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AZF

15 ans après, n’effacez pas leurs traces !

31 octobre 2017 | Mise à jour le 6 novembre 2017
Par | Photo(s) : AFP /
La cour d'appel de Paris rend, mardi 31 octobre, son arrêt à propos des responsabilités sur la catastrophe industrielle AZF qui frappait Toulouse le 21 septembre 2001. Quelle que soit sa décision, elle n'effacera ni le crime ni les préjudices.
Dernière minute : L'ex-directeur d'AZF et la société exploitante ont été condamnés pour homicide involontaire (voir notre article)

« Le temps passe et rien ne change… » Philippe Saunier ne s'avance pas sur le contenu de la décision de la cour d'appel. L'ancien salarié de Total, à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, préfère parler des enseignements qu'il tire sur le fond de la procédure : « La situation aujourd'hui est pire que celle de 2001, explique le retraité, qui est aussi l'un des animateurs du collectif Santé, Travail, Environnement au sein de la Fédération Chimie. Le procès AZF reste le procès de la sous-traitance et de la déréglementation ; or le recours au personnel sans statut et à la précarité continue. Sans parler de la volonté de diluer le contenu des droits du travail et de l'environnement, ou de réduire le droit d'expression des salariés.  »

Un crime contre la santé et la sécurité au travail

Philippe Saunier évoque le chargement des wagons de styrène dans l'usine Total de Normandie, désormais confié à la sous-traitance. Il rappelle le contenu des ordonnances Macron : elles prévoient, avec la création d'une instance unique, la disparition des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). « Les raisons de l'explosion du hangar 221, le 21 septembre 2001, à Toulouse, sont pourtant tragiquement simples, ajoute celui qui représente la CGT au procès au côté des autres parties civiles. Je parle bien ici de la sous-traitance et d'une addition de méconnaissances des risques, tout au long de la chaîne des règlements relatifs aux produits non conformes. »

Total pèse depuis 16 ans de tout son poids pour masquer sa responsabilité et s'exonérer de toute sanction. L'entreprise veut gagner la bataille à l'usure. Pour elle, d'abord : la portée politique de la décision qui sera rendue risque d'être minorée, et la mémoire collective, de la plus grande catastrophe industrielle depuis 1945, perdue ou oubliée. « Même si la catastrophe d'AZF porte, entre les années 2001 et 2009, un coup d'arrêt au recours à la sous-traitance et à la réduction des moyens de secours, admet Philippe Saunier, tout se passe comme si elle n'avait pas existé. »

 

15 ans de procédure

  • 2009, premier procès. Le tribunal correctionnel relaxe le directeur, Serge Biechlin, et Grande Paroisse « au bénéfice du doute ». Le Parquet fait appel.
  • 2012, procès en appel. Serge Biechlin est condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, et 45 000 euros d'amende ; Grande Paroisse à 225 000 euros d'amende.
  • 13 janvier 2015, la chambre criminelle de la Cour de cassation casse l'arrêt de Toulouse. Le dossier est confié à la cour d'appel de Paris pour un nouveau procès.
  • 2017, second procès en appel.

La catastrophe AZF en quelques chiffres

  • 10 décès de salariés chez Grande Paroisse
  • 12 décès de salariés sous-traitants
  • 8 décès dans la population, principalement dans les usines avoisinantes
  • Plus de 11 000 dommages corporels recensés
  • Fermeture de l'usine Grande Paroisse
  • 59 écoles endommagées
  • 55 000 logements touchés