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Face à Zemmour, il n'y a pas de neutralité possible ”

Tribune signée par 700 éleves actuels et anciens de l'école supérieur de commerce de Paris
16 décembre 2021 | Mise à jour le 16 décembre 2021
Par | Journaliste
« L'ESCP est une école, pas un média, et se cacher derrière une prétendue neutralité, c'est déjà franchir la ligne rouge », ont tenu à affirmer 700 actuels et anciens élèves de l’ESCP Business school, au sujet d’une conférence tenue par Eric Zemmour au sein de leur école le 10 décembre.
Par cette tribune, les 700 signataires ont avant tout voulu dénoncer haut et fort la position « inacceptable » affichée par la direction de l’établissement qui, interpellée par des centaines d’élèves et professeurs, a prétexté « tenir à respecter une stricte neutralité partisane» pour justifier l’accueil en son sein du sulfureux candidat à l’élection présidentielle.
Une position jugée « intenable et donc, coupable » par les contestataires. D’abord, parce que cette conférence s'inscrit dans le contexte bien particulier d'une bataille culturelle en cours à l'extrême droite qui consiste à «faire baisser le coût d'adhésion aux idées extrêmes» (expression empruntée au politiste Giuliano da Empoli). Or, en étant la première grande école à recevoir le candidat Zemmour, l'ESCP lui a offert une tribune en or.
Ensuite, parce que, par ses positions sur l'État de droit, la place des femmes dans la société, son révisionnisme du pétainisme et de l’histoire de Vichy, ses condamnations pour incitation à la haine raciale, ses obsessions identitaires (liste non-exhaustive), Eric Zemmour n'est saurait être considéré un candidat comme les autres.

Ligne rouge

Le choix de l’accueillir à l’ESCP revient donc à franchir une « ligne rouge » loin d’être anodine puisqu’elle a été définie par l’école elle-même dans sa charte « Inclusion et diversité ». Imposée à tous les élèves, elle promeut pêle-mêle l'égalité hommes-femmes, la lutte contre toutes formes de discriminations et oblige les étudiants au respect de la diversité et de la singularité de chacun, notamment sur des critères d'orientation sexuelle, d'origine, de croyance religieuse, bref, autant de valeurs éthiques et politiques en rupture totale avec les idées du candidat Zemmour.
A l’aune de quoi, lui offrir une tribune face à des élèves de première et deuxième année revient de facto à renier cette charte et partant, à décrédibiliser les valeurs portées par l’école. « Signer une charte que l'on n'applique pas, cela s'appelle du social-washing », dénoncent ainsi les contestataires qui appellent la direction à rendre des comptes à la communauté étudiante et enseignante. En soulignant que face au péril Zemmour, une école de l’envergure d’ESCP ne saurait cultiver l’ambigüité ou jouer avec le feu.