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La vie quotidienne d'une caserne de pompiers du sud de la France est bousculée par l'arrivée d'une adjudante-chef. Le dernier film de Pierre Jolivet est une chronique ultraréaliste laquelle, derrière le rêve de gosse, révèle un métier passionnant et risqué, un engagement coûteux, des vies souvent disloquées.
Arrivé sur les écrans au début de l'été, Les hommes du feu s'impose comme un film de saison. À nouveau, cette année, des incendies ont dévasté des hectares de pinèdes, au Portugal et dans le sud de l'Espagne. Quand Pierre Jolivet prend sa caméra à l'épaule pour filmer le quotidien d'une caserne de pompiers de l'Aude, ce n'est pas pour présenter du spectaculaire ou du sensationnel. Au contraire, sans nier la beauté morbide d'un feu de forêt, il disqualifie finement le geste de l'éventuel incendiaire. Et comme le concluent le film, « Le feu c'est beau… De loin ».
Un métier entre risques quotidien et fierté
Ce que montre de très près le cinéaste, c'est la réalité quotidienne d'un métier entre risques et fierté, les coulisses d'un milieu où le dévouement est aussi présent que le machisme, où l'honneur n'évite pas forcément les ambitions. Ainsi, quand l'adjudante-chef Bénédicte débarque dans cette caserne de pompiers, sa présence de femme, la seule, renvoie cette petite communauté à ses contradictions. Elle embarque le spectateur dans ses interventions avec le regard quasi-documentaire du cinéaste : il s'agit de désincarcérer une accidentée de la route, de découvrir et décrocher une future mariée pendue sur son balcon, de sauver une victime des coups de la violence familiale, d'éteindre un feu à l'appétit féroce ou un autre encore, celui d'un bus dans une banlieue embrasée, dans tous les sens du terme, de faire accoucher une femme sans-papiers sur la route de l'hôpital, de tenter, vainement, de sauver une enfant de cinq ans après l'avoir maintenue en vie pendant une heure…
Jolivet filme tout cela à hauteur d'homme, sans effet inutile. On pense inévitablement à L627 de Bertrand Tavernier (1992) qui mettait en scène la vie d'une brigade des stups parisienne au plus près du réel. Une espèce de chronique à l'état brut.
Des histoires de vies
La tension presque physique des scènes d'action se suffit à elle-même et alterne avec des séquences plus intimes où ces héros du quotidien, loin d'être traités comme des super-héros, se révèlent simplement comme des hommes et des femmes avec leur tendresse et leurs lâchetés. Quel que soit leur statut (volontaire ou professionnel), leurs horaires décalés en font souvent des conjoints absents, fatigués, qui ont du mal à concilier leur engagement avec une vie familiale stable. Le capitaine Philippe est divorcé et père d'une adolescente, Bénédicte, elle – qui a un petit garçon – est en passe de l'être aussi. De l'idylle naissante entre ces deux-là, le scénario a la pudeur et l'élégance de ne rien montrer d'autre que des regards interdits.
Le film impose et confirme – s'il le fallait – deux des plus grands acteurs de leur génération : Roschdy Zem (Indigènes de Jamel Debouzze) et Emilie Dequenne (Pas son genre, Chez Nous de Lucas Belvaux) sont impeccables dans l'incarnation de leurs personnages. Ils réussissent à donner une envergure supplémentaire à une chronique sociale et sociétale fort bien documentée. Et nous embarquent dans le camion des pompiers au plus près de la vie dans tous ses états.
Les hommes du feuréalisé par Pierre Jolivet.
Sortie nationale le 5 juillet. 1 h 30.
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