Travail d'artistes, artistes au travail
Le travail des artistes plasticiens en question, dans le cadre du Cabaret de l’Union, à Roubaix vendredi 24 octobre à 19h. Oui, les artistes expriment leur désir... Lire la suite
nvo : La CGT a réuni les dirigeants de ses organisations pour aborder une rentrée particulière, lourde d'enjeux et de responsabilités. Mais la période estivale a également été chargée d'événements particulièrement inquiétants sur le plan international. Comment les militants ont-ils vécu ces événements ?
Marie-Laurence Bertrand : Ce qui se passe dans le monde a été particulièrement présent dans nos débats. Des bombardements sur la bande de Gaza, aux conflits armés en Ukraine et en Irak, les militants de la CGT comme les salariés ont été profondément touchés par la situation dramatique que vivent les populations de ces pays.
Mais j'ai le sentiment que les images terribles qui nous ont accompagnés tout au long de l'été ont renforcé le besoin d'engagement pour ces valeurs essentielles de notre combat et de notre histoire, l'action pour la paix et la sécurité des peuples. Une deuxième chose m'a frappée, c'est le lien que font les militants entre la dégradation de la situation économique dans le monde et l'explosion des inégalités avec les foyers de guerre. L'évolution du capitalisme s'accompagne en effet du développement de la pauvreté et d'une pauvreté extrême dans certains pays, qui sont autant de ferments de conflits, de manifestations d'extrémismes et de communautarismes. Jamais les inégalités n'ont été aussi grandes, on assiste à des émeutes de la faim dans un monde qui étale ses richesses.
J'ajoute que l'attitude et les réponses que le gouvernement français a apportées à ces conflits ont, dans la plupart des cas, choqué les militants. C'est particulièrement vrai pour l'agression subie par les populations de la bande de Gaza. Les positions du gouvernement, soutenu par une couverture médiatique pour le moins partisane, rompaient en effet avec la politique constante de la France face au conflit entre Israël et la Palestine. La CGT, depuis toujours engagée pour le respect des droits du peuple palestinien, a exprimé avec force sa condamnation des bombardements des populations civiles de Gaza et réclamé que la France joue pleinement son rôle afin d'arrêter les massacres.
L'assassinat d'un jeune noir dans la ville de Ferguson, aux États-Unis, et la révélation pour beaucoup de la persistance de comportements racistes dans ce pays phare de l'Occident, n'est pas sans rappeler la montée de l'extrême droite en Europe et c'est ce qui inquiète les militants.
Ces événements peuvent-ils, à votre avis, peser sur les conditions de mobilisations des salariés ?
Oui, je crois, d'autant qu'on peut avoir le sentiment que notre gouvernement ne fait pas ce qu'il faut pour favoriser le règlement des conflits. La façon aussi dont les médias semblent privilégier systématiquement, par exemple, les motivations de l'État d'Israë,l n'étaient pas de nature à apaiser les tensions mais plutôt à justifier son action militaire. Comment ne pas s'étonner que les sanctions prises contre la Russie dans le conflit avec l'Ukraine soient légitimées alors que rien de tel n'est évoqué à propos des bombardements de Gaza ?
Dans ce contexte, comment les militants abordent-ils la rentrée ?
J'ai été frappée par le sérieux, la gravité même et la qualité d'écoute qui ont imprégné les nombreuses interventions. Des échanges francs, avec la volonté de « ne pas s'en raconter ». Un souci d'analyser au plus près la réalité vécue dans les entreprises et les territoires. Le mot « construire » est revenu souvent dans les débats, marquant la nécessité et la volonté d'appréhender au mieux les situations pour nourrir et stimuler la mobilisation des salariés.
C'est vrai qu'on assiste à une rentrée plutôt mouvementée. Le premier ministre nous avait annoncé une rentrée difficile, sous-entendu pour les salariés et leurs familles, mais c'est aussi son gouvernement qui se trouve dans la tourmente. À quoi attribuez-vous ce qui ressemble à une crise de la gouvernance du pays ?
Ce que l'on peut constater, c'est que la « fronde » de deux ministres, et pas des moindres, de l'économie et de l'éducation, s'est ajouté à une série de contestations et de protestations manifestées cet été contre la politique suivie par le gouvernement. La formation du nouveau gouvernement confirme un certain isolement de cette politique. Si nous avions parfois le sentiment d'être un peu seuls à exiger un changement de cap, ce n'est manifestement plus le cas. Le monde universitaire, celui de la recherche, nombre d'économistes même, dénoncent l'idée qu'il n'est d'autre alternative que les choix de l'austérité et de la réduction des dépenses publiques.
Les chercheurs, par exemple, relèvent que ces choix, non seulement génèrent des situations dramatiques, mais ils interdisent toute perspective d'innovation et par conséquent de développement industriel et économique. Et, ce qui est relativement nouveau, ils affirment qu'il est possible de faire autrement.
Une réflexion revient de plus en plus souvent dans les débats au sein de la CGT, selon laquelle on ne peut se contenter de constater les dégâts de la politique actuelle, de protester, avez-vous dégagé des nouvelles pistes de réflexion ?
Ce qui ressort des échanges que nous avons eus, ce sont les premiers effets de la campagne que nous menons sur les coûts du capital. Cette campagne participe à la recherche de solutions alternatives. L'idée que l'argent et les moyens existent pour faire autrement a progressé et les militants ont acquis une certaine expertise qui peut conforter la crédibilité de nos propositions. On retrouve l'idée de construction de nos actions. Cette campagne a été préparée par des journées d'étude, des documents, des recherches qui ont contribué à une meilleure maîtrise des enjeux économiques et particulièrement des éléments de la bataille d'idées sur les causes de la crise et les moyens d'en sortir.
