Georges Séguy nous manque déjà
À peine revenu de l'enfer de Mauthausen, embauché à la SNCF, il adhère à la CGT où ses camarades lui confient des responsabilités. Dirigeant national du Parti communiste français à partir de 1954, c'est en 1967, au 36e congrès, qu'il est élu secrétaire général de la CGT. Il marque sa fonction par sa clairvoyance politique, son sens aigu de la synthèse, ses répliques cinglantes souvent pleines d'humour.
Attaché à l'unité de la classe ouvrière, il veille à tenir compte, dans l'activité CGT, des évolutions socioprofessionnelles et de celles des process de travail. Il ne renonce pas à l'unité syndicale, estimant que la division fondée sur une différence idéologique est cause de désaffection. Il plaide pour plus de démocratie dans la CGT, pensant ainsi renforcer son indépendance.
En 1982, il quitte le secrétariat général de la CGT et fonde l'Institut d'histoire sociale. Il y œuvre pour un travail rigoureux, refusant une histoire officielle ou instrumentalisée. Il ouvre les portes aux historiens.
Les profondes modifications auxquelles il aspirait pour la CGT ont mis du temps à se concrétiser. Mais, en dépit d'un contexte marqué par les crises, il a su mettre la CGT sur le chemin des évolutions. Pour un syndicat « novateur, audacieux, conquérant » auquel il tenait tant.
Dirigeant historique, Georges Séguy était aussi un camarade chaleureux, fraternel, aimant à rire et à chanter. Il nous manque déjà.
Élyane Bressol, présidente de l'Institut CGT d'histoire sociale
Paru dans Ensemble N°90/Septembre 2016