Quel accueil thérapeutique pour les migrants ?
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Les chiffres sont sans précédent. Victimes des guerres, des dérèglements climatiques, des persécutions… 79,5 millions de personnes étaient déracinées à la fin 2019. Selon le rapport annuel publié ce 18 juin par le HCR, quelque que 45,7 millions d'entre elles avaient dû fuir dans d'autres régions de leur pays (officiellement des personnes « déplacées »), les autres l'ayant quitté en espérant trouver la paix et de quoi survivre à l'étranger. Parmi celles-ci, 4,2 millions étaient en attente de réponse à leur demande d'asile.
En dix ans, le nombre de ces personnes déracinées a presque doublé et, selon le rapport, il a cru de près de neuf-millions de personnes en 2019 par rapport à l'année précédente. Le HCR rappelle en outre qu'au moins 100 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer durant les 10 dernières années pour trouver refuge dans leur pays ou à l'étranger. Sur les 79,5 millions de personnes en déplacement dans le monde, 30 à 34 millions sont des enfants.
C'est dans ce contexte et dans celui de la pandémie de covid-19 que sera célébrée cette année la Journée mondiale des réfugiés. Censée sensibiliser à la situation et à la cause des réfugiés du monde, elle a lieu tous les ans le 20 juin depuis 2001, année du 50e anniversaire de l'adoption de la Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés.
68 % de ces personnes déracinées sont originaires de seulement cinq pays, en plus des Palestiniens exilés de force depuis 1947 : la Syrie (6,6 millions), le Venezuela (3,7 millions), l'Afghanistan (2,7 millions), le Sud-Soudan (2,2 millions) et le Myanmar (1,1 million). Les autres sont en majorité originaires de Somalie, de République démocratique du Congo, du Soudan, d'Irak et de République centrafricaine.
Les pays d'accueil sont eux aussi pour beaucoup des pays en difficulté : 80 % des personnes déracinées dans le monde « se trouvent dans des pays ou des territoires affectés par l'insécurité alimentaire et la malnutrition aigüe, dont de nombreux pays confrontés aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles » et 85 % vivent dans des pays en développement, généralement voisins du pays qu'ils ont fui.
Ainsi, la Turquie est le pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés dans le monde avec 3,6 millions de personnes, suivie par la Colombie (1,8 million incluant une grande partie des Vénézuéliens partis à l'étranger). En Europe, c'est l'Allemagne qui accueille le plus grand nombre de migrants (1,1 million fin 2019). Le HCR a comptabilisé quelque 123 700 réfugiés et demandeurs d'asile arrivés en Europe en 2019, notamment par la Méditerranée (soit une diminution de 15 % par rapport à 2018).
En outre, selon le HCR, plus des trois quarts des réfugiés (77 %) « sont pris au piège dans des situations de déplacement prolongées, par exemple pour la crise des réfugiés afghans qui est entrée dans sa cinquième décennie ». Dans les années 1990, environ 1,5 million de réfugiés pouvaient rentrer dans leur pays d'origine chaque année. Un chiffre tombé à 385 000 dans la dernière décennie.
Avec le confinement imposé par la pandémie de covid-19, la situation de ces personnes déplacées et réfugiées s'est encore précarisée. Des dizaines de milliers d'entre elles sont bloquées aux frontières et Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés, craint que se réduisent leurs possibilités de demande d'asile. « Malgré le Covid, les populations continuent à se déplacer », alerte-t-il, notamment vers les pays pauvres où l'impact sanitaire et économique de la pandémie est considérable.
Il l'est pour les populations de ces pays, il l'est aussi pour les réfugiés et les personnes déplacées, qui font partie des populations les plus vulnérables et dont les conditions de survie, souvent dans des camps aux conditions sanitaires exécrables et à l'accès à l'eau limité, les exposent particulièrement au coronavirus.
Le HCR souligne par ailleurs que la majorité des réfugiés sont accueillis dans des pays en développement où les unités de soins intensifs et les lits de réanimation et les ventilateurs sont en nombre très insuffisant. Une épidémie parmi eux aurait des conséquences incalculables non seulement sur ces populations fragiles, mais plus généralement sur l'ensemble des sociétés d'accueil et au-delà des frontières. Aider les pays concernés relève donc à la fois de la justice et de l'urgence sanitaire pour l'ensemble du monde.
« Présente auprès des travailleurs migrants depuis de nombreuses années », la confédération rappelle à quel point la pandémie a mis en lumière que « des pans entiers de l'économie ne pourraient pas fonctionner sans les travailleuses et travailleurs sans-papiers. »
Ils ont été, souligne-t-elle, « en première ligne des activités indispensables telles que le ramassage et le traitement des déchets, le nettoyage et l'entretien des locaux, des bureaux, des immeubles d'habitation, chez les particuliers dans l'aide à la personne à domicile, dans la sécurité et la mise en rayon des commerces d'alimentation, l'agriculture, etc. Ces intérimaires ont été en première ligne, soit pour les grands groupes de logistique, à la manutention et au tri ; soit privés de travail et sans revenus (…) contraints au travail dissimulé (…) Ils ont fait partie des “premiers de corvée”, trop souvent au détriment de leur santé, en période d'épidémie. »
Et de rappeler la grève de centaines de livreurs sans papiers de l'entreprise Frichti, depuis le 4 juin. « Cette entreprise les a embauchés sous le statut d'autoentrepreneurs, sans vérifier leur titre de séjour et, quand le scandale éclate, décide de les priver de travail ».
Dans ce contexte, l'engagement de tous les syndicats, des militants et plus largement des salariés et des citoyens pour les droits des travailleurs migrants et leurs familles et pour l'égalité des droits s'avère d'une importance particulière ce 20 juin 2020, et bien au-delà de cette seule journée.
Selon le dernier rapport annuel du HCR (18 juin 2020)
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