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Quelle politique bancaire pour le jour d’après ?

Valérie Lefebvre-Haussman
4 mai 2020 | Mise à jour le 8 mai 2020
Par | Secrétaire générale CGT FSPBA
Quelles pistes pour l’économie pour le « jour d’après » ? Les annonces gouvernementales sur le dispositif d’aides aux entreprises se limitent à des prêts garantis, et laissent les banques choisir qui aider. La stratégie d'investissement doit être en phase avec un État stratège.

Dans le cadre de la politique de soutien à l'économie suite à la crise sanitaire, le gouvernement a annoncé la mise en place d'un dispositif de prêt garanti par l'État (PGE). L'enveloppe des emprunts garantis a été fixée à hauteur de 300 milliards d'euros. Il s'agit de répondre aux besoins de trésorerie des entreprises impactées par la crise.

Il ne s'agit donc pas de « cadeaux aux entreprises », mais de possibilité d'emprunts. Les banques étant frileuses en période de crise, la garantie d'État est là pour les assurer d'une prise en charge par l'État à hauteur de 90 %. (Mais l'intervention de l'État s'arrête là. Toutes les mesures se trouvent là : https://www.economie.gouv.fr/covid19-soutien-entreprises) sans  fixer réellement les contours en matière d'analyse de risque. Ce sont aux banques d'analyser le dossier, de vérifier la note Banque de France des entreprises. Le risque qu'elles prennent est donc limité à 10 % de l'emprunt demandé au cas où l'entreprise ne puisse rembourser in fine

La fédération bancaire française l'a annoncé dès le début. Les banques ne pourront pas sauver toutes les entreprises et ces prêts seront octroyés sur les bases d'avant crise. En clair, les banques ne prêteront pas aujourd'hui aux entreprises déjà en difficultés avant la crise sanitaire. Pour les banques la garantie de l'État ne s'applique qu'aux conséquences financières liées à la situation sanitaire. Ceci entraine le mécontentement d'entreprises qui pensaient pouvoir se donner un second souffle avec la garantie apportée par l'État via la Banque publique d'investissement (BPI).

Il y a trop de refus non motivés, et parfois au-delà des 5 jours de traitement des demandes. De ce fait le médiateur du crédit est parfois saisi de demandes. Ainsi lorsqu'une petite entreprise, un commerce ont demandé le chômage partiel de leurs salariés, il faut néanmoins continuer à régler les salaires avant que l'État les rembourse. C'est la définition d'un crédit de trésorerie.

Comme dans toute crise, ce sont les petits commerces fermés qui risquent le plus la liquidation ou la faillite. Ce sont eux qui ont besoin d'aide, car les coûts fixes continuent à courir. C'est la même situation pour le maraîcher bio avec 3 salariés ou le restaurant qui ouvre pour les vacances d'avril…
Pour nous, la distribution du crédit correspond donc à une urgence lorsqu'il s'agit de trésorerie et devrait être satisfaite

Mais nous devons également réfléchir au jour d'après. À l'évidence, il y aura des unités de production, des usines, un secteur industriel à réorienter, fortifier pour le jour d'après. Et cela nécessite des investissements que, là aussi, l'État devrait encourager pour relocaliser des productions. Il n'y a rien d'essentiel à poursuivre la construction de moteurs diesel, mais il y a nécessité pour les salariés comme pour notre santé à fabriquer des respirateurs pour nos hôpitaux. Les exemples peuvent se multiplier.

Les banquiers sont loin de ces pratiques. Tout autant qu'ils l'ont été après la crise financière de 2008. Parce que la stratégie d'investissement doit être en phase avec un État stratège, il y a le besoin de missions de services publics à fixer au secteur bancaire.
La CGT milite depuis de nombreuses années pour répondre à ces questions par la création d'un réel pôle public financier au service de l'économie réelle (Fiche 35a des repères revendicatifs de la CGT : Pôle public financier ). Par le renforcement de l'épargne règlementée gérée par la Caisse des dépôts et consignation.

La situation n'est pas toujours simple pour les salariés des banques en charge des dossiers des entreprises. Et on observe parfois des incivilités vis-à-vis des conseillers qui sont amenés à signifier un refus de crédit. On peut comprendre la colère, mais c'est aux banquiers et à l'État d'assumer leurs choix pas aux salariés.