A la PJJ, la colère continue de répondre au mépris
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Ce 8 septembre 2021, 84 salariés de Verallia (fabrication de bouteilles) étaient assignés au tribunal des prud'hommes de Chalon-sur-Saône, la CGT y appelait à un rassemblement pour dénoncer la contestation par la direction du droit de retrait qu'ils avaient exercé à la suite du suicide en 2018 d'un de leurs collègues.
« La direction est fidèle à elle-même. Elle a créé des problèmes aux salariés pour qu'ils ne puissent pas se rassembler devant le tribunal, car leur priorité aujourd'hui était de ne pas arrêter l'usine » commente désabusé le délégué CGT Christophe Bride. Christophe avec un autre élu CGT est par ailleurs encore lui-même sous le coup d'une autre procédure, visant à le licencier, suite à une alerte lancée sur la présence d'amiante dans l'usine.
Verallia : après le suicide d’un salarié, les conditions pour continuer
« Il y a eu trois procédures de licenciements dont deux toujours en cours et qui sont au tribunal administratif. Dans cette entreprise, ils veulent tuer la CGT » enchaîne Maître Ralph Blindauer, avocat de la CGT. Et de revenir sur la plaidoirie qu'il vient de tenir au conseil des prud'hommes : « Sur le droit de retrait, la direction le confond avec la procédure de droit de danger grave et imminent. Le droit de retrait est individuel et a un caractère purement subjectif. Il faut que le salarié ait un motif raisonnable de penser que sa santé ou sa sécurité sont en danger. Un motif raisonnable est forcément une appréciation subjective du salarié qui s'apprécie au regard du contexte de l'entreprise. Or ici, c'est une entreprise où il y a eu douze suicides ou tentatives de suicides au cours des douze dernières années. Les conditions de travail sont épouvantables depuis que le fonds Apollo a repris Verallia à Saint-Gobain. Avec Saint-Gobain, il y avait quand même un certain nombre d'accords favorables aux salariés. Mais après le rachat, ils ont été remis en cause, c'est la chasse aux syndicalistes, on taille dans les effectifs en ayant l'objectif de produire plus de bouteilles avec moins de monde. Ils poussent vers la sortie tous ceux qui sont affaiblis par les conditions de travail et ceci a créé une ambiance catastrophique. »
« Cette direction conteste le droit de retrait alors qu'ils se sont exonérés de tenir le CHSCT qui aurait dû l'être dans les 24 heures. Ils ne paient pas les salariés qui ont fait valoir leur droit de retrait mais quand ces derniers sont convoqués au tribunal, leur seul souci est de faire tourner l'entreprise » s'emporte encore Christophe.
Amiante : trois syndicalistes lanceurs d'alerte menacés de licenciement chez Verallia
Maître Blindauer revient une nouvelle fois sur les circonstances qui ont généré la réaction des salariés : « Les salariés ont cessé le travail sans que la CGT y ait appelé et la direction estime que c'est une grève qui détourne le droit de retrait. Ce n'est pas le cas, car ce n'était pas une grève. Un droit de retrait bien qu'individuel, peut être collectif dans le sens qu'il est une addition de droits individuels. Les 83 présents au jugement étaient chacun en mesure de dire ce qui le motivait individuellement pour estimer que leur santé était en danger. Or le suicide que les salariés ont appris en pleine nuit a créé un trouble tel que plusieurs ont dû se mettre sous antidépresseurs. Ici, ils n'en pouvaient plus de travailler dans de telles conditions. Depuis ce suicide, nous avons connu deux autres suicides à Cognac. »
Pour la CGT, il est clair que la direction a fait preuve d'inhumanité envers leur collègue, qui dans le contexte de licenciements l'avait accablé de reproches professionnels lors d'un entretien qui a précédé son passage à l'acte.
Sans s'étendre sur caractère particulièrement inhumain des relations sociales au sein de l'entreprise, notons qu'Apollo est un de ces fonds américains réputé pour sa gloutonnerie en matière de rachats d'entreprise industrielles par LBO, c'est-à dire un effet de levier à la visée purement financière.
À l'image de la fonderie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), les salariés des entreprises qui passent provisoirement sous sa coupe n'ont guère d'illusion à se faire : il n'y a aucune stratégie industrielle à long terme. À l'heure où ce même fonds envisage de nouvelles acquisitions, comme Kem One à Fos et Lavera, les syndicalistes des différentes entreprises concernées pourront certainement utilement échanger sur leur expérience respective de cet Attila de l'industrie. Pour l'heure, ceux de Verallia attendent la décision du tribunal des prud'hommes de Chalon-sur-Saône qui est annoncée pour le 17 novembre 2021.
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