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Haïti

Solidarité face au régime de Jovenel Moïse

8 avril 2021 | Mise à jour le 8 avril 2021
Par | Photo(s) : Sabin Johnson / AFP
Solidarité face au régime de Jovenel Moïse

Manifestation à Port-au-Prince, le 28 mars, pour dénoncer le projet de référendum constitutionnel du président Jovenel Moïse.

Le changement de Constitution annoncé par le président Jovenel Moïse, qui donnerait encore plus de pouvoir à l'exécutif, se heurte au refus de la population. Qui crie à la dictature, sur fond de corruption, de chômage, de pauvreté et d'insécurité, comme en témoigne la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP).

Trente-quatre ans après l'adoption d'une constitution « républicaine » mettant fin au régime de Jean-Claude Duvalier et de ses Tontons macoutes, c'est par centaines de milliers que les Haïtiens se sont retrouvés dans la rue les 28 et 29 mars derniers. Pour fêter l'évènement ? Pas vraiment. « Les gens sont sortis pour dire non à la dictature, non au projet de référendum pour une nouvelle constitution visant à réduire les libertés publiques et à blanchir les actes délictueux commis par les hauts fonctionnaires de l'État et les dignitaires du gouvernement », témoigne Yvel Admettre, secrétaire général de la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP).

Corruption accrue

C'est que, si « la corruption fait partie de la vie politique haïtienne depuis toujours, elle a encore été plus forte sous la présidence de Jovenel Moïse. Lequel n'a pas rendu son mandat l'année dernière et se refuse à convoquer de nouvelles élections », explique Marie-Christine Naillod, en charge des relations avec les Amériques à la CGT. Surtout, « 10 ans après le tremblement de terre et des milliards d'aide au développement, il n'y a aucun développement en Haïti. Aucun. » Et l'argent a disparu.

Chômage et insécurité

« Haïti est une bombe à retardement ! », confirme le président de la CTSP, Jean Bonald Golinsky Fatal, « le chômage bat son plein, 4,5 millions de Haïtiens sont en insécurité alimentaire [sur 11 millions d'habitants, NDLR] et la dictature est à horizon ». Ce n'est pourtant pas là les seules préoccupations des Haïtiens. « Le plus grand souci de la population est aujourd'hui sécuritaire. Les quartiers pauvres, hostiles au président, sont envahis par des gangs à la solde du gouvernement et des gens sont assassinés en pleine rue en toute impunité. »

Violente répression antisyndicale

Et la menace est d'autant plus réelle que l'on ose élever la voix. « Tous les syndicats qui osent critiquer les politiques sociales, économiques, environnementales, sécuritaires, éducatives… du gouvernement prennent le risque de voir leurs dirigeants assassinés, arrêtés ou licenciés », précise Jean Bonald Golinsky Fatal, rappelant au passage que « les syndicats devant renouveler leur attestation d'enregistrement tous les deux ans, ceux qui ont des positions critiques se voient empêchés de le faire ».

Résultat : des dirigeants du Syndicat de la Police nationale locale sont qualifiés de « terroristes » pour avoir critiqué la politisation et l'instrumentalisation de la police par les autorités et « des locaux de la CTSP sont envahis et occupés par des bandits à la solde du pouvoir ».

Quelle responsabilité de la France ?

« Comment un candidat autre qu'un partisan du pouvoir pourrait faire campagne quand la police a quasiment perdu le contrôle du territoire et que chaque quartier est sous contrôle d'un gang ? », interroge le président de la CTSP. Question à laquelle il est d'autant plus difficile de répondre que les positions du Core Group sur Haïti (regroupant des pays dits « amis » de Haïti, et composé de représentants des Nations unies et de l'Organisation des États américains, des ambassadeurs du Brésil, Canada, Espagne, États-Unis, France, Union européenne, ce groupe est très influent), qui appelle à « un renouvèlement démocratique » tout en soutenant le président Moïse dans ses restrictions progressives des libertés, sont pour le moins ambigües.

« La France doit se positionner clairement face à la position du Core Group sur Haïti et se désolidariser si elle ne veut pas être complice du génocide à venir », insiste Jean Bonald Golinsky Fatal. Appel relayé par la CSI, et la CGT, qui invite les membres de ce groupe à « suspendre immédiatement toute aide et assistance à Jovenel Moïse et condamner les atteintes aux droits humains et syndicaux du peuple haïtien. »

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