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CINÉMA

Quand la lutte infuse

22 mars 2017 | Mise à jour le 24 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Quand la lutte infuse

Après avoir réalisé en 2011 « Pot de thé/Pot de fer », Claude Hirsch n'a pas lâché « les Fralib » d'une semelle. En 2015, il signait 1336 jours, des hauts, débats mais debout pour continuer à témoigner d'une exemplaire, mais complexe, lutte d'émancipation ouvrière.

De septembre 2010 à août 2014, les salariés de l'usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône) ont vécu une sacrée aventure, avec des rebondissements dont ils se seraient bien passés. « Pas assez rentable », tel est le verdict de la multinationale agroalimentaire Unilever concernant l'entreprise, qui produit et conditionne les thés et infusions Lipton et Éléphant à Gémenos.

Afin de maximiser ses profits et continuer à arroser ses actionnaires de dividendes à deux chiffres, la multinationale entend alors délocaliser en Belgique et surtout en Pologne, en licenciant 182 salariés sans état d'âme. On ose même leur proposer de s'exiler à Katowice, à l'ouest de Cracovie, pour un salaire mensuel… de 500 € !

Mais les salariés, leurs syndicats et leurs avocats ne l'entendent pas de cette oreille : de haute lutte, et au prix d'un travail syndical et juridique intense, trois plans sociaux successifs seront annulés.

Tentative de déménager les machines, appel à des vigiles et vieille stratégie du « diviser pour régner » en proposant des transactions individuelles qu'accepteront 78 salariés, les méthodes patronales sont connues…

En réponse, des occupations successives de l'usine, le blocage de la plateforme logistique, la convergence des luttes avec d'autres entreprises, l'organisation de la solidarité, la mobilisation médiatique ainsi que des actions en justice et auprès du gouvernement sont menés simultanément.

Avec un travail incessant d'explication de la part des représentants syndicaux pour faire comprendre à chacun que, s'il y a clairement ceux qui luttent et ceux qui sont spectateurs, les salariés sauront s'en souvenir. Sans esprit revanchard, mais parce que la confiance entre collègues, si elle n'est pas suffisante, est indispensable pour mener à bien un tel combat et tenter de bâtir un projet durable.

 

C'est sans doute cet aspect pédagogique qui fait la force de 1336 jours, et que la caméra discrète de Claude Hirsch montre avec justesse en donnant encore et toujours la parole aux salariés engagés dans ce conflit complexe, long et parfois déstabilisant.

Dans une lutte d'une telle durée, d'autres éléments sont intervenus pour peser sur les négociations. Pour les Fralib, ce sera l'élection présidentielle de 2012 avec leur projet de reprendre l'entreprise en SCOP, la solidarité de collectivités locales qui se révélera décisive car elle permettra aux salariés de tenir, mais aussi la reprise des locaux, la cession des machines pour un franc symbolique et, finalement, en août 2014, la création de la Société coopérative ouvrière provençale-Thés et infusions (SCOP-TI).

À lire :

Fralibres ! 1336 jours de luttes, de Gérard Cazorla, Charles Hoareau, Freddy Huck et Olivier Leberquier. Éditions Le temps des cerises, 300 pages, 22 €.

La marque des thés  de la Scop-TI : www.1336.fr

 

À retrouver : 

Les Fralib sur le site de la CGT Unilever France