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LIBERTÉ DE LA PRESSE

Un code de la liberté de la presse pour la police

23 janvier 2020 | Mise à jour le 31 janvier 2020
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Réunis à Paris mercredi 22 janvier, le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias, la Fédération européenne des journalistes et la SNJ-CGT lançaient un Code de la liberté de la presse pour la police afin de sensibiliser les forces de l'ordre sur leur travail et éviter les violences dont ils sont les victimes.

Trop, c'est trop ! « Partout en Europe, en Allemagne, en Roumanie, en Grèce, en Espagne ou en Italie, partout, il y a de plus en plus de confrontations entre des journalistes et la police », constate Jane Whyatt, membre du Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF), venue à Paris pour le lancement, ce mercredi 22 janvier, d'un Code de la liberté de la presse pour la police destiné aux forces de l'ordre françaises.

Une initiative soutenue par la SNJ-CGT. Et manifestement bienvenue à l'heure où, comme le rappelle, Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat : « la situation se dégrade de jour en jour » aussi ici en France, pays où les journalistes ne semblent désormais plus protégés par leur carte de presse. « Quand tu montres ta carte à la police, ils te répondent qu'ils n'en ont rien à foutre », résume Emmanuel.

Les chiffres témoignent, hélas, de cette nette dégradation des relations entre la police et la presse en général. Entre mouvement des Gilets jaunes et luttes contre la réforme des retraites, c'est plus de 200 journalistes, de ceux de France Télévisions aux photographes pigistes, qui ont été attaqués, matraqués, gazés, blessés, placés en garde à vue ou ont vu leurs outils de travail, caméras, appareils photos voire téléphones portables, endommagés, cassés ou saisis par la police alors qu'ils ne faisaient qu'exercer leur métier.

Les journalistes ont un rôle spécial dans une démocratie

La confiscation récente du portable de Taha Bouhafs, qui avait informé de la présence d'Emmanuel Macron et de sa femme au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, ou encore la plainte déposée par Reporters sans frontières aux côtés de treize journalistes eux-mêmes victimes de ces violences policières en sont de tristes exemples.

« Tous les journalistes, les médias ont un rôle spécial dans une démocratie, car les citoyens ont le droit d'être informés. Or ces violences policières constituent des entraves à la liberté de la presse », affirme Jane Whyatt qui entend, à travers ce code, rappeler quelques règles de base aux forces de l'ordre concernant la liberté de la presse.

Comme le fait que « toute violence contre des journalistes est inacceptable », que la police « n'est pas autorisée à effacer les images ni à confisquer leur équipement », ou encore le droit, pour les journalistes, de « faire un rapport sur le travail des forces de police ». Et l'ECPMF et la SNJ-CGT de demander également à ce que « la police soit formée et régulièrement informée sur les droits des journalistes ».

Reste que les policiers ne sont pas les seuls à entraver le travail des journalistes. L'État n'est en effet pas le dernier à leur mettre des bâtons dans les roues. Et si l'Histoire nous montre que gouvernements et gouvernants raffolent peu de critiques ou de questions embarrassantes, force est de constater que, depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Macron est loin d'être un chantre de la liberté de la presse.

La Macronie s'assoit sur la liberté de la presse

La loi sur le secret des affaires en juillet 2018, laquelle permet aux entreprises de se débarrasser, voire de déposer plainte contre quiconque, journalistes ou lanceurs d'alerte, s'intéresse de trop près à certaines de leurs activités, celle contre la « manipulation de l'information », dite loi contre les fake news, en novembre de la même année, texte dont les définitions sont assez vagues pour constituer une atteinte au droit à l'information.

Et maintenant une loi contre les « contenus haineux sur Internet » à l'Assemblée nationale afin de forcer les plateformes numériques, médias sociaux ou moteurs de recherche, à faire disparaître tout contenu jugé « manifestement illicite » dans les 24 heures sous peine de 250 000 euros d'amende sont autant d'attaques contre les journalistes.

« On doit aujourd'hui faire face à un arsenal législatif qui se durcit », confirme Pablo Aiquel, secrétaire à la vie syndicale de la SNJ-CGT. « Et les communiqués, les lettres envoyées au gouvernement pour protester n'ont aucun effet. » Bien loin donc des vœux présentés à la presse par le président Macron le 15 janvier dernier, lequel souhaitait « que tout journaliste soit protégé de la violence et puisse faire son travail comme il doit le faire » et affirmait que « la défense du pluralisme, c'est la défense de la démocratie ».

De belles paroles qui n'émeuvent guère Pablo. « On est dans le royaume de la communication. Les élus racontent ce qu'ils veulent en fonction de leur agenda », déplore-t-il. Comme quand ils nous assurent qu'il n'y a pas de violences policières par exemple…