La mobilisation s’impose toujours
Les syndicats se disent déterminés à être entendus par un gouvernement qui veut tourner la page et passer à d'autres réformes. Lire la suite
Décidé depuis l'été par la CGT, le rendez-vous du 12 septembre marque le début de la contestation contre la casse du Code du travail. Dans tout l'Hexagone, une intersyndicale, composée de la CGT, FSU, Solidaires et l'Unef, sera en tête des nombreux cortèges pour défendre les droits des salariés, mais aussi des travailleurs « ubérisés », des chômeurs, des jeunes et des retraités, tous attaqués d'une manière ou d'une autre par les projets du gouvernement.
Contrairement à la mobilisation contre la loi El Khomri en 2016, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, n'a pas appelé à manifester. Mais, en opposition à leur direction nationale, de nombreuses fédérations et unions départementales de FO ont déjà annoncé leur volonté de participer à cette journée de mobilisation (manifestations et grèves dans les entreprises). En toute logique, elles se demandent pourquoi il faudrait s'abstenir de lutter contre des ordonnances qui vont encore plus loin que la loi de 2016 dans la casse sociale. Même chose du côté de la CFE-CGC. François Hommeril, secrétaire général du syndicat catégoriel des cadres, dénonce une « zone à risque vers le dumping social » mais n'appelle pas non plus à la mobilisation. Comme pour FO, des banderoles CFE-CGE seront présentes dans plusieurs cortèges.
Quant à la CFDT, Laurent Berger a dit sa « profonde déception » et même sa « colère » face aux ordonnances mais refuse d'engager sa centrale dans l'action. Devant de telles contradictions, il n'est pas impossible de voir, comme l'an passé, des militants CFDT se rallier au mouvement de contestation de cette remise en cause des droits sociaux.
C'est bien un typhon Macron qui nous est promis (voir le dossier du numéro spécial rentrée de la NVO). Le Medef, toujours insatiable, en veut encore plus. Pour lui, il s'agit d'une « première étape qui va dans le bon sens ». Le gouvernement sous influence patronale prépare d'ailleurs d'autres réformes – assurance chômage, formation professionnelle, retraites… – dont on peut légitimement présupposer qu'elles seront du même tonneau ultra-libéral.
Le tout s'inscrit dans un contexte où le président joue les va-t-en-guerre en multipliant les provocations verbales. Le climat s'est tendu vendredi 9 septembre après le discours d'Emmanuel Macron qui, depuis Athènes, a lancé : «Je serai d'une détermination absolue. Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. » « De qui parle le président lorsqu'il dit qu'il ne cédera rien aux fainéants ? De ces millions de privés d'emploi et de précaires ? », s'est indigné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, fustigeant une déclaration « scandaleuse ». Devant le tollé suscité par ces propos (qui s'ajoutent aux « illettrées de Gad », aux « gens de rien qui passent dans les gares », etc.), La République en marche a bien tenté de placer quelques éléments de langage : « Vous avez peut-être entendu ceux qui reprochent au président d'avoir employé le mot de fainéant (…) contre toute évidence, ils prétendent que ce sont les Français qui étaient visés. C'est l'inverse. Les fainéants sont ceux qui ont eu l'opportunité de réformer le pays mais qui ne l'ont pas fait (…). » Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a affirmé dimanche qu'Emmanuel Macron visait en fait François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. Fainéants, cyniques et extrémistes notoires…
S'il fallait une raison supplémentaire aux citoyens de se mobiliser, la morgue, le mépris de classe qui transpirent chez Emmanuel Macron pourraient suffire. Quand à ceux qui ont lu les décryptages de ces ordonnances, ils savent combien il est urgent de réussir cette mobilisation qui est bien la première étape d'une nouvelle ère libérale où toutes les conquêtes sociales depuis 1936 risquent d'être laminées.
Pour autant, à l'heure où ces lignes s'écrivent, la grande inconnue demeure l'ampleur de la mobilisation. Selon Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, « la grogne monte ». « Les enquêtes d'opinion installent l'idée d'un président de l'injustice sociale. » Reste à savoir si cette colère, que chaque militant perçoit chez ses collègues et ses proches, se transformera en action. Pour la CGT, quel que soit le nombre de manifestants, l'important se passera aussi dans les entreprises. D'ores et déjà, une nouvelle manifestation est prévue le 21 septembre. Manière de dire que le 12 doit être le début d'un processus de mobilisation sociale à la hauteur des attaques que subit le monde du travail.
Retrouvez tous les rendez-vous sur le site cgt.fr : « Loi XXL – Les mobilisations du 12 septembre ».
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