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MÉTIERS

24 heures avec Bastien Morin, psychomotricien

14 août 2017 | Mise à jour le 17 juillet 2017
Par | Photo(s) : Thierry Nectoux
24 heures avec Bastien Morin, psychomotricien

Bastien, psychomotricien a l'Hôpital gériatrique Pierre Garraud de Lyon.

À l'hôpital, il vient en aide aux personnes âgées fragilisées afin qu'elles retrouvent aisance gestuelle et autonomie en mobilisant leurs sens. Une profession paramédicale à forte implication humaine.

Bastien  s'annonce  en  toquant à la porte entrouverte. « Comment allez-vous aujourd'hui ? », demande  le  psychomotricien.  Le  patient allongé sur son lit d'hôpital a la mine des mauvais jours. Après l'avoir aidé à se tourner sur le côté, Bastien balade une balle à picots sur son dos pour tester ses sensations, avant de l'examiner du plat de la main. « Comment vous vous sentez dans votre corps, dans les jambes ? », l'interroge le praticien. « Pas terrible, agacé », répond le  grabataire.  Au  fil  de  la  séance,  le monsieur  commence  à  se  détendre. « Ce patient se dépréciait beaucoup au début, note Bastien. Lors des premiers entretiens, on apprend à les connaître pour pouvoir les aider en fonction de ce qu'ils vivent psychiquement, de leur histoire et de leur environnement affectif. »

Psychomotricien  à  l'hôpital gériatrique Pierre Garraud de Lyon, Bastien  intervient  sur  prescription médicale auprès de patients âgés, fragilisés après une chute ou une opération invalidante.  « Souvent,  ils  ont  perdu leur schéma-moteur et ne parviennent plus à se mettre debout, avec une tendance à se tenir en arrière à cause de l'angoisse de la chute. » Pour les réconcilier avec leur corps, le thérapeute propose aux patients des séances de rééducation motrice en prenant en compte  leur  état  psychique.  « Je  ne peux plus marcher, qu'est-ce je deviens ? Cela  renvoie  à  qui  je  suis,  relève Bastien.  Les  personnes  âgées  arrivent à  l'hôpital  avec  des  questionnements identitaires. Certains se referment, car ils ne se reconnaissent plus. » Un nonagénaire soupire dans son fauteuil. « J'étais fort, je ne le suis plus. » Depuis sa chute, il ne parvient plus à se lever. Bastien, mains sous ses aisselles pour le soutenir, l'invite à pousser sur ses pieds. « Pour l'instant, on ne se lève pas, on essaie juste de se mettre en avant », l'encourage-t-il.

« Ce qui est gratifiant, c'est de voir l'évolution des patients, le retour vers l'autonomie, le fait qu'ils se réapproprient les choses. »

Chambre  suivante. Le praticien invite une dame à respirer pour se détendre. « Laissez reposer l'épaule, comme si elle se confiait ». Le jeune homme utilise des techniques de relaxation et d'induction verbale. « Je  les  aide  à  gérer  des  manifestations  corporelles, comme des sensations d'étaux. En donnant une représentation à un vécu inconfortable, on peut changer le rapport à la douleur. » « Vous me faites du bien », sourit la dame. Les séances durent entre trois quarts d'heure et une heure environ. « Un temps nécessaire, estime le jeune psychomot', qui porte la  blouse  depuis  neuf  ans.  C'est  gratifiant de  voir  l'évolution  des  patients,  le  retour  vers  l'autonomie,  le  fait  qu'ils se  réapproprient  les  choses. »  Cet  après-midi,  il  accompagnera  une  dame dans  le  jardin  de  l'hôpital.  Sa  première  sortie  au  grand  air,  trois  semaines  après  son  opération.

 

RepèresLe psychomotricien est un professionnel de santé paramédical. Il dispose d'un diplôme d'État au terme de trois années de formation après le bac. Afin de soigner les troubles psychomoteurs, il peut proposer des activités d'expression (peinture, danse…), des jeux symboliques, de la relaxation (induction verbale, toucher thérapeutique…), des activités de stimulation sensorielle ou rythmique. Le psychomotricien intervient auprès des publics de tout âge, des bébés aux personnes âgées.

Article paru dans Ensemble ! de février 2017