14 décembre 2017 | Mise à jour le 14 décembre 2017
Après 45 jours de grève, les agents des six bureaux de Poste du secteur de Ris-Orangis (Évry, Courcouronnes, Bondoufle, Ris) sont à bout de nerfs. Mais déterminés à poursuivre le mouvement.
Enfin reçue, mercredi 13 décembre, par le directeur régional de La Poste, qui a fait le déplacement jusqu'à Évry pour ouvrir une discussion, l'intersyndicale CGT-Sud en ressort les mains vides, sans aucune proposition de sortie de conflit. Mais avec deux certitudes : la première, c'est que La Poste fait le pari, loin d'être gagné, de l'essoufflement de la grève. Et de fait, après 46 jours de mobilisation, de manifestations, de rassemblements, d'assemblées générales quotidiennes et de tensions en tous genres, les grévistes ne cachent pas leur épuisement. Mais ils tiennent bon.
Deuxième certitude, que l'assemblée générale des personnels du jour vient de confirmer, c'est qu'il ne sera pas possible de reprendre le travail dans les conditions d'organisation horaires imposées par La Poste depuis septembre, qui sont au cœur de ce conflit social. En effet, le plan de réorganisation a amputé ces six bureaux de Poste de près de la moitié de leurs créneaux d'ouverture au public et de diverses activités pourtant nécessaires aux usagers, telles que les instances (courriers recommandés, colis) qui sont progressivement transférées vers les petits commerces urbains.
« Le but poursuivi par la direction de La Poste crève les yeux, c'est d'organiser, à terme, la fermeture totale des bureaux de Poste en habituant progressivement les usagers à aller voir ailleurs », analyse Éric Fayat, secrétaire de SUD Poste 91. Or, cette stratégie de La Poste pose une question centrale : celle du devenir du service public postal dû aux usagers.
Le mantra de la rentabilité
En l'occurrence, celle de l'abandon de cette mission de service public au profit… de la recherche de profits. Pour justifier les fermetures de créneaux horaires et le transfert d'activités vers les commerces du secteur privé, La Poste avance en effet la recherche de rentabilité de ses activités. Ce même mantra de la « rentabilité » est d'ailleurs répété à l'envi depuis des années dans tous les secteurs publics (santé, université, énergie, transports…) en cours de démantèlement et de privatisation.
Or, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la transformation du service public postal se heurte — comme ce fut le cas tristement célèbre de France Télécom se muant en Orange — à ces mêmes écueils que le calcul du profit ignore : le facteur humain. Un rapport d'expertise commandité par le CHSCT de La Poste Essonne vient pourtant de le rappeler. Il alerte la direction de La Poste de risques graves pour les employés liés à cette réorganisation des activités. « Il faut prendre la mesure de leur indifférence, non seulement aux conditions de travail et de santé des personnels, mais aussi aux besoins des usagers qui, depuis 45 jours, n'ont plus accès aux instances et, pire, à aucune activité bancaire sur le secteur de Ris-Orangis, mais La Poste s'en fout royalement ! » s'indigne le syndicaliste.
Joker
Convoqués en assemblée générale par l'intersyndicale CGT-SUD, les grévistes ont unanimement voté la poursuite du mouvement. Et ce, malgré l'épuisement général et l'absence de perspectives de sortie de conflit apportées par la direction régionale lors de la réunion du 13 décembre. Contre toute attente, cette fausse négociation, loin de les résigner à reprendre le travail, aura convaincu les grévistes de la justesse de leur combat et de la nécessité de le mener jusqu'au bout. Dont acte pour le directeur régional qui, face à cette détermination, a fini par dégainer un joker : la proposition d'une nouvelle réunion, plus sérieuse cette fois-ci, avec des membres de la direction nationale de La Poste.
Elle se tiendra vendredi 15 décembre sur cette base revendicative : le retrait total de la nouvelle organisation du travail et un nouveau calendrier de négociations. La balle est désormais dans le camp de la direction.