16 février 2023 | Mise à jour le 23 février 2023
Ce jeudi 16 février, une partie des cheminots de la gare de Lyon à Paris ont répondu présents à la cinquième journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Ici, le 7 mars et ses suites sont dans tous les esprits.
Il est encore trop tôt pour connaître le nombre de grévistes de ce jeudi 16 février parmi les cheminots de la gare de Lyon, à Paris. Dans l’ancien centre de tri postal de la gare, une centaine de personnes se sont données rendez-vous à 11h pour l’AG. Des cheminots, gilets verts pour SUD, sweatshirts bleus pour l’UNSA et drapeaux rouges pour la CGT, mais pas que. Ainsi Philippe et Bernard, militants d’ATTAC venus « soutenir le mouvement et s’informer des suites de la mobilisation ».
C’est que les cheminots du réseau Paris Sud-Est (PSE) sont des acteurs incontournables des luttes sociales ; leurs assemblées générales rassemblent bien au-delà des rangs de la SNCF. En décembre 2019, en pleine grève contre la réforme des retraites par points, les cheminots avaient brûlé un cercueil en symbole de la mort de la SNCF en compagnie d’enseignants et d’agents de la RATP, sous l’œil d’élus de la France insoumise.
« Beaucoup se réservent pour le 7 mars »
Ce jeudi, les personnalités politiques n’ont pas fait le déplacement, mais la mobilisation unitaire peut parfaitement se passer d’eux. À la gare de Lyon, les quatre dernières journées de mobilisation ont été extrêmement suivies : 95 % de grévistes parmi les tractionnaires (les conducteurs), près de 50 % tout service confondu. Des chiffres quasiment inédits, même dans ce bastion de la contestation sociale.
« Aujourd’hui, c’est un peu différent » explique Bérenger Cernon, conducteur de train sur la ligne D et ancien secrétaire de la CGT-Cheminots Gare de Lyon, qui estime que le taux de gréviste en cette cinquième journée de mobilisation s’élève à 50 % chez les tractionnaires, la profession traditionnellement la plus mobilisée. En baisse, donc. « La date du 7 mars est déjà affichée, donc beaucoup se réservent pour cette journée… » Pour les agents de la SNCF, le conflit en cours revêt une portée hautement symbolique. Ce vendredi 10 février, l’Assemblée Nationale a voté la fin des régimes spéciaux de la RATP, des électriciens gaziers, des clercs de notaire, de la Banque de France ou encore des membres du Conseil économique, social et environnemental. « La symbolique de la fin des régimes spéciaux est très forte pour nous, poursuit Bérenger Cernon. À la SNCF, nous sommes aujourd’hui dans un régime fermé et on en voit toutes les conséquences : nous n’arrivons plus à recruter, tout le monde veut partir et on a une perte de compétence catastrophique ! »
Grève reconductible
Sous le hangar, les visages sont graves. Au micro, Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, bouillonne. Dans un entretien au JDD paru le 11 février, le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau a fait part de son souhait de décaler de deux ans l'âge d'annulation de la décote pour les régimes spéciaux. « Ces gens sont des comptables, ils s’en foutent de la pénibilité de nos métiers » tonne le syndicaliste. Il prévient : « Les journées de grève de 24 heures sont utiles mais elles ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement. D’ici au 7 mars, il faut aller chercher les collègues un par un et leur dire qu’ils peuvent faire reculer le gouvernement. Le fruit est mûr pour une grève reconductible à partir du 7 mars ! »
« Dans un conflit social, il faut franchir un cap, et nous, on voudrait le franchir le 7 mars » embraye Bérenger Cernon. « Il va falloir qu’on assume la grève reconductible », abonde-t-il, invitant ses collègues soumis à l’obligation de déposer un préavis de grève à le faire « le plus tôt possible ». Les appels à la grève reconductible sont repris par l’UNSA : « Sur un projet comme celui-ci, il n’y a rien à négocier, tranche Daniel Teirlynck, représentant syndical de l’UNSA ferroviaire. Ce gouvernement ne comprend que la force, il faut donc engager le rapport de force ! » Fin des prises de paroles. Les cheminots se dirigent vers la manifestation qui doit partir place de la Bastille d’ici quelques heures. Le rendez-vous est pris le 7 mars, et les jours suivants.