L’ex-directeur et l’entreprise condamnés pour homicide involontaire
La Cour d’appel de Paris a condamné l’ancien directeur de l’usine chimique AZF. Lire la suite
« Le temps passe et rien ne change… » Philippe Saunier ne s'avance pas sur le contenu de la décision de la cour d'appel. L'ancien salarié de Total, à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, préfère parler des enseignements qu'il tire sur le fond de la procédure : « La situation aujourd'hui est pire que celle de 2001, explique le retraité, qui est aussi l'un des animateurs du collectif Santé, Travail, Environnement au sein de la Fédération Chimie. Le procès AZF reste le procès de la sous-traitance et de la déréglementation ; or le recours au personnel sans statut et à la précarité continue. Sans parler de la volonté de diluer le contenu des droits du travail et de l'environnement, ou de réduire le droit d'expression des salariés. »
Philippe Saunier évoque le chargement des wagons de styrène dans l'usine Total de Normandie, désormais confié à la sous-traitance. Il rappelle le contenu des ordonnances Macron : elles prévoient, avec la création d'une instance unique, la disparition des comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). « Les raisons de l'explosion du hangar 221, le 21 septembre 2001, à Toulouse, sont pourtant tragiquement simples, ajoute celui qui représente la CGT au procès au côté des autres parties civiles. Je parle bien ici de la sous-traitance et d'une addition de méconnaissances des risques, tout au long de la chaîne des règlements relatifs aux produits non conformes. »
Total pèse depuis 16 ans de tout son poids pour masquer sa responsabilité et s'exonérer de toute sanction. L'entreprise veut gagner la bataille à l'usure. Pour elle, d'abord : la portée politique de la décision qui sera rendue risque d'être minorée, et la mémoire collective, de la plus grande catastrophe industrielle depuis 1945, perdue ou oubliée. « Même si la catastrophe d'AZF porte, entre les années 2001 et 2009, un coup d'arrêt au recours à la sous-traitance et à la réduction des moyens de secours, admet Philippe Saunier, tout se passe comme si elle n'avait pas existé. »
15 ans de procédure
|
La catastrophe AZF en quelques chiffres
|