Toutes les inquiétudes de la CGT sont confirmées
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Pour Michel Sapin, ministre des finances, « cette grève n'a plus aucun sens ». Quant à Nicolas Sarkozy, déjà en campagne électorale pour la présidentielle, il dénonce –sur ce sujet comme sur d'autres – « la tyrannie des minorités ». Face aux mobilisations qui ne faiblissent pas, les défenseurs de la loi El Khomri, et habituels pourfendeurs des syndicats, ne sont pas avares de propos outranciers : supposé manque de solidarité des grévistes avec les victimes des inondations, potentielle mise en péril de l'Euro de football, etc.
L'opération de propagande relayée par les grands médias n'aura pourtant guère emporté le succès escompté : sondage après sondage (IFOP, BVA), la population reste majoritairement favorable à une révision en profondeur de la loi travail, 66 % des ouvriers en demandant le retrait pur et simple (IFOP, 29 mai 2016).
De plus, le bon accueil que réserve la population aux militants engagés contre la loi « travail » devrait interpeller le gouvernement qui, chaque jour, semble un peu plus coupé de la réalité et des préoccupations des Français. Fin mai, l'intersyndicale a décidé de lancer une votation citoyenne sur le projet de loi « travail » « pour élargir le mouvement, pour que tout le monde puisse s’exprimer et pour montrer plus largement au gouvernement l’insatisfaction des salariés, des étudiants et des citoyens en général », avait alors expliqué Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur France Info. L'objectif est atteint.
Au 10 juin, 700 lieux de votation citoyenne étaient recensés et l'engouement pour l'initiative ne se dément pas. Que ce soit dans les entreprises ou les lieux publics (marchés, rues aux heures des repas, etc.) où elle est organisée, les syndicalistes rencontrent massivement la sympathie de la population. Celle-ci se manifeste également à travers le succès remporté par l'appel à la solidarité financière en faveur des grévistes lancé à la fois par la CGT en tant que confédération et par des fédérations via une plateforme Internet.
Après la mobilisation 2.0 qui avait marqué le début du mouvement (pétition en ligne – avec l'appui de syndicalistes CGT – qui avait récolté plus de 1 million de signatures ; vidéos de youtubers…), ces formes d'action viennent renforcer un mouvement qui s'inscrit dans la durée.
À l'inverse de ce qu'anticipent les observateurs qui pointent la faiblesse des mobilisations par rapport à celles de 2010 (plus 3 millions de manifestants « pour une autre réforme des retraites »), le mouvement, loin de s'essouffler, pourrait bien être en train de s'ancrer jusqu'à obtenir satisfaction (le retrait de la loi El Khomri, inacceptable en l'état).
Neuvième manifestation intersyndicale d'une mobilisation qui dure depuis maintenant quatre mois, ce 14 juin s'annonce « énorme », a prévenu Philippe Martinez. Temps fort de cette journée, la manifestation nationale organisée à Paris sera accompagnée de manifestations dans les villes de province. Ainsi, et en dépit, des patrons de compagnies d'autocars « qui ne veulent pas mettre à disposition des cars pour les manifs (…), nous avons recensé en région parisienne plus de 450 cars qui vont venir à Paris », a indiqué Philippe Martinez.
De plus, environ 350 autocars en provenance de province sont prévus pour acheminer les manifestants dans la capitale.
Dans son communiqué, l'intersyndicale prévoit d'ores et déjà des suites à cette journée du 14 juin : le 23, jour du vote du projet de loi El Khomri par le Sénat (qui actuellement l'examine), des mobilisations (grèves, conférences de presse, rassemblements, interpellations de parlementaires, etc.) seront organisées de même que des actions le 28 juin, pour la remise de la votation citoyenne auprès des préfectures et de la présidence de la République.
À la veille de la manifestation, le climat social restait tendu et rien n'indiquait un quelconque essoufflement du mouvement mais plutôt des actions qui se relaient : si la grève a été suspendue à la raffinerie Total de Normandie, celle-ci se poursuit à la SNCF, le blocage de la principale usine d'incinération d'Île-de-France, à Ivry-sur-Seine, a été reconduit, les pilotes d'Air France ont maintenu leur préavis de grève, à Bordeaux la grève illimitée des transports a été votée, etc.
Par ailleurs, rien ne laisse entrevoir qu'en ce 14 juin, les forces de l'ordre relâcheront la pression mise sur les manifestants depuis le début du mouvement. Quitte à procéder à des interpellations arbitraires de militants et à faire des blessés. Les lacrymogènes seront probablement à l'œuvre en fin de manifestation face à une jeunesse qui, pour une partie d'entre elle, cherche à en découdre. Le tout, filmé en permanence et diffusé en direct sur les réseaux sociaux, envenime le climat social.
Si jusqu'à présent, de rares syndicalistes CFDT et Unsa rejoignaient discrètement les manifestations, il semblerait qu'ils soient désormais prêts à le faire, localement, de façon un peu plus ouverte. Il faut dire que la communication de Myriam El Khomri et de ses supporters vient d'être dynamitée par François Hommeril, le nouveau président de la CFE-CGC.
Lors d'un entretien avec la ministre du Travail, il lui a indiqué que son syndicat s'oppose au fameux article 2 du projet de loi, celui-là même qui introduit l'inversion de hiérarchie des normes (primauté de l'accord d'entreprise sur l'accord de branche).
« Nous représentons des cadres très bien formés qui lisent toutes les revues, argumente François Hommeril (cité par Marianne). Or ils sont convaincus que toutes ces réformes d'inspiration néolibérale n'ont aucun effet bénéfique sur le marché du travail. »
Il a également pointé le risque de dumping social que porte en germe le projet de loi pour les sous-traitants, notamment dans le secteur services. Bref, d'un coup, le discours bien huilé opposant syndicats dits « réformistes » et « contestataires » s'est définitivement grippé.
Certes, la CFE-CGC n'appelle pas à manifester ce 14 juin (ses militants rejoignant également peu à peu les manifestations), mais elle a annoncé qu'elle pourrait durcir sa position d'ici au 23 si elle n'obtient pas d'avancée sur ses propositions.
Par ailleurs, l'agenda de Myriam El Khomri annonce que, le 17 juin à 8 h, elle rencontrera Philippe Martinez. Cela après des semaines de silence de la part de François Hollande, auprès de qui la CGT avait demandé, en vain, une entrevue.
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