C'est le même type de démarche qu'il nous faut adopter s'agissant de la réforme territoriale : analyse, formation, perspective, pour démontrer la nocivité du projet, démonter ses mécanismes et ressorts, débattre des enjeux et imaginer d'autres choix. Cela doit nous permettre de convaincre les salariés que des solutions autres que celles des stratégies patronales peuvent être mises en œuvre.
D'ailleurs, c'est ce que l'on constate dans les nombreuses luttes qui ont eu lieu cet été. Des luttes différentes mais avec une caractéristique commune : un haut niveau d'engagement, la durée de ces luttes et la conviction qui animent militants et salariés. Plusieurs intervenants ont souligné l'engagement fort de nombre d'actions avec des injonctions fermes à l'égard des directions. « La rémunération des actionnaires, ça suffit, priorité aux salaires et aux investissements ! », « Nous ne voulons plus que l'évolution de la production et des conditions de travail se fassent sur notre dos ».
Autre signe, les revendications sur les salaires et la diminution du temps de travail se développent. Il ne faut pas négliger cette aspiration des salariés à travailler moins. Les effets de l'introduction et de la généralisation des technologies numériques soulèvent les questions de l'organisation et de la durée du temps de travail. Il faut que nous y soyons très attentifs.
Dans une telle situation on ne peut se présenter en « donneur de leçons », mais au contraire, intéresser et associer les salariés à la recherche de solutions. À charge pour le syndicat de nourrir leur réflexion de nos propres éléments de réflexion. Et cela à partir de la réalité qu'ils vivent, de leur travail notamment, tel qu'ils l'assurent mais aussi tel qu'ils voudraient mieux l'assurer. Dans nos échanges j'ai relevé, par exemple, une tonalité plus humble qu'à l'habitude dans l'expression des dirigeants, visiblement conscients des efforts qu'il nous reste à produire pour nous rapprocher des salariés. Certains même ont manifesté une véritable inquiétude sur l'éloignement qui caractérise les rapports entre le syndicat et les salariés. Avec les conséquences visibles : « Les salariés ne nous entendent pas, nous ne sommes pas crédibles, nous peinons à renforcer nos bases syndicales… »
Dans la perspective des élections dans la Fonction publique, des camarades nous ont alertés sur les risques d'abstention, voire de rejet de l'action syndicale. Dans certaines luttes, autre exemple de ces contradictions, une forte mobilisation dans des grèves longues et, en même temps, l'impossibilité de les faire converger, de les élargir au-delà des revendications locales. En prendre clairement conscience, c'est se donner les moyens d'y répondre.
Notre assemblée, de ce point de vue, a été empreinte d'autant de lucidité sur nos difficultés, sur l'état de nos organisations, que d'engagement à y remédier. Le souci d'une plus grande proximité avec les salariés s'est manifesté avec force.
Alors, que se propose de faire la CGT ?
Notre objectif, c'est de mobiliser les salariés, cela n'a pas changé. La question, c'est comment. Une camarade a repris l'expression : il nous faut expliquer pour comprendre et comprendre pour mieux agir. C'est d'ailleurs pourquoi la bataille d'idées doit prendre toute sa place dans notre activité et je pense que la NVO joue un rôle important dans cette bataille. Cela a été notamment le cas avec la brochure sur le coût du capital ou celle consacrée à l'extrême droite.
La question de la visibilité de la CGT est aussi décisive, car nous subissons une campagne médiatique systématique de décrédibilisation. Cet acharnement, notamment à l'occasion des conflits sociaux, rend compte de la crainte que suscitent nos initiatives et nous ne devons pas sous-estimer notre rôle et notre force dans la construction du mouvement social. Cette force, il nous faut la rendre plus pertinente encore en intervenant sur les questions du travail, ses conditions, sa qualité, ses améliorations et évidemment sa rémunération. Faire la démonstration, sur le lieu du travail et sur le travail, des possibilités de changer les choses, maintenant et durablement.
Quel est le plan d'action, le plan de travail de la CGT pour les semaines à venir ?
Nous avons besoin de perspectives de mobilisation, d'actions convergentes solidaires, c'est vrai pour les militants comme pour les salariés. Dans ce cadre, la première chose à concrétiser, c'est l'engagement. Celui des dirigeants et celui des militants.
Nous avons notamment pris l'engagement de tenir partout, dans le mois de septembre, des assemblées de salariés et pas seulement de militants. En consacrant toute l'attention nécessaire à leur préparation. Il s'agit de les réussir.
Deuxième étape, la campagne sur les retraites avec pour point d'orgue le 30 septembre, journée d'action pour laquelle un accord de principe est intervenu entre l'UCR CGT et huit autres organisations de retraités, pour organiser des actions locales communes en direction des préfectures et des chambres patronales pour exiger la revalorisation des pensions CNAV et complémentaires.
La journée du 16 octobre va s'inscrire dans la campagne de reconquête de la sécurité sociale. Il s'agit d'une initiative confédérale avec les deux fédérations de la Santé et de l'action sociale et des Organismes sociaux. Nous voulons dénoncer le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale et promouvoir notre conception de la Sécurité sociale et de son financement. Ces initiatives seront interprofessionnelles, nous envisageons des rassemblements en régions et un rassemblement national.
Nous allons susciter l'engagement de toutes nos organisations dans la campagne des élections dans la Fonction publique, avec des meetings.
Nous prévoyons également de tenir des réunions interrégionales autour des actions et des luttes dans les entreprises et les territoires, afin de mieux identifier les conditions d'émergence des luttes.
Et, selon la mobilisation constatée lors de ces diverses initiatives et campagnes, nous envisagerons l'organisation d'une initiative interprofessionnelle que nous déciderons lors du Comité confédéral national, en novembre. Un plan de travail bien chargé ! La situation l'exige.
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