Au musée d'histoire vivante de Montreuil, la mémoire ouvrière à l’honneur
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Tantôt idéalisés en une image romantique, tantôt stigmatisés comme délinquants potentiels les Tsiganes ont toujours été considérés en marge par un grand public souvent ignorant de leur réalité. Leurs dénominations mêmes reflètent cette méconnaissance : Bohémiens, Romanichels, Roms, Gitans, Sinti, Manouches, Romanis, gens du voyage, forains, nomades. On catalogue ainsi dans une case des « étrangers », différents, extérieurs à la communauté installée. Il n'est donc pas inutile de rétablir quelques faits éclairant « l'histoire photographique de 1860 à 1980 » qui constitue cette exposition.
Si tout peuple est « de sa langue », ce sont les linguistes qui, à la fin du XVIIIe siècle, ont établi que les ancêtres des Tsiganes – dont la langue (le romani) est parente du sanskrit – ont vécu dans le nord-ouest de l'Inde il y a plus d'un millénaire. Leur sortie progressive d'Inde, avec la trace de leur présence en 1150 à Constantinople, puis en Serbie, en Croatie, en Transylvanie, pour arriver en 1419 en France et essaimer dans toute l'Europe pendant le siècle suivant, fait d'eux un peuple véritablement européen depuis le XVe siècle. Une réalité historique à méditer et à opposer au racisme ordinaire qui tend à les renvoyer loin d'un « chez nous » où ce peuple d'environ 7,7 millions d'âmes (estimation du nombre de Tsiganes en Europe en 1993) vit depuis plus de six siècles…
Cette vision d'« étranges étrangers » pèse sur les Tsiganes, peut-être plus que sur tout autre peuple, car l'histoire témoigne qu'ils ont été trop souvent, et jusqu'en ce XXIe siècle, les boucs émissaires du malaise de sociétés qui se retournent contre le plus vulnérable plutôt que contre le puissant abrité der- rière les murs de sa richesse… Terrible exemple, le Samudaripen – le génocide des Tsiganes (Samudaripen, le génocide des Tsiganes, Claire Auzias, l'Esprit frappeur) – qui vit l'internement et l'extermination de centaines de milliers de Tsiganes (entre 250 000 et 500 000) par les nazis et leurs alliés, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en Bohême-Moravie, en Slovaquie, dans les pays baltes, en Roumanie, en Croatie et en Serbie, dans l'Italie de Mussolini et la France de Vichy.
De cette mémoire, il existe peu d'images. Non seulement elles furent peu nombreuses ou détruites, mais « le peuple tsigane n'est pas un peuple du souvenir, mais de l'oubli, un peuple de la vie sans cesse réinventée au présent ». Où l'on parle généralement peu des morts, de crainte qu'ils ne hantent les vivants. De même furent effacées par les différents pays les traces des camps d'internement honteux où les Tsiganes côtoyèrent résistants, républicains espagnols, communistes ou intellectuels dissidents. Les quelques documents photographiques qui en témoignent, si petits, si anciens, n'en sont pas moins émouvants : par ce qu'ils montrent, mais peut-être plus encore par tout ce qu'ils ne montrent pas…
« Mondes tsiganes, la fabrique des images »jusqu'au 26 août 2018. Musée de l'Histoire de l'immigration, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e.
Retrouvez la suite de l'article sur l'exposition dans le numéro 3570 de la NVO, de juin 2018
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