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12 Jours, quarante-neuvième film de Raymond Depardon, documentariste de Profils paysans ou Délits flagrants, observe en face à face les audiences des personnes hospitalisées sous contrainte présentées au juge des libertés. Dispositif minimal, rigueur sans faille. Magnifique et glaçant.
« Je suis la juge des libertés et de la détention et je suis chargée de vérifier, aujourd’hui, la procédure vous concernant ».
« La procédure ? La procédure c’est au tribunal… moi, je suis jamais passé au tribunal ».
« Non, vous n’êtes pas au tribunal mais vous faites l’ojet d’une procédure d’hospitalisation sous contrainte ».
Douze jours, c’est le délai dans lequel les personnes hospitalisées de force en psychiatrie doivent être présentées en audience à un juge des libertés et de la détention depuis la loi de 2013. D'un côté un magistrat chargé de vérifier la conformité de la procédure et la compréhension de celle-ci par le patient – ce qui ressemble plus à un dispositif anti-bavure qu’à une contre-expertise psychiatrique ; de l’autre, un patient qui peut faire appel de cette décision. Entre les deux naît un dialogue sur le sens de la liberté, de la vie, de la société que Raymond Depardon filme dans un face à face clinique. Une troisième caméra donne au spectateur une vue d’ensemble et permet de parcourir les couloirs, les chambres, les extérieurs et d’installer cette série d’audiences assez brèves dans le temps et dans l’espace : trois mois à l'hôpital du Vinatier de Bron, en bordure de Lyon. Et au milieu d’une solitude…
Le dispositif est connu. C’est celui déployé par le passé dans Délits flagrants (1994) et 10e chambre, instants d’audience (2003). Mais 12 jours donne la parole à des individus soumis à des soins psychiatriques et non pas traduits en justice suite à des infractions au code de la route ou à des délits de droit commun relatés dans les précédents films, même si la santé mentale de ces patients a également pu les mener à des délits ou même des crime. Bien sûr, c’est un document d’information inestimable – qui d’autre que Depardon avec sa notoriété aurait pu décrocher l’autorisation de filmer cela ? – sur l’évolution de l’appareil juridique français. Pas de jugement, pas de regard moralisateur. Mais de l’humanité, beaucoup d’humanité. Car en filigrane, ces parcours de vie ne dévoilent pas que des failles intimes ou des parcours chaotiques. Ils disent aussi des ruptures sociales, économiques effrayantes. Une salariée d’Orange qui tombe en burn out suite à un sentiment de harcèlement par sa hiérarchie, un jeune isolé et planant réclamant des nouvelles de son père qu’il accuse de l’ignorer alors qu’il l’a lui-même assassiné quelques années auparavant, une jeune mère perdue qui ne demande qu’à revoir sa fille… En une dizaine d’entretiens, Depardon interroge la responsabilité de notre société dans ces vies ébranlées pour ne pas dire brisées.
12 joursde Raymond Depardon, 1 h 27.
Sortie le 29 novembre
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