2015, année tragique – partie 1
Qui s’en étonnera ? Selon un sondage Odoxa, pour Aujourd’hui en France/Le Parisien publié dimanche 27 décembre, 81 % des Français ont jugé « mauvaise » l’année 2015.... Lire la suite
Suite de notre article d'hier sur la rétrospective de l'année : 2015, année tragique – partie 1
« Il n'y a pas d'alternative. »
Tel était le credo de Margaret Thatcher dans le Royaume-Uni des années 1980. Tel semble aussi celui du gouvernement français qui poursuit les politiques de ses prédécesseurs, avec les mêmes effets. Et dont le premier ministre revendique même une possible alliance avec certains de ses prédécesseurs ou leurs représentants.
L'aveu est de taille. Celui de la pérennité des mêmes politiques dans le reniement assumé des promesses de changement. Celui du refus d'une alternative aux politiques exigées par le Medef. On comprend mieux que le « contexte de guerre » que met en exergue le premier ministre serve de prétexte à la révocation des valeurs dont son gouvernement est censé se prévaloir…
Selon Manuel Valls, « à partir du niveau très élevé du FN, chacun doit réfléchir à comment droite et gauche peuvent avancer ensemble ». L'histoire enseigne pourtant, comme les dernières élections de 2015 l'ont rappelé, que ce sont bien les politiques d'inégalité, de montée de la pauvreté et de l'exclusion, d'absence de perspectives individuelle et collective… qui contribuent à l'audience et à l'enracinement de l'extrême droite et de ses thèses.
Car elle sait prétendre parler au nom des « sans » – sans travail, sans voix – et présenter le tableau d'une société non pas minée par ceux qui profitent, dans les paradis fiscaux, des richesses produites par le travail, mais divisée entre les Français de souche et ceux qui, migrant aujourd'hui ou issus de migrations anciennes, profiteraient des largesses du pays.
Elle sait alors proposer contre les identités de classe l'illusion mortifère d'identités nationales et de clochers. Le renoncement au changement promis s'avère donc non seulement injuste socialement et inefficace économiquement, mais aussi dangereux pour la démocratie et l'avenir de la société.
Ce qui se joue dans toute l'Europe, avec l'intensification de politiques d'austérité, de mise à mal des systèmes de protection sociale et des droits des salariés, le démontre. D'un côté, la montée des extrêmes droites. De l'autre, des peuples qui résistent, en dépit des contraintes et des pressions, aux exigences de la troïka. Comme en Grèce, en Espagne, notamment…
Face à de tels défis en tout cas, la CGT propose de refuser de renoncer. De refuser de renoncer au progrès social, condition à la fois de la paix et de la relance économique. Face à l'urgence économique, sociale et démocratique, elle invite aux mobilisations conjointes pour toujours plus de solidarité, de liberté, d'égalité, de fraternité, et pour gagner, ensemble, l'égalité des droits, et un « développement humain, durable ».
Ayant célébré en 2015, ses 120 ans d'existence, de luttes, de débats, de solidarités, préparant en 2016 son 51e congrès, elle souhaite à tous une année engagée, solidaire et offensive.
L'image du petit Aylan, gisant sur une plage de Turquie, a fait le tour du monde. L'enfant syrien est mort noyé dans le naufrage d'une embarcation de migrants. L'horreur subie par des centaines de millions de femmes et d'hommes cherchant refuge loin des guerres, soudain, prenait les traits d'un enfant de trois ans.
En 2015, le nombre record de 250 millions de migrants à travers le monde devrait être atteint. Mais contrairement à des idées reçues, les pays riches ou développés accueillent davantage de migrants d'autres pays riches ou développés que de pays pauvres ; quant aux réfugiés, ce sont surtout les pays voisins qui les accueillent, comme c'est le cas du Liban, de la Jordanie, ou de la Turquie pour les réfugiés syriens.
Seuls à peine plus d'un million de migrants sont arrivés par la mer en Europe en 2015, selon le Haut-commissariat pour les réfugiés (agence de l'ONU). Plus de 3 700 ont péri cette année en Méditerranée. 84 % d'entre eux viennent de dix pays, ceux qui fuient les bombardements et la terreur en Syrie étant les plus nombreux (49 %) ; suivent les réfugiés d'Afghanistan (21 %) et d'Irak (8 %). Plus de 840 000 sont arrivés sur les côtes grecques, et plus de 150 000 sur les côtes italiennes. Le quart d'entre eux étaient des enfants.
Pourtant, l'Union européenne ne parvient pas à se mettre d'accord sur leur accueil. Au-delà du droit d'asile lui-même, l'Allemagne a compris que sa démographie devait l'inciter à accueillir ceux qui remplaceront une main d'œuvre manquante et contribueront à financer la protection sociale et les retraites. Paris avance des chiffres dérisoires (20 000 réfugiés susceptibles d'être accueillis). D'autres, comme la Hongrie, érigent murs et barbelés. Le Danemark va même jusqu'à vouloir confisquer le peu d'argent et de bijoux que les réfugiés auraient pu sauver et amener avec eux.
Reste que l'Europe l'a compris : les conséquences des guerres, auxquelles certains États participent, de l'autre côté de la Méditerranée, ne seront pas contenues par une illusion de forteresse.
De son côté, la confédération européenne des syndicats plaide en faveur de l'inclusion et de l'intégration des réfugiés dans la société, particulièrement sur les lieux de travail ; elle encourage la Commission européenne à développer des politiques d'asile effectives partout en Europe.
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