmes gagnent en liberté et en égalité, plus se développe un masculinisme très agressif, de l'ordre de ce qu'on a vu lors des élections américaines. Par ailleurs, il y a aussi un marché de la pornographie qui associe excitation et transgression, fondé sur l'inverse de nos valeurs : mépris des femmes, racisme, pédocriminalité.
Les hommes, dans leur immense majorité, n'ont jamais violé. Se sentir concerné et se sentir coupable, c'est très différent. Ce procès a eu un effet de révélateur pour beaucoup d'hommes. Ils disent : « Je comprends ce qu'est la masculinité toxique et je ne veux pas en faire partie. » En tant qu'hommes, ils bénéficient d'avantages qu'ils doivent interroger. Et les jeunes garçons devraient aussi être plus éduqués à la relation à l'autre et au consentement.
*Celui qui est désormais son ex-mari a invité, entre 2011 et 2020, des dizaines d'hommes à la violer pendant son sommeil, après l'avoir droguée.
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