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INDUSTRIE

Vallourec : l'emploi sacrifié

20 mai 2022 | Mise à jour le 20 mai 2022
Par | Photo(s) : AFP
Vallourec : l'emploi sacrifié

En 2016, les salariés de l'usine Vallourec de Saint-Saulve se mobilisaient déjà pour sauver leurs emplois

Le fabricant de tubes sans soudure pour l'industrie pétro-gazière, Vallourec, veut délocaliser sa production européenne vers la Chine et le Brésil. Il a annoncé la fermeture de ses usines en Allemagne et de celle de Saint-Saulve (Nord) en France. A la clé, 2 950 emplois dont 320 en France sont menacés.

L’annonce de la fermeture de l’usine de Saint-Saulve et de la fin des activités industrielles en France et en Allemagne n’a pas surpris les syndicats de Vallourec. « On s’y attendait puisqu’en novembre, la direction a mis en vente ses usines allemandes et annoncé l’arrêt de la fabrication de tubes sans soudure en Europe », réagit Philippe Verbek. Pour le responsable du secteur sidérurgie de la FTM-CGT, l’annonce du 18 mai dernier est l’énième, voire l’ultime étape d’un long processus de restructuration financière engagé depuis dix ans; période durant laquelle les salariés de Vallourec France ont écumé pas moins de cinq plans sociaux qui ont saigné à blanc les effectifs. Pas surpris, les syndicats n’en demeurent pas moins amers. En particulier la CGT qui dénonce l’abandon de l’activité industrielle au profit d’une stratégie de financiarisation. Pour preuve, selon elle, la récente montée en puissance de fonds de pension américains vautours au capital du groupe: Apollo (qui s’est illustré dans la ruineuse aventure d’Ascométal) et SVPGlobal.

1 milliard d’euros d’aides publiques

Détenteurs de 41 % du capital de Vallourec, ces deux fonds de pension ont relégué la BPI-France (banque publique d’investissement) au rang de figurant, avec aujourd’hui 2 % des parts du capital contre 15 % auparavant. Et c’est là où le bât blesse. Car depuis 2005, Vallourec a bénéficié de fonds publics considérables. Entre opérations de recapitalisation financées par l’Etat et toutes sortes de crédits d’impôt, sans contreparties pour le maintien de l'emploi et de l’activité industrielle, Vallourec a englouti près d’un milliard d’euros d’aides publiques. A quoi se sont récemment ajoutés 262 millions d’euros de PGE (prêt garanti par l’Etat), à la faveur de la crise sanitaire Covid-19.Ces soutiens financiers officiellement accordés à Vallourec au nom du développement de l’industrie en France par les gouvernements successifs depuis l’ère Sarkozy, auront donc financé une réorientation stratégique qui aboutit aujourd’hui à l’abandon total de l’activité industrielle. Chapeau l’artiste France, qui finance sur deniers publics sa propre désindustrialisation tout en enrichissant des fonds de pensions vautours.

Stratégie de délocalisation

« C’est un scandale politico-industriel comparable à celui d’Alstom/General Electric », affirme Philippe Verbek. Il en veut pour preuve la stratégie totalement assumée par Vallourec de délocalisation de ses activités industrielles européennes vers des pays à moindre coût de main d’oeuvre. Brésil, Asie et en moindre partie, Etats-Unis du Nord seront donc les nouvelles patries industrielles de Vallourec ainsi que l’a annoncé de manière décomplexée le Pdg du groupe, Philippe Guillemot. En contrepartie de quoi, le bassin valenciennois où siège le site de Saint Saulve, promis à la fermeture avec ses 300 emplois, risque d’être particulièrement affecté, économiquement et socialement. Autant de conséquences redoutées par le président des Hauts de France, Xavier Bertrand qui, dans un tweet, a jugé « pas acceptable« , cette « politique continue d'abandon du groupe de ses activités industrielles en France ». Et qui a d’ailleurs organisé une réunion d’urgence, ce vendredi 20 mai à Valenciennes avec les dirigeants de Vallourec, les représentants du personnel et de l'État : “Je veux avoir des confirmations sur l'avenir du site, de la politique industrielle et de l'avenir des emplois. Je veux avoir une vision globale », a-t-il déclaré.

Effet domino dans les fonctions support

La CGT qui, elle, redoute un effet domino à la suite de la fermeture de Saint Saulve, avec suppressions massives d'emplois dans les fonctions support, y participera. Avec ces exigences annoncées dans son communiqué du 19 mai. « Créer les conditions d’une mobilisation générale des salariés du groupe, Français et Européens, exiger du gouvernement qu’il bloque cette énième restructuration et qu’il reprenne la main sur la stratégie de Vallourec. Il en a le pouvoir, ne serait-ce qu’au titre des fonds publics considérables qui ont été accordés à Vallourec ».