15 juin 2017 | Mise à jour le 15 juin 2017
Certes, le marché de l'habillement traverse une passe difficile. Mais la crise chez Tati ou La Halle aux vêtements est aussi l'échec de stratégies financières et commerciales.
MiM liquidé et 800 salariés avec, en avril ; Tati placé en redressement judiciaire, début mai, comme l'ensemble du groupe Agora Distribution (Fabio Lucci, Giga Store…), propriété d'Eram ; Vivarte et sa filiale La Halle aux vêtements sous le coup de deux nouveaux plans sociaux, après avoir supprimé 1 800 emplois en deux ans… Tout porte à croire que la filière de l'habillement français va mal, en particulier le segment de l'entrée de gamme. La faute à la conjoncture, à la météo et à une concurrence très forte qui orienterait le marché à la baisse, clament en chœur les directions de ces groupes. Sur le terrain, les salariés pointent aussi d'autres causes : des errements stratégiques, des malversations financières, l'abandon du conseil à la vente, la fermeture de magasins au nom d'une logique purement financière. Pour preuve, la santé affichée par certains de leurs rivaux, à commencer par l'Irlandais Primark ou le Français Kiabi, positionnés, eux aussi, sur les vêtements à bas coûts.
Le 19 juin, le tribunal de commerce de Bobigny (93) se prononcera sur les offres des candidats à la reprise de Tati (115 magasins, 1 314 salariés). Pour Hakima, déléguée CGT à Lille, la marque paye clairement des erreurs de positionnement. Notamment pour avoir voulu investir le moyen de gamme. « Quand on vient chez Tati, c'est pour réaliser des affaires. Là, non seulement, on n'a pas eu la clientèle escomptée, mais on a perdu nos anciens clients. » Violaine, vendeuse à Meaux, souligne, quant à elle, l'absence de réactivité de l'enseigne : « Primark renouvelle ses collections tous les quinze jours. Nous, on en a une par saison, et basta ! » Le même type d'erreur a précipité la chute de la Halle aux vêtements (250 magasins fermés sur 600). Ciblant une clientèle plus rentable que les classes populaires, l'enseigne a fait valser les étiquettes. Les produits restant les mêmes. Le chaland n'étant pas tombé dans le panneau, le groupe a tenté de faire machine arrière. Las, Kiabi et Primark avaient entre-temps pris les positions délaissées. « Les perspectives sont d'autant plus sombres, affirme Karim Cheboub, coordinateur CGT pour le groupe, que les cinq directeurs qui se sont succédé depuis quatre ans ont à peine développé la vente sur Internet, et Vivarte est plombé par une dette de deux milliards d'euros. »
5,7 millions C'est, en euros, le montant de la dette que le groupe Tati aurait cumulé en trois mois, entraînant sa cessation de paiement. Sauf que, comme l'ont relevé les représentants des salariés, la direction affirmait un mois plus tôt que la marque n'avait plus de dette.