8 août 2019 | Mise à jour le 8 juillet 2019
Florent Gueguen est le directeur général de la
Fédération des acteurs de la solidarité, un groupement de 870 associations et organismes dont le travail porte sur la solidarité, l’entraide, le support et l’aide aux personnes démunies.
LexiqueIAE : insertion par l'activité économique
PEC : parcours emploi compétences
Quel est votre bilan du lancement des parcours emploi compétences (PEC) ?
Les parcours emploi compétences ne marchent pas. Leur taux de financement public est inférieur à celui des ex-contrats aidés, or ils nécessitent davantage d'accompagnement. Les structures d'insertion sont donc obligées de sélectionner les personnes les plus employables.
En fait, les PEC pâtissent d'un discours gouvernemental qui reste très opposé aux emplois aidés. Non seulement Muriel Pénicaud n'y croit pas, mais nous avons l'impression que le gouvernement souhaite amener l'IAE sur le modèle de l'entrepreneuriat social, le calquer sur le secteur privé. Si cela se fait, ce sera au détriment des plus précaires, ceux qui ont besoin d'un sas avant d'accéder au marché du travail ordinaire.
Pourtant, le plan pauvreté prévoit la montée en charge de l'IAE…
Le gouvernement annonce 100 000 emplois d'IAE supplémentaires d'ici à 2022 après avoir supprimé 200 000 contrats aidés en deux ans. Le solde est négatif ! Aujourd'hui, le pays a perdu beaucoup d'emplois qui étaient accessibles à des personnes ayant des problèmes de qualification, d'accès aux droits, de logement, de santé, de garde d'enfants pour les mères seules, etc. L'IAE doit aussi compenser cette politique de destruction des contrats aidés. Mais sa force c'est justement de montrer que tout le monde est employable et que la majorité de la population souhaite travailler.
Quel est l'enjeu de la réforme du secteur de l'IAE ?
Nous suivons la montée en charge voulue par l'État tout en surveillant l'évolution de son financement. Notre fédération soutient particulièrement les chantiers d'insertion, qui proposent des postes plus accessibles aux personnes les plus pauvres et les plus éloignées du marché de l'emploi. Pour que ces postes existent et soient pérennisés, l'État doit accepter qu'ils soient moins productifs que le privé et assumer un subventionnement de 70 à 80 %. C'est un enjeu très fort car sinon les structures seront fragilisées économiquement. Bref, moins il y a d'argent public, plus on sélectionne des gens qui sont déjà quasiment employables. C'est un dévoiement de l'IAE.