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La colère monte au sein du groupe d’électronique de défense. En cause, la politique des salaires que la direction rechigne à augmenter malgré les mobilisations baptisées « Thales morte » qui s'enchaînent de semaine en semaine sur l'ensemble de ses sites et entreprises du groupe. Résultat, les négociations annuelles obligatoires, NAO, qui devaient s’ouvrir début février sont au point mort, boycottées par l’intersyndicale CGC, CFDT, CGT, CFTC qui exige un ticket d'entrée en négociation d'au moins 4 % minimum pour tous, applicables à partir du 1er janvier.
Le mécontentement qui s’exprime, y compris par des appels à la grève sur certains sites, comme à Saint-Héand (Loire), est la suite logique de deux années successives de vaches maigres pour les quelques 40 000 salariés du groupe. Et de fortes tensions entre la direction générale et les syndicats représentatifs autour de la politique salariale, très sélective, instaurée depuis deux ans pour répondre aux seules exigences du capital : avances sur dividendes versées en décembre aux actionnaires pour anticiper les très bons résultats de l'exercice 2021 ; ruissellement de bonus (sous forme d'actions gratuites) aux montants faramineux pour les principaux dirigeants et le Pdg du groupe; distribution de 77 % du résultat net consolidé de 2020 aux seuls actionnaires, versus gel des augmentations pour les salariés. « Depuis son entrée au CAC 40 en 2019, la direction tend à sur-rémunérer le capital au détriment du travail et des salaires », constate Jérôme Polveroni, délégué central CGT de Thales DMS, à Sophia-Antipolis.
Sur ce site de la Silicon Valley de la Côte d'Azur qui emploie quelques 800 ingénieurs-cadres, techniciens, le mécontentement est palpable et même mesurable : « On enregistre une forte poussée d'adhésions à la CGT, une quarantaine en quelques semaines, de salariés qui ne s'étaient jamais syndiqués et qui aujourd'hui nous sollicitent pour organiser des mobilisations, c'est inédit», fait valoir Jérôme Polveroni.
La posture de direction n'est pas étrangère à ce retour du collectif de travail qui se solidarise autour de ses syndicats : après deux années consécutives de gel total des augmentations pour un tiers des salariés et de revalorisation minimale (1,5 %) pour les autres, la direction a également plafonné les primes de participation et d'intéressement (réduites à un demi mois de salaire). Non contente de quoi, elle tente à présent d'instituer en norme ce système très restrictif de redistribution des profits. Au grand dam des salariés qui contestent le fondement économique de cette austérité salariale et réclament logiquement leur part du gâteau. « Le carnet de commandes est plein, le taux de rentabilité est de 12 % et les projections de CA sur 2022 s'inscrivent en forte hausse, il n'y donc pas d'arguments valables à nous opposer pour rejeter nos exigences ».
Restée jusqu'ici sourde à ces revendications pourtant bien légitimes, la direction de Thales semble même s'ingénier à attiser le mécontentement. Ainsi, dans une note de cadrage du 28 janvier (un préalable à l’ouverture des NAO), elle a annoncé une enveloppe globale de + 3,5 % de budget maximum pour couvrir toutes les revalorisations de salaires : « Autrement-dit, circulez, il n'y a rien à négocier » s' indigne Jérôme Polveroni en soulignant la déloyauté du procédé et la pingrerie de l'enveloppe budgétaire: « 3,5 %, ça peut paraître à priori raisonnable, sauf que non puisque cette augmentation ne s’appliquera qu’à partir de juillet, ce qui la ramène de fait à 1,72 % pour l’ensemble de l’année », précise –t-il.
Instauré en 2020 au prétexte de crise sanitaire et d’incertitudes économiques des perspectives de croissance, ce stratagème de l’augmentation « truquée-tronquée-différée » qui ampute de six mois/an les augmentations de salaires ne passe plus auprès des salariés pris en étau entre le gel des salaires et la flambée de l'inflation qui continue de rogner leur pouvoir d'achat. D'où ces deux conditions sine qua non adressées à la direction via leurs syndicats: une revalorisation générale d'au moins 4 % et de 2 % minimum d'augmentations individuelles pour tous, applicables dès le 1er janvier et abolition définitive de ce jeu de dupes des augmentations tronquées et différées.
En d'autres termes, ils exigent que « leur contribution aux excellents résultats du groupe et leur engagement collectif sans failles », dont la direction de Thales fait régulièrement l’éloge dans ses communications internes, ne se payent plus que de bons mots, mais se traduisent en rémunérations, sonnantes et trébuchantes.
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